Les militants pour le mouvement climat sont majoritairement âgés de moins de 35 ans.
©Mika Baumeister/Unsplash
Environnement

Qui sont les personnes engagées dans le mouvement climat ?

Dans une étude soumise en septembre 2021, le laboratoire Pacte de Sciences Po Grenoble cherche à définir le profil des individus qui sont mobilisés dans le mouvement climat. Leur étude souligne notamment la place importante des femmes et des jeunes diplômés.

Réalisée entre décembre 2020 et mars 2021 sur un échantillon de 10 000 citoyens, l’étude révèle que la protection de l’environnement est la priorité principale pour 50% des militants. Viennent ensuite la lutte contre les inégalités (14%), la démocratie (12%) et la lutte contre la pauvreté et la précarité (9%). Les questions d’immigration et d’insécurité arrivent loin derrière avec seulement 2%.

Un mouvement majoritairement féminin, jeune et urbain

Le premier constat de l’étude est la forte féminisation du mouvement climat, composé à 67% de femmes. Celles-ci sont cependant plus modérées que les hommes dans leur engagement politique. Les femmes se positionnent davantage "à gauche" (44%, contre 37% pour les hommes) tandis que les hommes se positionnent plus souvent comme "très à gauche" (23% contre 18%). Aussi, les hommes ont davantage tendance à soutenir les mouvements de désobéissance civile (50% contre 42%), ainsi que les actions violentes (25% contre 14%).

L'étude montre par ailleurs que les femmes sont plus affectées par le changement climatique. Elles sont 78% à avoir une vision pessimiste de la crise écologique, contre 72% des hommes. Enfin, elles sont 76% à faire le lien entre l’exploitation de la nature et celle du patriarcat, qui est le fer de lance de l’écoféminisme, contre seulement 62% pour les hommes.

Le deuxième élément qui ressort est la jeunesse de ce mouvement. 50% des participants sont âgés de moins de 35 ans, et 25% ont entre 15 et 24 ans. À l’inverse, les plus de 50 ans ne composent que 18% des profils. L'étude du Pacte montre que le mouvement pour le climat se démarque des mouvements politiques et sociaux traditionnels, qui sont généralement dominés par des populations plus masculines et âgées. Cependant elle explique que cette mobilisation plus importante chez les plus jeunes est due en partie au fait que la plupart sont nés avec la préoccupation environnementale, alors que les militants plus âgés ont eu plus de difficultés en leur temps pour mobiliser le public sur les risques climatiques.

Enfin, le mouvement pour le climat se caractérise par une population extrêmement diplômée et majoritairement urbaine. 80% des membres ont un diplôme post-bac, et 50% ont un niveau de Master. Ces taux montent même à 85 et 54% respectivement, si l’on exclue les participants n’ayant pas encore l’âge d’obtenir leur bac. 

Pour ce qui est de leur localisation, près de la moitié des répondants vivent en ville, un quart se situe en petite ville de périphérie et un dernier quart à la campagne. L’étude montre une surreprésentation des membres vivants dans des "idéopôles", qu’elle définit comme : "des métropoles régionales attractives intégrées aux réseaux de l’économie globalisée, dont la population est impliquée dans l’évolution de l’économie de la connaissance".

Une volonté d'agir face à la crise climatique

Cette intégration dans des espaces de partage des connaissances fait que les membres du mouvement climat sont davantage prêts à faire des gestes pour la préservation de l’environnement.

Si le tri des déchets est effectué à la fois par 90% des militants du climat et par l'ensemble des Français, les premiers sont également plus de 90% à avoir signé une pétition sur le climat, soit trois fois plus que les seconds. Ils sont également davantage enclins à consommer des produits bio (80% contre 45%). Enfin, 50% des militants du mouvement climat sont prêts à renoncer à la voiture contre seulement 30% des Français.

Cette volonté d’action illustre un sentiment d’urgence qui habite les militants et sympathisants face à la crise climatique. 85% estiment que : "la civilisation telle que nous la connaissons va s’effondrer dans les années à venir" quand seulement 39% pensent que : "notre société a une capacité collective à réagir à temps face à la crise écologique".

Face à cela, ils sont nombreux à vouloir s’engager auprès d’organisations de défense de l’environnement. 30% se déclarent proche de l’ONG Greenpeace, 25% du mouvement Extinction Rebellion, et près de 15% pour Oxfam. Toutefois, le laboratoire nuance cette hiérarchisation. L’adhésion des militants s'expliquerait en partie par le "degré de connaissances" de ces organisations, davantage lié à leur exposition médiatique qu'aux combats qu’elles défendent.

L'engagement des militants illustre cependant leur volonté d'impliquer davantage les citoyens dans le débat démocratique. Ils souhaitent notamment permettre à la société civile de faire des propositions de loi et de référendum, qui seraient ensuite suivies par l’organisation de consultations avec des groupes de citoyens et du vote par les élus.

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