Les stations de ski de moyenne montagne ont perdu jusqu'à un mois d'enneigement en 50 ans.
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Economie

Quel avenir pour les stations de ski de moyenne montagne ?

En dessous de 2 000 mètres, les stations de ski françaises, indispensables à l’économie des régions de montagne, tentent de mettre en place des solutions pour s’assurer un avenir. Décryptage. 

Une mince bande de neige entourée d’étendues vertes. Voilà le paysage que donne à voir une partie des stations de ski françaises, tant la neige vient à manquer. Principalement situées en moyenne montagne, ces stations ont perdu jusqu’à un mois d'enneigement en 50 ans. 

Il faut avoir en tête que la montagne est le lieu de la planète qui se réchauffe le plus rapidement. À titre d’exemple, la température des Pyrénées a augmenté de 2°C depuis les années 70, selon le Centre d'information sur l'eau, alors que l’augmentation moyenne en France table à 1,4°C. Au-delà de son impact sur l’environnement, cette hausse de température a des conséquences directes sur l’économie locale, entièrement tournée vers le tourisme hivernal. 

Des économies dépendantes du tourisme hivernal 

L’attrait des Français pour le sport d’hiver ne date pas d’hier. Dès 1964, des politiques d’aménagement du territoire sont lancées afin de favoriser le développement des régions de montagne. Au total, jusqu’à la fin des années 70, 23 stations sont créées ex nihilo et 20 stations préexistantes profitent d'importants aménagements. 

Aujourd’hui, la plupart des territoires ayant bénéficié du "Plan Neige" sont tributaires du tourisme hivernal pour le bon fonctionnement de leur économie. Si les stations situées en haute montagne se portent bien, celles qui se situent à moins de 2000 mètres d’altitude voient leur fréquentation fortement diminuer à cause du manque d’enneigement. 

Pour faire face à ce défi, la solution privilégiée est l’utilisation de neige de culture. Sa fabrication se fait généralement à la fin de l’automne, quand les journées sont les plus courtes, et pendant la nuit, afin que les conditions de température soient optimales. Cela permet de créer une sous-couche neigeuse assez épaisse pour durer tout l’hiver. 

Une pratique très gourmande en eau 

Chaque année en France, 400 000 à 450 000 m³ d’eau sont utilisés pour produire de la neige artificielle. Cette eau, dont le volume double lorsqu’il passe à l’état solide, est prélevée dans 3 types de sources : les réserves naturelles, souterraines ou superficielles, le réseau d’alimentation en eau potable ou le pompage dans les retenues à proximité. 

Pour aller plus loin : “Sport et écologie : mode d’emploi”  

"La composition chimique de la neige artificielle est absolument identique à celle de la neige naturelle", explique Samuel Morin, chercheur au CNRM, le Centre National de Recherche Météorologique, une unité de recherche de Météo France et du CNRS, au micro de Franceinfo.  

L’utilisation de neige de culture n’a donc pas d’impact direct sur l’environnement puisque cette eau réintègre le cycle de l’eau à sa fonte, au printemps. Toutefois, le besoin en eau des stations de sports d’hiver ne cesse d’augmenter et les retenues, source privilégiée, ne sont parfois pas suffisantes. En janvier 2023, la station de Megève, au cœur du massif du Mont-Blanc, a renoncé à organiser son étape de la coupe du monde de skicross par manque d’eau. Domaines skiables de France évalue à 25 millions de la quantité d’eau annuelle servant à créer la neige artificielle. 

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Développer le tourisme 4 saisons

Pour pallier le manque d’eau et rester viables financièrement, certaines stations décident de se tourner vers le "tourisme de 4 saisons". Son grand avantage est de permettre aux territoires montagneux de sortir de la dépendance économique au sport d’hiver, sans pour autant abandonner cette part de leur identité, lorsque l’enneigement naturel le permet. 

Cette diversification se tourne principalement vers le tourisme sportif, avec des offres de VTT ou de randonnées, et familiales, en aménageant par exemple des parcours d’accrobranches. Et la demande est au rendez-vous, tout particulièrement depuis la période du Covid. 

Dans un rapport de février 2024, la Cour des Comptes estime que ces actions de divertissement sont nécessaires et préconise son financement par "un fond d’adaptation au changement climatique". Elle recommande également qu'il serve à financer la déconstruction "des installations obsolètes". En effet, le péril économique des stations de ski risque de faire apparaître de nouvelles friches industrielles en montagne. On compte aujourd'hui 200 installations inutilisées et non démontées sur le territoire national.