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Santé

Dans les hôpitaux, les soignants se serrent les coudes face à la crise sanitaire

Moins de hiérarchie, plus d'entraide: dans les hôpitaux, l'épidémie de coronavirus bouscule les rapports entre professionnels de santé, appelés à se "serrer les coudes" face à la crise sanitaire, quitte à réaliser des tâches d'ordinaire effectuées par d'autres personnes.

"Hier j'étais aide-soignante, demain je serai infirmière et après-demain peut-être à nouveau médecin... En ce moment, ça change tous les jours", sourit Véronique Asselineau Molina, chirurgienne-orthopédiste à l'hôpital Bicêtre (Val-de-Marne).

Depuis quatre semaines, cette spécialiste des pieds, des hanches et des genoux a mis son quotidien de médecin entre parenthèses afin de prêter main forte à ses collègues réanimateurs mobilisés dans un service dédié aux malades du coronavirus. "Lorsque l'unité a ouvert, il manquait une aide-soignante. Du coup je me suis jetée à l'eau", raconte la chirurgienne, qui dit n'avoir "pas hésité une seconde": "dans mon service, les opérations avaient été déprogrammées. Et il était hors de question que je me tourne les pouces".

Gastro-entérologues, rhumatologues, kinésithérapeutes... Comme elle, de nombreux spécialistes ont accepté ces dernières semaines de changer de rôle pour gonfler les rangs des soignants volontaires, aux côtés des internes et des médecins retraités.

"Avec moi, j'ai embarqué une dizaine de collègues chirurgiens, dont certains font désormais brancardiers", explique Véronique Asselineau Molina. "On essaye d'être utiles là où on peut, même si ce n'est pas toujours évident", ajoute-t-elle.

"Visibles" et "invisibles" 

Installer des perfusions, injecter des médicaments. S'occuper des malades, de leur toilette, de leur repas... Ce branle-bas de combat a obligé une bonne partie des médecins volontaires à se former, afin d'apprendre ou réapprendre des gestes qu'ils ne pratiquent pas.

Dans les hôpitaux de l'AP-HP, qui regroupe 39 établissements en Île-de-France, une formation accélérée a été mise en place pour les volontaires mobilisés contre le coronavirus. Dans d'autres structures, l'apprentissage s'est fait sur le terrain. "L'hôpital est un lieu assez pyramidal. Mais avec le coronavirus, on se focalise moins sur la hiérarchie. Tout le monde se serre les coudes, et quand quelqu'un ne sait pas faire, personne n'engueule personne", souligne Martin, interne en réanimation à la Pitié-Salpêtrière, à Paris.

"A l'hôpital, il y a toujours eu de l'entraide, mais désormais c'est moins cloisonné: la crise a renforcé la solidarité entre les différentes catégories de personnels", acquiesce Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). Une évolution vue d'un bon oeil par le responsable syndical. "Ces échanges permettent de mieux comprendre le travail de l'autre et montrent que toutes les professions de santé ont un rôle important. Avec la crise, les métiers invisibles sont devenus plus visibles", insiste M. Amouroux.

"Village gaulois" et "union sacrée" 

Cette solidarité se manifeste également dans les rapports entre services et établissements. "D'habitude, on se tape dessus, un peu comme dans un village gaulois. Là, il y a une forme d'union sacrée: tout le monde fait des efforts", s'amuse Souhayl Dahmani, chef de service à l'hôpital Robert Debré.

Pour Véronique Asselineau Molina, "tout n'est pas devenu magnifique du jour au lendemain" et "il y a encore des tensions, notamment parce qu'il y a beaucoup de stress". "Mais on sent que chacun a envie d'avancer dans le même sens", insiste la chirurgienne.

Cette osmose entre personnels et établissements survivra-t-elle à la crise du Covid-19? "J'espère qu'il en restera quelque chose, que cela va faciliter les relations entre professionnels ou bien entre établissements publics et privés", confie Thierry Amouroux.

"Une fois que l'épidémie sera terminée et que les projecteurs se seront éloignés, chacun risque de reprendre ses vieilles habitudes", pronostique de son côté Hugo Huon, porte-parole du collectif Inter-Urgences, en première ligne pendant la grève des "blouses blanches" l'an dernier.

Véronique Asselineau Molina espère de son côté un changement, tout en reconnaissant que "les gens oublient très vite". "En tous les cas, moi ça m'aura changé: c'est toujours enrichissant de se plonger dans le métier d'un autre et de voir la situation avec son point de vue", conclut la chirurgienne.

Avec AFP.

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