104 matchs dans 16 villes, réparties sur trois pays. C’est le programme de la Coupe du monde masculine de football qui aura lieu du 11 juin au 19 juillet 2026. Un moment de grâce pour les fans, mais pas pour la planète. Dans une étude publiée par le New Weather Institute, un groupe de chercheurs affirme que ce tournoi sera le plus polluant de l’histoire du football.
Selon leurs calculs, la Coupe du monde de 2026 sera responsable "d’au moins" 9 millions de tonnes d’équivalent CO₂. Lors des tournois précédents ayant eu lieu entre 2010 et 2022, ces émissions étaient de 4,71 millions de tonnes équivalent CO₂. Plusieurs raisons expliquent une telle augmentation des émissions par rapport aux dernières éditions.
Nouvelles règles, plus de pollution
Tout d’abord, la Fédération internationale de football association (FIFA) a décidé cette année d’accueillir plus d’équipes nationales dans la compétition. Habituellement, 32 équipes s’affrontent. Ce sera désormais 48. "L'élargissement de la phase finale de la Coupe du monde […] entraînera une forte augmentation des émissions de gaz à effet de serre", expliquent les chercheurs.
En effet, cela signifie que plus de joueurs, accompagnés de leurs équipes, devront se déplacer. Ceci augmente l’empreinte carbone des équipes qui utilisent majoritairement l’avion comme moyen de transport. À cela s’ajoutent également les supporters venus du monde entier pour les soutenir. "On estime que les émissions liées au transport aérien augmenteront de 160 % à 325 % pour chacun des trois tournois de 2026, 2030 et 2034, par rapport aux niveaux moyens observés lors des dernières éditions", précise l'étude.
Autre particularité du Mondial de 2026, il est organisé conjointement par trois pays : les États-Unis, le Canada et le Mexique. Chacun accueillera au moins deux matchs dans deux villes différentes. Une organisation qui favorise donc les émissions de gaz à effet de serre.
Des infrastructures inadaptées
Les chercheurs s’inquiètent également des conditions d’accueil dans les stades : "Le dérèglement climatique pèse sur le tournoi et les vagues de chaleur extrême mettent en danger les joueurs et les supporters, ainsi que des inondations qui menacent les stades". Par exemple, des températures de 35 °C ont déjà été atteintes lors de certains matchs à Seattle, ville considérée comme la plus fraîche sur le parcours de la compétition. À Dallas, au Texas, les températures dépassent fréquemment les 40 °C.
Ainsi, la moitié des stades (8 sur 16) "nécessitent une intervention environnementale immédiate, dont 4 sont jugés en situation critique nécessitant une intervention urgente", selon l’étude. Concrètement, ces infrastructures sont menacées par les fortes chaleurs et les risques d’inondations propres aux vulnérabilités climatiques des villes hôtes et doivent intervenir pour permettre un accueil optimal des joueurs et des fans.
Des sponsors controversés
À travers l’étude, le collectif de chercheurs démontre également que certains choix faits par la FIFA pourront avoir des répercussions bien au-delà du cadre de la Coupe du monde. La Fédération a annoncé avoir signé un partenariat avec la compagnie pétrolière saoudienne Aramco. L’Arabie saoudite est actuellement le pays le plus pollueur au monde en termes d’émissions de CO₂ par habitant. Cela "constitue une preuve supplémentaire que la FIFA privilégie le statu quo lucratif plutôt que d’assurer un avenir durable pour le football".
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Les chercheurs appellent aujourd’hui la FIFA à "abandonner les sponsors et partenaires commerciaux à forte empreinte carbone". Ils espèrent aussi un retour sur "l'élargissement du tournoi" et l’instauration d’une "limite contraignante du nombre d'équipes pouvant participer à la phase finale" ainsi qu’une réduction des "exigences minimales de capacité des stades afin de limiter la construction de nouvelles infrastructures".
Lors de la COP26 en 2021, la FIFA s’était engagée à réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2040.