Ces petits objets en apparence anodins sont toutefois emblématiques du phénomène de la fast tech.
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Les mini-ventilateurs, une fausse bonne idée pour l’environnement

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En période de canicule, le besoin d’air frais pousse certains à se tourner vers des ventilateurs de poche. Petits, légers et rechargeables, ils sont de plus en plus prisés. Mais leur piètre qualité interroge sur notre rapport à ces objets, qui finissent bien souvent au fond d’une poubelle après un ou deux étés d’utilisation.

Avec l’arrivée des fortes chaleurs de l’été, on les aperçoit dans la rue, dans les transports, aux terrasses des cafés et pourquoi pas aussi au travail. Les ventilateurs de poche sont devenus des accessoires indispensables pour survivre à la canicule. 

Ces petits objets en apparence anodins sont toutefois emblématiques du phénomène de la fast tech. Sur le même modèle que la fast fashion pour les vêtements, la fast tech consiste à commercialiser des articles électriques et électroniques de mauvaise qualité à bas prix. Leur durée de vie excessivement courte pousse les acheteurs à inlassablement les jeter pour racheter du neuf. 

Des équipements peu recyclés 

Vendus à des prix qui excèdent rarement 10 euros sur Temu, AliExpress ou Amazon, leur popularité ne cesse de grandir à mesure que les vagues de chaleur s’installent en Europe. 

Une étude britannique révèle que 7,1 millions de mini-ventilateurs en plastique ont été vendus en 2024 au Royaume-Uni et que la tendance ne devrait pas s’inverser cette année. Ainsi, les recherches Google à ce sujet ont grimpé de 16 % entre mai 2024 et mai 2025 dans le pays. 

Mais l’envers du décor de ces achats fait froid dans le dos. L’année dernière, ce sont 3,4 millions de ventilateurs de poche qui ont été jetés ou abandonnés au fond d’un tiroir. 

Ces objets ne sont qu’un exemple parmi le nombre incalculable de chargeurs, écouteurs, matériel informatique ou décorations électriques qui sont jetés chaque minute. Scott Butler, directeur général de Material Focus, l'organisation à but non lucratif à l’origine de l’étude, explique que si la "fast tech est peut-être bon marché, elle n'est pas jetable. En fait, tout ce qui possède une prise, une batterie ou un câble ne devrait jamais être mis à la poubelle. Ils contiennent des métaux utiles et peuvent être réutilisés."

589 millions d’objets issus de l’industrie de la fast tech sont jetés chaque année sans être recyclés rien qu’au Royaume-Uni. En France, l’ONG Les Amis de la Terre estime qu’entre 17 et 23 kg de déchets d’équipements électriques et électroniques ont été produits par personne en 2015. Selon elle, seuls 40 % d'entre eux sont recyclés. 

Exportés à l’autre bout du monde 

Mais où terminent les déchets non recyclés ? Aux États-Unis, 50 % à 80 % sont exportés vers des pays d’Asie ou Afrique, où ils sont entreposés dans des décharges à ciel ouvert. Ces dépôts sauvages engendrent une pollution massive, qui affecte la faune et la flore locales mais également les habitants. À Accra, la capitale du Ghana, la population est très dépendante de la pêche pour se nourrir. Pourtant, les plages à proximité de la ville sont polluées par des tonnes de déchets textiles qui libèrent des microplastiques. 

Ce système participe aussi au travail des enfants les plus pauvres, qui aident leur famille en travaillant dans les décharges. Ils démontent les appareils électroniques pour en extraire les composants et les revendre. 

En vertu de la convention de Bâle, l’export de déchets électriques et électroniques est interdit par l’Union européenne. Cette pratique n’a toutefois jamais disparu en Europe. Les journalistes Caroline Salvoch et Alain Pirot, réalisateurs d’un documentaire sur la gestion des déchets électroniques paru en 2019, expliquent qu’en Europe, 6 déchets sur 10 disparaissent du circuit légal. Ils seront soit enfouis dans leur pays d’origine, soit exportés.