Mi-novembre, des représentants de la Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole, s'en sont pris à des agences de l'OFB, saccageant des bureaux dans la Creuse et menaçant un responsable.
"Pour la première fois depuis la création de l'établissement, des manifestants ont forcé l'entrée de nos locaux. Ces attaques, qui visent directement l'OFB et ses missions, sont inacceptables", a dénoncé le directeur général de l'établissement public, Olivier Thibault.
Il n'a, semble-t-il, pas été entendu. Mardi, Arnaud Rousseau, président du syndicat majoritaire FNSEA a promis des actions contre "tout ce qui entrave la vie des agriculteurs (...), les administrations, un certain nombre d'agences".
Un sentiment d'injustice
Ces propos suscitent inquiétude et un sentiment d'injustice au sein de l'établissement public. Il sert de "bouc émissaire", déplore à l'AFP Guillaume Rulin, coordinateur national du syndicat EFA-CGC à l'OFB. "On est sur une volonté d'empêcher les contrôles, pourtant garants d'une équité" entre les agriculteurs qui respectent la réglementation et les autres, poursuit-il.
"Il y a une surenchère au syndicat qui sera le plus anti-réglementation, anti-OFB, en espérant récolter des voix lors des élections professionnelles" de janvier, déplore Thomas, agent à l'OFB ayant requis l'anonymat. "C'est au syndicat qui va dire la plus grosse."
L'établissement, issu en 2020 de la fusion de l'Agence française de la biodiversité et de l'Office nationale de chasse et de la faune sauvage, assure des fonctions de police administrative et judiciaire de l'environnement. Cela concerne par exemple des pollutions de cours d'eau, de l'irrigation en période de sécheresse, l'arrachage de haies.
"On ne veut plus de l'OFB sur nos exploitations, ça suffit. Les contrôles, qu'ils les fassent sur les produits qui entrent sur le territoire", déclarait récemment à l'AFP Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale. Le syndicat agricole réclame le démantèlement de l'OFB et le désarmement de ses agents.
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Contrôle unique
"On comprend très bien les motifs de colère des agriculteurs, qui ont des conditions de vie difficiles et des revenus pas à la hauteur de leur travail", indique Sylvain Michel, de la CGT Environnement.
Pour autant, "il y a une instrumentalisation de ce qui est appelé les contraintes environnementales. Les agriculteurs ont beaucoup de normes à respecter, ça complique leur travail, mais pointer du doigt les opérateurs de l'Etat ne résoudra rien puisque nous ne décidons pas des normes", poursuit-il.
Les relations au quotidien avec les agriculteurs sont dans l'ensemble cordiales, assure Sylvain Michel, à l'instar des autres salariés de l'OFB interrogés, mais "une petite minorité de responsables syndicaux font monter la pression".
Certains agents reconnaissent que des efforts sont à faire en terme de pédagogie à l'égard des agriculteurs, pour mieux expliquer le rôle de l'établissement public.
L'OFB était déjà dans le collimateur des agriculteurs lors des manifestations de janvier-février. Le port de l'arme par les 1 700 inspecteurs de l'environnement, qui contrôlent aussi chasseurs ou braconniers, avait été questionné par Gabriel Attal, alors Premier ministre.
Il est question à présent qu'ils interviennent l'arme cachée. "Ce qui est inquiétant, c'est que les personnes contrôlées dictent ce que font les agents", souligne Thomas, rappelant que 85 agents de l'OFB ou des agences dont il est issu, ont été tués par le passé dans l'exercice de leurs fonctions.
Pour tenter d'apaiser la colère agricole, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a aussi promis un "contrôle administratif unique", pour limiter les visites à une par an et par exploitation, même si à peine plus de 10% d'entre elles ont fait l'objet d'un contrôle en 2023.
Ceci ne devrait guère changer le travail de l'OFB, alors que "ces contrôles, qu'ils concernent la gestion des aides ou la conformité aux normes agricoles, relèvent de la compétence d'autres structures", rappelle le syndicat national des inspecteurs de l'environnement Snape-FO.
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Avec AFP.