Le Citepa et l’Association pour la transition Bas Carbone (ABC) lèvent le voile sur un constat frappant : les Français n’émettent pas tous le même niveau de carbone. Derrière la moyenne nationale, se cache une grande disparité entre individus, qui montre que certaines situations et certains comportements contribuent beaucoup plus aux émissions que d’autres. L’étude a pour objectif d’examiner ces différences afin de fournir aux pouvoirs publics des données détaillées pour guider leurs politiques de transition.
Une "fracture carbone"
Pour ce faire, les chercheurs ont interrogé un échantillon de 2 004 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. À partir de ces données, ils mettent en évidence l’un des enseignements principaux : la confirmation d’une "fracture carbone" entre profils, qui invalide l’idée d’une empreinte moyenne universelle.
Et cette fracture ne reste pas théorique : elle se traduit par des écarts considérables entre empreintes individuelles. Derrière la moyenne nationale de 8,5 tonnes de CO₂ équivalent par adulte et par an se cache en réalité une dispersion extrême, allant de 3 à 83 tonnes.
Ainsi, les 10 % des individus les plus émetteurs concentrent 25 % de l’empreinte totale, tandis que les 10 % les moins émetteurs n’en représentent que 5 %, illustrant clairement l’inégale contribution aux émissions.
Les grands postes d’émissions
Derrière ces écarts, l’étude met en évidence plusieurs secteurs qui contribuent de manière significative aux émissions de carbone.
- Le transport aérien : très émissif, il est surtout pratiqué par les jeunes et les hauts revenus et constitue un levier significatif dans l’empreinte des déplacements.
- Le chauffage au fioul : il impacte fortement les émissions liées au logement, en particulier dans les zones rurales.
- Le revenu comme marqueur : l’empreinte médiane progresse de 6,6 t CO₂ équivalent pour le premier décile à 8 t pour le dernier, et peut atteindre 16 t pour les plus hauts revenus.
Entre empreinte subie et empreinte choisie
Toutefois, si ces postes expliquent en partie les écarts moyens, ils ne rendent pas compte de la totalité des situations. Pour aller plus loin, l’étude s’est intéressée aux 25 % d’individus dont l’empreinte dépasse 9 t CO₂ équivalent par an, afin d’identifier les caractéristiques des profils les plus émissifs.
L’analyse distingue deux dynamiques : l’empreinte subie, qui découle de contraintes structurelles comme des logements anciens mal isolés ou chauffés au fioul dans des zones peu desservies, et l’empreinte choisie, associée à des comportements volontaires de consommation ou de loisirs plus émissifs.
Plus largement, l’enquête montre que les émissions de carbone ne se répartissent pas uniformément et que leur réduction dépend autant des contraintes structurelles que des choix individuels. Elle rappelle que la transition climatique est un défi complexe, qui nécessite de combiner politiques publiques ciblées, infrastructures adaptées et comportements responsables pour atteindre des résultats significatifs.