Elevage de moutons
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Mode et écologie : quelles matières privilégier pour vos pulls d’hiver ?

Avec l’arrivée de l’hiver, vous investirez peut-être dans des pulls épais pour rester au chaud. Mais entre impact écologique de l'industrie textile et bien-être animal, quelle fibre privilégier pour consommer durable ? ID vous aide à faire le tri.

En 2021, l’ADEME estimait que la mode émettait 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre chaque année, plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. Les causes de ce constat ? La surconsommation et le gaspillage, les transports, mais surtout la production textile, souvent très polluante en raison de l'utilisation considérable d'énergie, d'eau et de produits toxiques. À l'approche de l'hiver, ID vous éclaire sur les fibres textiles à privilégier pour investir dans des pulls chauds et durables.

Les matières naturelles 

Le coton biologique 

Si les matières naturelles sont à privilégier, toutes ne sont pour autant pas synonymes d’écologie et de durabilité, loin de là.

Le coton est absorbant, doux, confortable, facile à teindre et peu coûteux, une fibre naturelle parfaite ? Pas vraiment. Fibre textile la plus utilisée dans le monde, le cotonnier est une plante fragile cultivée avec beaucoup d’intrants chimiques. La culture de coton est également très gourmande en eau. Environ 10 000 litres d’eau sont nécessaires pour en produire 1 kg !

Au coton, préférez donc son alternative biologique. Cultivée avec des intrants naturels ou biologiques, la culture de coton bio épuise moins les sols, pollue moins les eaux et n’expose pas ceux qui le travaillent à des produits nocifs pour leur santé. Le coton bio est blanchi à l’eau oxygénée et non au chlore. Bien qu’on ne connaisse pas exactement la consommation en eau de la culture de coton bio, il est établi que les sols biologiques, riches en matière organique, retiennent mieux l'humidité, et que les intrants utilisés nécessitent moins de dilution à l'eau que les intrants chimiques exploités dans la culture conventionnelle.

Le chanvre 

Utilisé à des fins textiles depuis le début de l’humanité, le chanvre a été délaissé au XXe siècle, alors qu'il fut souvent confondu avec son cousin psychotrope, le cannabis. Depuis quelques années, on le voit toutefois réapparaître, plébiscité par les promoteurs du textile durable.

Isolant, respirant, solide, le chanvre est également "la matière naturelle la plus écologique sur le marché du textile, car elle ne pollue ni lors de sa culture ni lors de sa transformation en tissu", selon le site WeDressFair. Cette plante résistante pousse très facilement, comme une mauvaise herbe. Elle n’a pas besoin d'irrigation, et de très peu - voire pas du tout - d'engrais ou de pesticides. La culture du chanvre est également bénéfique pour les sols, permettant d’augmenter de 10 à 20 % les rendements des cultures qui lui succèdent, en faisant un excellent choix pour les rotations de culture. Même s'il ne représente aujourd’hui que 0,25 % des fibres produites mondialement, le développement du chanvre constitue une véritable voie vers un marché du textile plus durable.

Le chanvre est aussi un produit local, la France étant le leader mondial de sa production avec 143 110 tonnes produites en 2021, loin devant son challenger le plus proche, la Chine, qui affiche une production de 72 878 tonnes.

Les fibres animales

Les lainages d'origine animale demeurent les textiles phares des gros pulls d'hiver. Naturels, biodégradables, et résistants au temps, leur transformation nécessite également moins d'énergie que certaines matières synthétiques cherchant à les imiter, telle que l’acrylique, issue du pétrole. À première vue, ils pourraient être considérés comme des matières durables par essence. Cependant, tous les textiles d'origine animale ne se valent pas, que ce soit en termes d'émissions de CO2 et d'intrants chimiques générés par l'élevage, ou de respect du bien-être animal.

La labellisation : un gage de qualité et d’éthique

Afin de garantir une laine de qualité, axée sur la durabilité et le respect du bien-être animal, il est recommandé de se tourner vers des laines biologiques, certifiées par des labels tels que GOTS (Global Organic Textile Standard), la certification Woolmark, ou kbT. Ces distinctions certifient, entre autres, l'interdiction de pratiques allant à l'encontre du bien-être animal, comme le mulesing, qui consiste à retirer une partie de la peau des moutons pour les protéger contre les maladies. Elles permettent également de garantir une gestion durable et responsable des zones d'élevage, ainsi que l'interdiction des traitements hormonaux sur les animaux.

Des laines durables et éthiques : le shetland et l’alpaga

  • Le shetland : Résistante et chaude, cette laine provient des moutons shetlands, une race non modifiée par l'homme, originaire d’Écosse. La laine de ces animaux, généralement élevés dans des fermes familliales, tombe naturellement une fois par an, elle est alors récoltée par brossage.
  • L’alpaga : Proche cousin du lama, l’alpaga est élevé au Pérou ou en Bolivie, dans des zones préservées de l'industrialisation intensive de l'élevage. Il y est tondu une seule fois par an.

À éviter : le mohair, le cachemire ou l’angora

Considérées comme des matières nobles, le mohair, le cachemire, ou l'angora sont pourtant rarement durables et éthiques. Coûteux, ces textiles sont souvent mélangés à des matières synthétiques polluantes et leur production a, en général, peu d’égard pour le bien-être animal.

  • Mohair : En 2018, l'association PETA a diffusé des images de fermes d’élevage de chèvres angoras en Afrique du Sud, d'où provient la moitié du mohair vendu dans le monde. Ces vidéos ont révélé une souffrance animale si intense que de nombreuses entreprises de prêt-à-porter, dont H&M et Zara, se sont engagées à ne plus utiliser ces matières.
  • Angora : L’angora est une fibre textile issue du lapin et produite à 90% en Chine, où les poils sont arrachés à vif sur les animaux. Une pratique également en vigueur en France et dénoncée par l’association One Voice
  • Cachemire : Le cachemire provient de chèvres mongoles. Victime de son succès, sa production a entraîné l'exportation de son bétail vers d'autres régions, avec des conséquences néfastes sur sa santé. L’augmentation de la concurrence dans le secteur a également contribué à l'appauvrissement de ses éleveurs.

Les fibres chimiques

  • Fibres synthétiques : Issues du pétrole, ces fibres, telles que le polyester et l’acrylique, ne sont pas durables. Bien qu’elles puissent émettre moins de CO2 que d’autres fibres lors de leur fabrication, elles ne sont ni biodégradables ni très recyclées et recyclables. Pour garantir la durabilité d'un pull, il est recommandé que celui-ci contienne moins de 20% de matière synthétique.
  • Fibres artificielles : Ces fibres sont dérivées d'une matière naturelle ayant subi une transformation chimique. Le lyocell, fabriqué à base de cellulose de bois, est un exemple de fibre artificielle durable. Biodégradable et recyclé à circuit fermé à 99%, il est réellement écologique lorsqu’il provient d'une forêt gérée durablement, certifiée FSC. Toutefois, pour obtenir une fibre suffisamment épaisse pour constituer un pull, il est souvent mélangé.

Recyclage et seconde main!

Opter pour l'achat de pulls recyclés réduit l'empreinte carbone de la production vestimentaire grâce à l'utilisation de matières premières déjà existantes. De nombreuses polaires, par exemple, sont confectionnées à partir de bouteilles en plastique recyclées. Dans le cas de la seconde main, l'empreinte carbone du vêtement est encore plus minime, car l'économie écologique ne se limite pas à la matière première, elle s'étend également aux coûts de transformation qui sont nuls ou pratiquement nuls.

En fin de compte, pour choisir un pull d'hiver durable, privilégiez les fibres naturelles et animales labellisées, ou orientez-vous vers la seconde main et les matières recyclées. Au-delà du choix de la fibre, l’achat durable est également celui qui adopte une approche réfléchie de la consommation d'un point de vue quantitatif. La sur-production de vêtements sur le marché constitue un défi et selon l’ADEME, le secteur textile pourrait représenter en 2050 "26 % des émissions globales gaz à effet de serre si les tendances actuelles de consommation se poursuivent".

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