L'île de Porquerolles a décidé de limiter le nombre de touristes journaliers face à l'explosion de la fréquentation.
Photo Hugo Petitjean / Pixabay
Biodiversité

Tourisme de masse, surfréquentation et surtourisme, quelles différences ?

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À l'été 2022, la fréquentation touristique retrouvait ses niveaux d'avant Covid-19. Des sites protégés et villes se sont retrouvés submergés par les visiteurs. Du tourisme de masse découle le surtourisme et la surfréquentation, des notions à ne pas confondre bien que leurs implications soient identiques. 

Souvent confondus, le tourisme de masse, le surtourisme et surfréquentation sont trois notions différentes, bien qu'elles portent les mêmes impacts. "Il y a un amalgame dans l'usage des mots, une confusion sémantique ahurissante", remarque Caroline Le Roy, doctorante spécialisée dans l'accompagnement des territoires.

Des définitions proches

Le tourisme de masse implique un élargissement des départs en vacances du tourisme aux classes populaires. Il n'est plus uniquement réservé à une élite mais accessible à d'autres strates de la société, notamment à la suite de l'instauration des congés payés, de l'augmentation du pouvoir d'achat à partir des années 1960 et des baisses tarifaires du transport. Pour Caroline Le Roy, "que le tourisme se soit massifié est une bonne chose" dans le sens où il inclut une dimension sociale. 

Reste que chaque année, 40 % des Français ne partent pas en vacances, période d'expression des inégalités sociales comme le démontre Blast. En revanche, le tourisme de masse se traduit par un déplacement massif de personnes vers les mêmes destinations et entraîne une surfréquentation ou un surtourisme dans les territoires.

Le surtourisme désigne une surabondance de visiteurs par rapport aux capacités d'accueil des infrastructures des sites visités "au point où les impacts négatifs" sur la biodiversité et population "deviennent significatifs". Il s'applique à tout type de destinations. Similairement, la surfréquentation est "spécifique aux espaces protégés, sur un périmètre géographique plus petit où il peut y avoir une forte congestion sur une courte période". La surfréquentation concernent les sites Natura 2000, les Grands Sites de France, les parcs régionaux, les sites Unesco et réserves naturelles protégées. 

Surtourisme et surfréquentation, des enjeux similaires

Le trop grand nombre de visiteurs entraînent des effets négatifs sur l'environnement, les populations locales et même l'expérience touristique qui se retrouve détériorée. Dans le parc national des Calanques (Bouches-du-Rhône), l'afflux massif de touristes à l'été 2020, avec en moyenne 4 000 visiteurs par jour, a causé une dégradation de la flore. Les passages dans les sentiers ont découvert et abîmé les racines des pins. Les déchets laissés dans la zone ont aussi accru : selon WWF, en Méditerranée, 52 % des déchets sont liés au tourisme. 

En plus d'une dégradation de l'environnement, surfréquentation et surtourisme entraînent des nuisances pour les populations locales. Sonores, mais aussi une congestion du trafic et des sites d'accueil, ainsi qu'une tension immobilière. Au Pays basque, selon une étude de l'Agence d'Urbanisme Atlantique et Pyrénées, les locations de meublés de tourisme ont augmenté de 130 % entre 2016 et 2020 dans 24 communes.

L'imposition de quotas pour préserver les sites 

Pour préserver la qualité de vie locale et l'environnement, des communes se lancent dans une campagne de démarketing ou même l'imposition de quotas de visiteurs. C'est le cas des Calanques, de Bréhat (Bretagne) récemment, et les îles de Porquerolles et Port-Cros (Var). Pour Nathalie Marchal, directrice Tourisme Provence Méditerranée à l'Office de Tourisme de Hyères, l'instauration de quotas "est partie d'un constat commun après le Covid de la surfréquentation hallucinante de nos îles. Ce qui a entraîné un prise de conscience des acteurs locaux de l'urgence à préserver ce paradis bleu qu'on a connu".

Conjointement avec les commerçants et écogardes, la métropole de Hyères et l'Office du Tourisme ont instauré une série d'actions "pour que continuent de vivre nos îles le plus longtemps possible". Des jauges quotidiennes de visiteurs ont été jumelées par des tickets de bus pour rejoindre le port de Hyères et inciter à se garer en dehors de la presqu'île. Porquerolles et Port-Cros ont mis en place une vignette vélo pour éviter la surmultiplication des cyclistes qui "détruisent les sentiers".

Si l'imposition de quotas ne permet toutefois pas encore d'observer une régénération significative de la biodiversité locale, elle permet de contenir le surtoursime. En 2021, 207 000 personnes ont voyagé vers Porquerolles, soit 14 % de moins qu'en 2020.

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