Martin Régner, intrapreneur à l'ADEME.
©DR/ADEME

Changement climatique : comment calculer son propre bilan carbone ?

Alors que la question du changement climatique est devenue omniprésente, les individus cherchent de plus en plus à diminuer leur empreinte carbone. Avec le simulateur "Nos GEStes climat", l’ADEME veut leur permettre de calculer leurs émissions de gaz à effet de serre et d'adopter les gestes adaptés pour les réduire. 

Comment connaître nos émissions de carbone personnelles ? Dans le cadre de son programme Datagir, l’Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie (ADEME) propose de calculer son empreinte individuelle avec "Nos GEStes climat", un calculateur pédagogique qui permet également à ses utilisateurs de mieux comprendre les principaux termes liés au changement climatique : CO2, neutralité carbone... ID a rencontré Martin Régner, intrapreneur à l’ADEME, pour comprendre l’utilité de cet outil.

Quel est le principe de Datagir?

Il s’agit d’un service que nous développons depuis trois ans à l’ADEME, qui consiste à essayer de diffuser au maximum les informations environnementales de l’agence, notamment pour les citoyens. Cela se fait à travers deux axes : d’une part en accompagnant les applications et les services numériques pour intégrer les données de l'ADEME dans leurs produits. C’est le cas de certaines grandes applications comme Yuka ou Marmiton, qui ont intégré des données d'impact environnemental de l'alimentation de l'ADEME et en ont fait un éco-score.

Le deuxième axe consiste à créer différents simulateurs, des petits outils ludiques pour sensibiliser sur les thématiques de l'environnement et faire comprendre certains concepts. C’est le cas de notre outil "Nos GEStes Climat", qui permet de calculer son empreinte climatique personnelle complète.

Aujourd’hui, nous sommes à près de 700 000 visiteurs. Le site a connu un succès important avec l’organisation de la COP26, ce qui est une très bonne nouvelle. Nous avions vraiment prévu cet outil pour que les individus puissent comprendre ces grands enjeux climatiques dont on parle beaucoup : ce que ça représente à mon échelle, comment est-ce que je peux agir...

On parle en effet beaucoup de climat mais tout reste assez technique lorsqu’on cherche à comprendre précisément ce que sont les émissions carbone, les gaz à effet de serre ou le bilan climatique... 

Exactement : le climat, le CO2...Tout ça paraît assez lointain dans la vie de tous les jours. On peut également se dire que c'est plutôt à d'autres niveaux que soi-même que tout se joue. C’est évidemment le cas, mais nous avons également des marges de manœuvre à notre niveau personnel, en essayant d’améliorer certains de nos comportements.  

Avec "Nos GEStes climat", il s’agit vraiment de bien comprendre quel est le CO2 qui se cache derrière nos actions et les gestes que l’on peut mettre en place pour diminuer cet impact, que ce soit sur l’alimentation, le transport...

Derrière l’expérience en ligne et donc le questionnaire, il y a beaucoup de données. Comment construit-on ce type d'outil ?

Il est essentiellement construit sur les données de l’ADEME. Nous nous sommes associés avec l’Association Bilan carbone, qui a créé cet outil à partir de sa méthodologie. Les données que l’on enregistre dans ce questionnaire (combien de kilomètres on fait, combien de repas avec ou sans viande) sont transformées, par rapport à ce que vous avez renseigné, grâce à des ratios CO2 que l’on appelle facteur d'émission.

Récemment un rapport explique que si on s'y met tous, on règle seulement 25% du problème des émissions de gaz à effet de serre. Il souligne également qu’il faut que nous produisions deux tonnes de CO2 par an pour "rester dans les clous". Comment peut-on s’y retrouver dans tout ça ?

J’entends bien ce que vous mentionnez, mais je crois que même les auteurs disent qu’il faut prendre ce rapport avec des pincettes. Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’on ne peut pas tout faire tout seul. Il ne s’agit pas d’opposer action collective et individuelle, mais de les combiner.

L’objectif, c’est d’y parvenir progressivement, de créer une dynamique de baisse"

Pour ce qui est des deux tonnes, j’invite tout le monde à faire l’exercice pour savoir quelle est leur empreinte sur le climat. Il y a des chances qu’elle ne soit pas à deux tonnes de CO2, mais plutôt au-dessus. Ce chiffre est celui que nous devons atteindre pour parvenir à la neutralité carbone en 2050. L’objectif, c’est d’y parvenir progressivement, de créer une dynamique de baisse. Pour cela, il est nécessaire de comprendre quelles sont les premières actions que l’on peut mettre en place.

Qu’est-ce que ce questionnaire montre sur l’impact de certaines activités par rapport à d’autres ?

Il y a tout d’abord le sujet de l’alimentation d’origine animale ou végétale, ainsi que certains types de déplacements comme la voiture. Mais ce qui est vraiment intéressant, c’est qu’une fois que l’on a effectué ce petit questionnaire, on se retrouve avec des pistes concrètes pour réduire son empreinte.

Ces gestes sont adaptés aux informations que l’on a indiquées : si vous n’avez pas de voiture ou que vous l’utilisez très peu, l’impact associé à son utilisation sera proportionnel. Les gestes proposés correspondent à des habitudes que nous avons déjà aujourd’hui, donc que l’on peut effectuer immédiatement.

Qu’en est-il de l’aspect analytique des données ? Avec près de 700 000 utilisateurs, que faites-vous de toutes ces réponses ?

Nous avons décidé de ne pas collecter les données sur les utilisateurs, ce pourquoi il n’y a pas de pop-up ou de cookie sur le site. Les données inscrites appartiennent uniquement à la personne qui réalise ce test, nous ne faisons pas de statistiques sur cette utilisation. Nous n’avions pas non plus envie de faire de sondages à partir des habitudes de vie des Français.

Ce type d’outil peut intéresser les personnes qui sont déjà dans cette démarche de réduction de son impact. Comment comptez-vous toucher celles et ceux qui ne sont pas encore dans ce questionnement-là ?

Je pense que l’enjeu pour eux sera de pouvoir faire le lien avec tous les discours que l’on entend sur le changement climatique. L’objectif de ce simulateur, c’est vraiment de parvenir à accompagner ces personnes-là. Il ne se destine pas à ceux qui sont en difficulté économique, mais à celles et ceux qui polluent le plus. Plus on est riche, plus on émet de gaz à effet de serre. Il ne faut pas que cela soit un élément de culpabilisation supplémentaire pour celles et ceux qui sont déjà en difficulté. En revanche, c’est un outil qui vise à dépasser les cercles de connaisseurs du changement climatique. 

Et puis il s’agit surtout d’un outil pour chercher à comprendre concrètement les principaux aspects du changement climatique, comme la question de la balance du CO2 sur notre propre consommation. C’est vraiment cet aspect informationnel que nous voulons mettre en avant.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Écoutez la chronique Social Lab ici

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