A Dijon, quelques dizaines d'agriculteurs se sont rendus en tracteurs dans un magasin de bricolage pour y retirer des bouteilles d'anti-fourmis. Ils les ont ensuite déposées devant le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, contrôlé par une majorité socialiste.
"Dans ces insecticides, on a deux grammes d'acétamipride par kilo. Les agriculteurs, eux, en utilisent 0,005 gramme par kilo", a déclaré à l'AFP Dominique Noury, éleveur près de Dijon, en montrant une bouteille de l'anti-fourmi contesté.
"C'est de l'hypocrisie", a-t-il ajouté devant une banderole affichée sur la façade de l'Hôtel de région et marquée: "Acétamipride en vente. Où est la cohésion?"
"C'est aberrant", a estimé Antoine Duthu, président des Jeunes agriculteurs (JA) de Côte d'Or, à l'origine de la manifestation avec la FDSEA (majoritaire): "on nous interdit l'acétamipride et c'est en vente libre dans les magasins".
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Une demande de retrait
Dans le Bas-Rhin, la FDSEA et les JA ont écrit aux enseignes de la grande distribution pour leur demander de retirer ces produits et ont annoncé que, sinon, ils le feraient eux-même, le 20 août.
"C'est un mot d'ordre national de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs que nous déclinons aujourd'hui dans le département", a expliqué Laurent Fischer, secrétaire général de la FDSEA du Bas-Rhin. "Ca va être fait dans le respect", a promis Gérard Lorber, son président.
Les produits ciblés seront entreposés dans des chariots et des autocollants apposés sur les rayons vidés, pour sensibiliser les consommateurs. Ces produits contenant de l'acétamipride sont des noisettes ou des fruits (pommes, poires, etc.), non produits en France, ou des insecticides à destination du grand public.
L'acétamipride est notamment utilisé par les producteurs de noisettes et de betteraves sucrières. Il est interdit depuis 2018 en raison de ses conséquences sur la biodiversité et la santé. Sa réintroduction est réclamée par les syndicats agricoles majoritaires qui estiment que les paysans français sont concurrencés par des produits importés de pays qui, eux, autorisent encore le pesticide.
Cette réintroduction, prévue dans la loi Duplomb votée en juillet, a été censurée par le Conseil constitutionnel. Une pétition contre cette loi a recueilli 2,1 millions de signatures.
Avec AFP.