Ce lundi, la Commission européenne a publié un rapport sans appel sur la mise en œuvre de la politique environnementale dans l’Union. Selon les chiffres, l’Europe accuse un déficit d’investissements estimé à 122 milliards d’euros pour répondre à ses objectifs climatiques, notamment en matière de lutte contre la pollution de l’air, de préservation de l’eau et de la biodiversité.
Et parmi les pays membres, c’est la France qui ressort comme le plus mauvais élève. Selon les chiffres communiqués par la Commission européenne et relayés par Le Monde et Le Parisien, seuls 42,7 milliards d’euros sont investis chaque année, alors que 63,8 milliards seraient nécessaires pour respecter les objectifs définis par la législation environnementale européenne. Autrement dit, plus de 21 milliards d’euros manquent encore à l’appel.
D’importants besoins financiers en matière de qualité de l’air
C’est d’ailleurs plus précisément dans le domaine de la qualité de l’air que le besoin d’investissement apparaît le plus marqué. D’après la Commission, la France devrait consacrer 8 milliards d’euros supplémentaires par an pour se conformer aux exigences européennes en la matière.
Et ce n’est pas le seul point noir. Pour la protection de la biodiversité, Bruxelles estime qu’il faudrait 5,9 milliards d’euros supplémentaires chaque année. L’économie circulaire, de son côté, accuse un déficit de 4,6 milliards d’euros par an.
Mais si la France affiche un retard préoccupant, elle n’est pas seule à devoir revoir sa copie. L’Allemagne, autre grande puissance européenne, présente un déficit environnemental de 20 milliards d’euros. L’Espagne doit quant à elle mobiliser 10,75 milliards d’euros supplémentaires, tandis que l’Italie accuse un manque à gagner de 8,29 milliards. À titre de comparaison, le Portugal présente un écart plus réduit, avec 1,6 milliard d’euros supplémentaires.
Un contexte politique national défavorable
Et plus largement pour la France, cette évaluation de la Commission vient ponctuer une mauvaise séquence politique du gouvernement en matière de climat. Jeudi dernier, le Haut conseil pour le climat (HCC) a déploré dans son rapport annuel le ralentissement de la décarbonation de la France en 2024, avec des émissions carbonées en recul de 1,8 %.
Jean-François Soussana, l'agronome qui préside le HCC, déclarait à ce propos : "nous avons besoin d'un sursaut collectif pour relancer l'action climatique, avec un cadre d'action publique clair, des actions structurelles, une gouvernance solide et des cibles bien définies".