©LUDOVIC MARIN / AFP
Politique

Les tops et flops du gouvernement sur le front de l'écologie en 2019

L'été dernier, un rapport du Haut conseil pour le climat invitait la France à revoir sa politique climatique : "objectif ambitieux" mais "actions insuffisantes", disait-il. Alors concrètement, qu'est-ce qui a changé en 2019 sur le front de l'écologie ?

"2020 sera l'année où un nouveau modèle écologique doit se déployer", dixit le président, souhaitant à tous les Français une belle année 2020. Lors de la traditionnelle allocution des vœux présidentiels du réveillon, Emmanuel Macron n'a pas omis le brûlant sujet de l'écologie dans son discours. "Nombre de décisions ont été prises en la matière, a-t-il affirmé. Fermer les centrales à charbon, arrêter les nouveaux forages... Et je ne citerai pas tout ici."

Loi d'orientation des mobilités, loi sur l'économie circulaire, chasse au plastique, consigne... Les questions écologiques se sont sans aucun doute frayé un chemin dans le débat politique en 2019, faisant la part belle de la politique macroniste. En théorie.

Mais en pratique, qu'a accompli le gouvernement ?

L'arrêt immédiat de la pêche électrique

En février dernier, le Parlement européen s'est entendu pour interdire la pêche électrique dans les eaux territoriales dès... 2021. Dans l'Hexagone, ni une ni deux le gouvernement a dégainé l'arme de l'anticipation : le jour même, le ministère de l'Agriculture a fièrement annoncé le lancement immédiat d'une procédure d'interdiction dans les eaux françaises, devançant la décision européenne. 

Chose promise, chose due puisque quelques mois plus tard, le gouvernement faisait savoir par le biais d'un communiqué que le règlement européen du 25 juillet 2019 qui "met fin, à compter du 1er juillet 2021 à la dérogation actuellement en vigueur permettant l’usage du chalut électrique dans les eaux de la mer du Nord" entrait en vigueur "dans les eaux sous souveraineté française à compter du 14 août" de cette année. Désormais, cette technique de pêche controversée est donc proscrite dans l'ensemble des eaux hexagonales.

La chasse au plastique à usage unique

Le sujet a fait des vagues cette année. Après plusieurs mois de tergiversations, de débats, de pour et de contre, de oui et de non, c'est finalement acté. Depuis le 1er janvier 2020, certains produits du quotidien en plastique à usage unique disparaissent progressivement des étals.

Le 27 mars dernier, le Parlement européen validait l'interdiction de certains objets plastiques d'ici 2021 : assiettes, cotons-tiges, pailles, couverts, touillettes, entre autres, n'étaient plus les bienvenus. Sur le sujet, la France se voulait exemplaire : elle annonçait alors vouloir anticiper cette restriction pour l'appliquer dès 2020. Mais c'était sans compter sur le Sénat qui, le 30 janvier, adoptait un amendement dans le cadre de la loi PACTE visant à aligner la mesure sur la décision européenne, soit pour 2021 et non 2020. 

Finalement, après une année de micmac politique sur le sujet, le gouvernement a confirmé en fin d'année sa décision initiale, dès lors inscrite au Journal Officiel faisant suite aux dispositions de la loi EGALIM de 2018 qui allaient déjà en ce sens. Gobelets, assiettes, cotons-tiges sont désormais interdits à la vente et devraient disparaître progressivement du paysage, le temps d'écouler les derniers stocks.

La controverse des distances d'épandage des pesticides

Après des mois de débats, le couperet est tombé et ne ravit pas tout le monde. Alors que depuis le printemps, les maires de France multiplient les arrêtés "anti-pesticides" sur leur territoire, en réponse à cette protestation, le gouvernement a ouvert une consultation publique. La question posée : à quelle distance doit-on limiter l'usage des pesticides depuis les habitations, écoles, bâtiments publics, etc. ? De nombreux répondants - notamment des maires - s'accordaient sur 100, 110, 120 mètres... C'est finalement 5 ou 10 mètres qui ont été retenus par le gouvernement, suivant les recommandations de l'Anses survenues quelques semaines auparavant. Soit, cinq mètres pour les cultures dites basses comme les légumes et céréales et dix mètres pour les cultures hautes, fruitiers ou vignes. 

Tandis que certains ont dénoncé une forme "d'agri-bashing", d'autres le poids des "lobbies agricoles et de l'industrie phytosanitaire", la consultation publique - lancée au mois d'octobre pour un mois - a recueilli plus de 53 000 avis. Avis qui, selon des sources gouvernementales, n'ont fait que confirmer que le "sujet (n'était) pas consensuel".

Le glyphosate, pas encore enterré

En 2018 déjà, le gouvernement avait refusé d'inscrire dans la loi la sortie du glyphosate en 2021. Pourtant, à la fin de l'année précédente, Emmanuel Macron assurait dans un tweet avoir "demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l'utilisation du glyphosate soit interdite en France (...) au plus tard dans trois ans". En 2021, donc.

Mais en début d'année 2019, le président a finalement reculé d'un pas, décrétant que le pays ne parviendrait pas à se passer "à 100 %" de cet herbicide controversé, notamment au motif que "cela tuerait notre agriculture". 

Toutefois, au début du mois de décembre, l'Anses annonçait le retrait de 36 produits à base de glyphosate, soit près de la moitié de ceux disponibles sur le marché français. Sur les 69 produits ayant fait l'objet d'une demande de renouvellement de leur autorisation, "par décision de l'Anses, 36 vont être retirés du marché et ne pourront plus être utilisés à compter de fin 2020, en raison de l'insuffisance ou de l'absence de données scientifiques permettant d'écarter tout risque génotoxique" (susceptible d'endommager l'ADN et de provoquer des mutations génétiques, NDLR), indiquait l'agence par communiqué.

Le ministère de la Transition écologique ou le siège maudit

C'était probablement l'affaire de l'année, faisant du ministère du boulevard Saint-Germain l'un des plus instable de la Cinquième République. Au total depuis sa création en 1971, près de 30 occupants se sont succédés au poste de ministre de l'Environnement.

Dernière affaire en date, le brûlant "De Rugy gate". Le 16 juillet dernier François De Rugy, siégeant à Saint-Germain depuis le départ de Nicolas Hulot à l'été 2018, annonçait sa démission après avoir trempé plusieurs jours auparavant dans une vaste polémique de dépenses excessives et controversées. Suite aux révélations de Mediapart, l'ex-ministre s'est vu reprocher de fastes dîners privés aux frais du contribuable à coups de homards et de grands crus classés. Un feuilleton qui aura duré plusieurs jours avant de se solder par le départ de l'intéressé, s'estimant victime d'un "lynchage médiatique". Une commission d'enquête de l'Assemblée et une plainte contre le journal plus tard, c'est finalement Elisabeth Borne qui a repris le flambeau cet été, assumant désormais la double casquette de ministre des Transports et de la Transition écologique. 

Des repas végétariens dans toutes les cantines françaises

Depuis le mois de novembre, tous les restaurants scolaires proposent au minimum un repas végétarien par semaine à leurs élèves, suivant l'article 24 de la loi alimentation votée en octobre 2018. Les écoles primaires, collèges et lycées, publics ou privés sont concernés, alors qu'a démarré une phase d'expérimentation qui s'étendra sur deux ans, soit jusqu'en 2021. Si ces menus doivent être nécessairement proposés, ils n'ont pas l'obligation d'être imposés aux élèves mais peuvent être simplement présentés comme une option. Enfin, si le texte impose aux établissements de modifier leur carte "au moins une fois par semaine", certaines communes ont déjà adopté la mode végé à raison de plusieurs fois par semaine.  

La convention citoyenne pour le climat, exercice "inédit" du gouvernement

Emmanuel Macron a beaucoup plaidé le caractère "inédit" de ce dispositif. Le lancement de la Convention citoyenne pour le climat, promise en début d'année, s'est ouvert au début du mois d'octobre. 150 personnes ont été tirées au sort, dans un panel de 250 000 numéros de téléphone, avec des critères de représentativité (sexe, âge, catégorie professionnelle, lieu d'habitation...) censés refléter l'ensemble de la population, pour aboutir à une "France en petit". 

Les travaux du collectif, chargé de proposer des mesures contre le réchauffement climatique, devaient initialement s'achever fin janvier au terme des six réunions prévues. Mais alors que d'importants mouvements sociaux secouent actuellement le pays, le gouvernement a choisi de prolonger les réunions jusqu'au mois d'avril 2020. Échéance à laquelle seront présentées les conclusions tirées de ces mois de réflexion.

Montagne d'or : abandon d'un projet controversé en Guyane

C'est un dossier confus et épineux. À entendre le gouvernement, le projet est abandonné. Dans les faits, il est plutôt en pause sur fond de bataille juridique. 

En avril dernier, le Premier ministre Edouard Philippe a confirmé l'abandon du projet de mine industrielle en Guyane, jugé "incompatible avec les exigences de protection de l'environnement". Mais la compagnie Montagne d'or - qui porte le projet éponyme - ne l'entend pas de cette oreille. À la suite de ces déclarations ministérielles, elle a réaffirmé dans un communiqué "sa volonté de mener un dialogue ouvert et constructif avec l'ensemble des parties prenantes à ce dossier en vue de rendre ce projet en Guyane compatible avec les exigences de protection environnementale". La compagnie minière a finalement déposé deux recours devant le tribunal administratif de Cayenne.

Des "objectifs ambitieux" mais des "actions insuffisantes"

Si les questions environnementales se sont sans aucun doute imposées comme l'un des principaux champs de bataille parmi les chantiers du gouvernement, les discussions ont fusé mais les concrétisations ont finalement un peu traîné. À l'image de la création du "Conseil de défense écologique" en réponse notamment à la crise des gilets jaunes amorcée en 2018, ou encore du "Haut conseil pour le climat", instance indépendante créée en novembre 2018 et composée d'experts scientifiques.

Et c'est justement cette dernière qui a rappelé à l'ordre le pays sur ses engagements climatiques en retard. En juin dernier, un rapport du Haut conseil pour le climat invitait la France à revoir sa politique de lutte contre le réchauffement climatique, saluant des "objectifs ambitieux", mais des "actions insuffisantes" et des "dispositifs trop faibles". À suivre en 2020.

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