À Chambon-sur-Lac, dans le Puy-de-Dôme.
© Louis Endelicher/Unsplash
Environnement

L'Auvergne-Rhône-Alpes se prépare au tourisme quatre saisons

Pour répondre à un déplacement des vagues touristiques en France en raison des événements climatiques extrêmes, les territoires comme l'Auvergne-Rhône-Alpes doivent s'armer afin de limiter les impacts sur la biodiversité et les populations. 

Le tourisme, un couteau à double-tranchant, pour les pressions qu'il exerce à la fois sur les populations locales et l'environnement. En 2018, Le secteur représentait 11 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Parallèlement, il est l'un des plus exposé au dérèglement climatique. En Auvergne-Rhône-Alpes, la consommation touristique a généré un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros en 2022, et emploie 221 500 personnes, rendant dès lors des territoires et activités économiques dépendants.

Pourtant, entre stress hydrique en été, et faible enneigement en hiver, le secteur du tourisme, en Auvergne-Rhône-Alpes et ailleurs, doit s'adapter pour devenir résilient aux aléas climatiques. L'une des principales pistes que doit explorer le secteur : s'étaler aux quatre saisons. Plusieurs axes peuvent être travaillés.

Des outils pour encourager le tourisme de proximité

"L'Auvergne-Rhône-Alpes n'est pas une destination touristique", présente d'emblée Jean-François Jobert, directeur adjoint d'AuRA Tourisme. 27 % de la fréquentation touristique de la région sont les habitants eux-mêmes, un autre quart vient de la région parisienne. Alors, la région a développé l'application Partir d'Ici, dont "l'idée est de s'adresser aux habitants tout au long de l'année sur des territoires moins fréquentés que les hot-spots"

Les offres regroupent hébergements, activités telles que musées, visites, accompagnements de randonnée en montagne. Pour être répertorié, les 4 000 offres doivent remplir 45 critères respectant les principes du développement durable. Toutefois, il s'agit d'un auto-diagnostic, bien que vérifié par les offices de tourisme. "On essaie de mettre en avant les pratiques et efforts des professionnels dont les offres sont les plus durables."

Mais quand le sud de la France est touché par des vagues de chaleur à répétition, AuRA Tourisme s'attend à ce que les habitants concernés remontent. "Avec l'évolution du climat, nos territoires sont biens placés pour accueillir les gens en quête de fraîcheur. "L'on peut s'interroger sur la capacité des villes à accueillir de nouveaux touristes, plus nombreux, mais aussi sur la capacité de la biodiversité à supporter ces flux.

D'autant que "les seuls territoires pouvant accueillir en termes de capacité sont les stations de montagne". Jean-François Jobert veut rassurer, "on en est pas encore là", les taux de remplissage des stations en été sont bien plus faibles qu'en hiver. La région travaillerait par ailleurs avec des gardiens de sites et docteurs en biologie pour élaborer des plans de gestion et de capacité de charge à disposition des territoires.

Sensibiliser plutôt que promouvoir 

Même si la région AuRA n'est pas la destination la plus prisée, certains sites connaissent des pics de fréquentation, notamment les stations de ski alpines en saison hivernale, ou les Gorges de l'Ardèche en été où 15 millions de nuitées en 2022 ont été enregistrées. "On est absolument capable de s'abstenir de faire de la promotion sur ces sites."

Pour canaliser les flux, AuRA Tourisme collabore avec les parcs naturels régionaux, préconisant les sites à ne pas mettre en avant car fragilisés ou en réhabilitation. Et Jean-François Jobert de poursuivre : "Quand on fait de la communication, on ne dit pas "venez dans nos parcs", on dit "ces espaces sont fragiles, respectez la signalisation et les sentiers balisés". Des gardes surveillent, ça a pour le moment des effets positifs."

Témoin des afflux de touristes dans le Luberon et en Provence, AuRA Tourisme s'est engagé à ne jamais plus publier de photos sur ses sites de communication de champs de lavande de la Drôme pour ne pas encourager les visites massives de touristes.

La mobilité, principal levier mais des changements trop tardifs

Si les territoires se préparent depuis plusieurs années à un étalement du tourisme à l'année, les mobilités et transports restent le point noir. En effet, en France, le transport représente 77 % des émissions du secteur. Pour se rendre sur les lieux de séjours, 35 % des aller-retours se font en voiture contre un très faible pourcentage en train. 

Jean-François Jobert l'admet, "on ne va pas résoudre le problème de la mobilité en trois ans". En attendant, la plateforme Partir d'Ici a débuté un partenariat pour visualiser les trajets en train, bus et covoiturages disponibles. "La majorité continue de venir en voiture. C'est un travail de longue haleine" que de connecter les territoires de visite par les mobilités douces.

Le dernier kilomètre est le principal axe de travail de AuRA Tourisme. D'une part, certains espaces de la région notamment en Auvergne, sont trop enclavés ou vallonés pour être couverts par le maillage ferroviaire, d'autre part "on ne peut pas faire des navettes dès que des groupes de touristes veulent rejoindre un petit lac ou une forêt", capitule-t-il.

Avant Covid, une nuitée sur deux est réalisée entre juin et septembre, principalement sur le littoral Méditerranée ou Atlantique. Auvergne-Rhône-Alpes continue de s'équiper pour répondre à un allongement des visites touristiques à l'année, malgré les freins en matière de transport difficiles à surmonter pour la région. 

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