Les enjeux environnementaux font désormais pleinement partie des préoccupations des Français, révèle une enquête de Toluna Harris Interactive, commandée par l’Office français de la biodiversité (OFB), réalisée entre le 22 et le 26 mai et publiée le 24 juin.
Une écrasante majorité des interrogés se déclarent "préoccupés ou très préoccupés" par la pollution de l’eau (91 %), la destruction des forêts (89 %), la disparition des espèces animales (87 %), ou encore la pollution de l’air (87 %). Elle affiche également "un large soutien" à l'OFB, aussi connue comme la police de l’environnement.
Un organisme souvent critiqué
Parmi les 2 072 interrogés dans le cadre de l’enquête, 90 % des personnes connaissant l’OFB déclarent avoir une "bonne image" ou une "très bonne image" de cette dernière. Un résultat encourageant pour l’organisme public, qui souffre depuis plusieurs années de nombreuses critiques, en particulier de la part du monde agricole.
Chargée de faire respecter le Code de l’environnement, l’OFB procède à des contrôles administratifs ou des enquêtes judiciaires auprès d’entreprises ou de particuliers. Alors que la majorité de ses interventions concernant le privé ont lieu dans le secteur de l’industrie, la FNSEA et la Coordination rurale, les syndicats agricoles majoritaires, accusent régulièrement l’organisme d’entraver le travail des agriculteurs.
En novembre 2024, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, avait appelé à des actions contre "tout ce qui entrave la vie des agriculteurs (...), les administrations, un certain nombre d'agences".
"On ne veut plus de l'OFB sur nos exploitations, ça suffit. Les contrôles, qu'ils les fassent sur les produits qui entrent sur le territoire", avait déclaré à l'AFP Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale.
Des tensions vives qui avaient mené les ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture à instaurer le "port d’arme discret" pour les agents de l’OFB lors de certaines interventions, afin d’assurer leur sécurité.
Pourtant, sur 21 635 contrôles administratifs réalisés en 2023 par la police de l’environnement, seuls 2 759 ont été effectués dans une exploitation agricole, soit moins de 1 % des 400 000 fermes françaises. Parmi eux, 86 cas seulement avaient conduit à des rappels à l’ordre.
Un manque de connaissances autour des missions de l'OFB
Si les dissensions entre l’OFB et les syndicats agricoles ne semblent pas avoir entaché l’image de la police de l’environnement auprès des Français, celle-ci demeure encore méconnue du grand public.
L’enquête dévoile que seuls 33 % des répondants estiment que l’OFB est connue du grand public. Ainsi, les personnes interrogées tendent à mal identifier les missions de l’organisme, lui attribuant par exemple la création de réglementations à 73 %, ce qui est inexact.
En revanche, les fonctions réelles de l’OFB sont jugées primordiales pour une vaste majorité de Français, comme la protection de la faune et de la flore, la lutte contre le braconnage et les trafics d’animaux, le respect du droit de l’environnement ou encore la sensibilisation du grand public aux enjeux liés à la biodiversité.
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Les répondants estiment aussi que l’OFB a avant tout vocation à réguler les pratiques de loisirs des citoyens quand elles se déroulent au contact de la nature : la chasse (71 %), les loisirs sportifs en nature (66 %) ou la pêche non-professionnelle (65 %).
Les pratiques liées à des activités professionnelles sont en revanche bien moins citées. La pêche professionnelle est évoquée par 58 % des répondants, l’agriculture par 54 % et l’industrie par 52 %. Les taux les plus bas concernent les collectivités locales (40 %) et les entreprises de services (37 %).