Les régions montagneuses n’échappent pas aux impacts du réchauffement climatique.
©Roberto Reposo/Unsplash
Climat

Pollution : la montagne au défi du réchauffement climatique

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Si elles sont historiquement perçues comme des sanctuaires préservés de toute pollution, les régions montagneuses n’échappent pourtant pas aux impacts du réchauffement climatique. Toutefois, des leviers d’actions existent pour inverser la tendance. 

Selon un sondage de l’IFOP pour l’ANEM, 84 % des Français pensent que la qualité de l’environnement et du cadre de vie est meilleure à la montagne. Une vision pourtant contredite par les données de l'Observatoire de l'Espace Mont-Blanc, qui révèlent que les conséquences du réchauffement climatique sont plus brutales et rapides dans les régions montagneuses, notamment dans les Alpes françaises, où l’on dénombre une augmentation moyenne annuelle de la température comprise entre 0,2 et 0,5°C par décennie. D'ailleurs, du côté des Alpes suisses, MétéoSuisse a révélé qu'au cours de la nuit du 20 au 21 août, il fallait monter jusqu’à 5 298 mètres - c'est-à-dire au-dessus des plus au sommet - pour obtenir 0 °C au thermomètre, un record absolu.

Quels facteurs ?

Loin d’être épargnée par les effets du réchauffement climatique, la montagne connaît elle aussi une dégradation de la qualité de son air depuis des années. Une pollution causée par différents facteurs. 

Parmi eux, l’usage du chauffage au bois. "L’utilisation de vieux appareils, comme des poêles à bois peu performants et anciens, engendre une mauvaise combustion du bois, ce qui rejette un grand nombre de particules", détaille Isabelle Clostre, responsable communication pour Atmo Auvergne Rhône-Alpes. Autre facteur : les activités industrielles. En effet, selon Antoine Pin, directeur de Protect Our Winters France, "les vallées qui sertissent les montagnes sont souvent des lieux de l’industrie assez importants, qui peuvent contribuer directement à la pollution de l’air."

En fonction de sa topographie, chaque montagne est plus ou moins exposée à des difficultés. Dans certains lieux, l’air circule mal et la pollution s’accumule au fur et à mesure des jours...

De son côté, le trafic routier constitue également un pan important de cet impact. "Nous observons des trafics routiers classiques mais aussi un grand nombre de trafics transfrontaliers de transport de marchandises, ce qui entraîne des émissions de particules non négligeables", poursuit Isabelle Clostre. Un impact d’ailleurs couplé à celui des voyageurs, puisque 57 % des émissions de gaz à effet de serre du "tourisme lié aux sports d’hiver" sont générés par les déplacements en voiture ou en avion, selon l’Ademe.

Surmonter les problèmes de saisonnalité

Plus largement, la topographie (la configuration géographique et physique d’une montagne) joue aussi un rôle sur la pollution de l'air. "En fonction de sa topographie, chaque montagne est plus ou moins exposée à des difficultés. Dans certains lieux, l’air circule mal et la pollution s’accumule au fur et à mesure des jours, engendrant en hiver un phénomène d'inversion de température. Cette inversion crée une sorte de couvercle qui maintient les polluants près du sol, intensifiant ainsi les effets de la pollution."

Il est crucial d'intensifier les alternatives à la voiture individuelle et de favoriser les mobilités durables dans les petites villes de moins de 50 000 habitants, a fortiori les vallées.

De son côté, la saison estivale ramène également avec elle son lot de complications. En cause, un polluant communément appelé l’ozone, "qui se forme en présence de chaleur et d’ensoleillement, mais aussi par réaction avec certains polluants primaires émis par diverses activités telles que l'industrie, l'utilisation de solvants domestiques et la circulation routière", détaille Isabelle Clostre. Et son impact est conséquent puisqu’en plus de s’attaquer à nos voies respiratoires, l’ozone constitue un polluant néfaste pour la biodiversité, entraînant la disparition ou la réduction de certaines espèces végétales ou encore la nécrose des feuilles.

Quelles solutions ?

Si certains facteurs tels que la topographie sont indépendants du bon vouloir de l’Homme, il existe néanmoins bien des leviers d’actions pour améliorer la qualité de l’air en montagne. Pour l’experte de l’Atmo, il est premièrement "nécessaire de massifier drastiquement le renouvellement des vieux appareils de chauffage au bois afin d’en obtenir des outils extrêmement performants." Elle ajoute que d’un point de vue industriel, il est également "essentiel d'adopter les meilleures technologies disponibles et de substituer certaines matières premières."

En outre, l’accélération vers une mobilité plus douce et plus durable est également perçue comme un facteur crucial pour limiter les impacts du changement climatique. Ainsi, la lutte contre l’autosolisme, la mise en place de réseaux de transports en commun, le report massif vers du transport ferroviaire ou encore la démocratisation du vélo à motorisation électrique constituent des axes de développement majeurs pour les prochaines années. "Il est crucial d'intensifier les alternatives à la voiture individuelle et de favoriser les mobilités durables dans les petites villes de moins de 50 000 habitants, a fortiori les vallées. Si ces mesures sont mises en place, ce sera un énorme pas en avant."

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