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Politique

Face au changement climatique, six réponses des collectivités pour s’adapter

Alors que les Etats signataires de l’accord de Paris entendent contenir le réchauffement de la planète sous la barre des 2°C d’ici 2050, les collectivités, elles, cherchent à s’adapter aux aléas de plus en plus fréquents du changement climatique. Si les épisodes de canicules, de montées des eaux ou encore les tempêtes se multiplient, voici six réponses adoptées par certaines villes pour s’y adapter.

L’hiver dernier encore, les stations de ski françaises ont perdu de leur blancheur. Pour satisfaire les vacanciers et pallier le manque de neige dans certains coins de montagne, il est de plus en plus fréquent d’avoir recours à des canons à neige qui consomment pourtant de l’énergie pour fonctionner. Allant même parfois jusqu'à en importer par hélicoptère, comme vu l’hiver dernier. Une solution décriée jusque dans la sphère gouvernementale en raison non seulement de son coût, mais aussi du non-sens écologique qu’elle représente.  

Comme l’absence de manteau blanc dans les montagnes françaises, d’autres conséquences du réchauffement climatique se font de plus en plus visibles. Canicule, montées des eaux, phénomènes météorologiques extrêmes... Pour s’adapter à ces épisodes, les collectivités locales cherchent des solutions. 

La végétalisation des villes pour créer des "îlots de fraîcheur"

L’été dernier, le mercure a fait suffoquer la France et les thermomètres ont grimpé jusqu'à plus de 40°C dans certaines régions. Dans les villes, la température était d’autant plus insoutenable que les "îlots de chaleur urbains" sont présents dans certains coins particulièrement denses. Pour transformer ces zones chaudes en "îlots de fraîcheur", la solution la plus plébiscitée est la végétationÀ l’image de Bordeaux, qui a annoncé en juillet dernier la plantation de 20 000 arbres dans la ville d’ici 2025. Selon l'ONU, la végétalisation en milieu urbain permettrait la réduction de 30 % des besoins en climatisation. Stockage du carbone, diminution des polluants atmosphériques, restauration des sols, préservation des sécheresses ou des inondations, ses vertus sont nombreuses. À condition d’utiliser cette solution de la bonne façon. Choix des essences végétales, nombre et maturité, disposition, désartificialisation des sols, gestion du cycle de l’eau sont autant de facteurs pouvant altérer son efficacité.

Des toitures végétalisées pour stocker l’eau de pluie

Outre le fait de remettre de la nature en ville, certains ont opté pour une solution "deux-en-un" en végétalisant les murs et toitures des immeubles, à la manière du musée du quai Branly à Paris qui arbore sa robe verte face à la Seine depuis des années. Cette solution porte donc un double intérêt, permettant à la fois de réguler les températures intérieures (et donc d’éviter la clim’) mais aussi de stocker l’eau de pluie

Ce dernier atout, permettant de réguler les eaux pluviales, peut être bien utile pour les communes confrontées à la saturation de leurs stations d’épuration par exemple. À Paris, l’Agence régionale de la biodiversité étudie les capacités d’une trentaine de toits végétalisés : les premiers résultats du projet "Grooves" - Green Roofs Verified Ecosystem Services - publié en 2018, mettent en évidence l’efficacité de ces dispositifs notamment en termes de stockage des eaux pluviales. 

La peinture blanche pour faire baisser les températures des toitures et des rues 

Cette solution a été empruntée outre-Altantique après avoir déjà fait ses preuves à Los Angeles. Depuis, elle fleurit un peu partout dans le monde.  

Les routes et trottoirs bétonnés sont de véritables gouffres à chaleur, absorbant jusqu'à 95 % de rayonnement solaire la journée et le restituant la nuit. Ils sont donc en grande partie responsables des îlots de chaleur. Pour y remédier, certaines municipalités repeignent l’asphalte d’un revêtement blanc ou gris clair où les rayons du soleil se réverbèrent. À l’image de l’écoquartier de Clichy-Batignolles en région parisienne par exemple. À Doha, c’est le bleu qui a été choisi pour revêtir les routes de peinture "refroidissante", permettant d’abaisser la température du bitume de 15 à 20 °C, selon la capitale qatarie. Une solution qui aurait en outre la capacité de réduire la pollution atmosphérique et la consommation de carburant.

Ce revêtement rafraîchissant des sols a été également décliné aux toits des bâtiments pour permettre de baisser les températures intérieures des immeubles : on les appelle les "Cool Roofs". 

La désimperméabilisation des espaces publics et des routes pour faire revivre les sols et limiter les risques d’inondation

Ou encore "renaturation" ou "désartificialisation". Plusieurs villes s’y sont mises pour laisser respirer les sols, mais aussi limiter les inondations. À Lyon, la rue Garibaldi, piétonne et axe majeur de la ville, a été repensée pour lutter contre les îlots de chaleur, mais aussi intégrer la gestion des eaux de pluies et de la santé des sols. La métropole a ainsi réaménagé la rue en débétonnant, créant des noues et en récupérant les eaux pluviales pour les réutiliser - notamment pour l’arrosage mécanique ciblé des parcs et jardins municipaux. En plus de revégétaliser, selon la Ville, ces dispositifs ont permis de faire baisser la température de la rue de 9°C lors des épisodes caniculaires

D'autres régions françaises en font une utilisation plus originale : du côté d’Angoulême par exemple, les eaux de pluie comme les eaux de lavage usagées des habitants sont récupérées pour servir au nettoyage des bus de la ville.

En outre, les épisodes d’inondation se multiplient sans cesse ces dernières années, menaçant les populations, les aménagements urbains et les habitations. À la mi-avril, de violents épisodes orageux ont frappé de plein fouet la région du Calvados, laissant derrière eux de nombreux dégâts matériels. En novembre dernier, deux jours d’inondation dans les Alpes-Maritimes et le Var s’étaient soldés par des pertes humaines et 285 millions d’euros de dommages assurés, avait estimé la Fédération Française de l’Assurance. 

Pour se préparer à ce genre de phénomènes et éviter de tels sinistres, plusieurs communes entreprennent des travaux de désartificialisation des sols. Solution permettant à la fois de limiter les afflux d’eau, mais aussi et toujours de rafraîchir l’air ambiant. Exemple dans l’Essonne, où la Bièvre, affluant de la Seine, qui coulait jusqu'alors dans des canalisations, a finalement revu le ciel bleu en 2019.

Les cours d’école "oasis"

D'ordinaire faites de béton, de jeux pour enfant et de peu de végétation, certaines communes se mettent à repenser leurs cours d’écoles. Le but : les transformer en "oasis" avec de l’eau, de la nature et de l’air. C’est notamment le cas à Paris. Soutenue par l’ADEME et son projet RECRE, la Ville entend rénover ses cours d’école pour remplacer l’asphalte par un revêtement drainant limitant la capture de la chaleur, ajouter des fontaines à eau, des arbres en pleine terre, des jardins et potagers pédagogiques... En cas de canicule, la municipalité a également entrepris l’ouverture de ces cours de récré, espaces de fraîcheur, aux habitants du quartier. 

Des prairies urbaines pour faire revenir la biodiversité

Dans les villes, certaines zones laissées à l’abandon trouvent un second souffle grâce à la conception de prairies. Abritant des centaines d’espèces végétales et permettant ainsi de faire revenir un peu de biodiversité en milieu urbain, ce dispositif combine les avantages de la désimperméabilisation, de l’îlot de fraîcheur et enfin des effets positifs pour la faune et la flore. En outre, cette solution a l’avantage de demander peu d’entretien aux communes : plantation des différentes espèces puis fauchage deux à trois fois par ans. Dans la région Rhône-Alpes par exemple, la conception de prairies multi-espèces résistantes à la sécheresse a été entreprise il y a des années. On estime que dans une prairie urbaine, la diversité végétale peut atteindre près de 50 espèces par mètre carré. De quoi attirer nombre d’insectes en tout genre, mais aussi d’oiseaux ou de chauve-souris par exemple. 

Avec l'ADEME.

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