Erwan Autret, ingénieur à l’ADEME.
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DOSSIER

Mode : "Un impact plus important que les vols internationaux et le trafic maritime réunis"

La mode serait l’une des industries les plus polluantes au monde. Mais concrètement, pourquoi ? ID a posé quelques questions à ce sujet à Erwan Autret, ingénieur à l’ADEME (Agence de la transition écologique), spécialiste des textiles. 

La fast fashion est un secteur très polluant… mais à quel niveau ? 

La mode émet au niveau mondial 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre chaque année. Son impact est plus important que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. L’Agence européenne de l’environnement classe la filière textile d’habillement et chaussures comme la 5e pour les émissions de gaz à effet de serre, après le logement, l’impact direct des ménages, le transport et l’alimentation*. À cet impact environnemental, il ne faut pas oublier d’ajouter les problèmes liés aux consommations importantes de pesticides, d’engrais et d’eau pour la production de coton conventionnel ainsi que la pollution des océans. Le lavage de nos vêtements en machine libère chaque année près de 500 000 tonnes de micro-plastiques dans les océans. 

Avez-vous une estimation du pourcentage de gaz à effet de serre émises par l’habillement ? Et de l’eau que la mode consomme ? 

Aujourd’hui, l’industrie de la mode est responsable d’environ 2 % des émissions globales de gaz à effet de serre. En 2050, le secteur textile émettrait même 26 % des émissions globales de gaz à effet de serre si les tendances actuelles de consommation se poursuivent. On estime actuellement que 4 % de l’eau potable disponible dans le monde est utilisée pour produire nos vêtements. Le textile est le 3e secteur consommateur d’eau dans le monde, après la culture de blé et de riz. 

Le marketing pousse l’idée que changer souvent serait synonyme de bonheur. 

Comment explique-t-on ces chiffres importants ? 

Nous achetons beaucoup plus de vêtements qu’il y a quelques années. Avec l’arrivée de plusieurs collections de vêtements par saison, nous achetons deux fois plus de vêtements qu’il y a une quinzaine d’années et nous les gardons moins longtemps. Certains vêtements ne sont pas portés plus de 10 fois avant que l’on s’en débarrasse. Et une grande partie est encore jetée à la poubelle plutôt que d’être donnée, vendue ou apportée en bacs de collecte spécifiques. 

C’est le modèle de la fast fashion qui pose particulièrement problème ? Qu’implique ce modèle et pourquoi fonctionne-t-il si bien ? 

La fast fashion nous encourage à accélérer le rythme de nos achats. Les consommateurs ne sont pas seuls responsables de cette situation. La publicité, le marketing et les opérations promotionnelles nous donnent l’impression qu’il est toujours nécessaire de renouveler notre garde-robe alors que nous disposons pourtant de nombreux vêtements encore en excellent état. Le marketing pousse l’idée que changer souvent serait donc synonyme de bonheur. Les sites de vente de vêtements d’occasion en ligne peuvent d’ailleurs aussi inciter à acheter plus de vêtements neufs, à les porter moins longtemps et les vendre plus rapidement. 

*Source : European Environment Agency, novembre 2019, Textiles in Europe's circular

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