Le gouvernement veut réduire de moitié l'usage des pesticides à l'horizon 2030.
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Environnement

Agriculture: "on est entre le marteau et l'enclume", répondent les agents de l'OFB à la FNSEA

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"On est entre le marteau et l'enclume": les agents de l'Office français de la biodiversité (OFB), cible de la colère des agriculteurs et dont certaines actions seront désormais placées sous l'autorité des préfets, ont rappelé vendredi que la pédagogie est "la base" de leur métier

Vendredi soir, après plusieurs jours de crise agricole, le Premier ministre a répondu favorablement à l'une des demandes des syndicats majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs en annonçant que l'OFB "sera sous la tutelle des préfets", afin de "faire baisser la pression" des contrôles.

Le préfet intervenait déjà dans les opérations de police administrative menées par les agents de l'organisme public, mais pas dans la mission de police judiciaire de l'OFB.

C'est la base de notre métier. Quand on fait un contrôle, c'est à 70% de la pédagogie et de la discussion.

Avant les annonces gouvernementales, Vincent Vauclin, secrétaire général CGT-Environnement et également membre du conseil d'administration de l'OFB, avait estimé qu'un tel placement sous tutelle n'aurait pas de sens, rappelant le principe de séparation des pouvoirs.

Plus de pédagogie réclamée

Le préfet étant représentant du pouvoir exécutif, il n'a "pas à intervenir sur une procédure judiciaire" qui doit rester "indépendante et autonome", a-t-il déclaré. Les agriculteurs demandaient également à l'OFB d'"inscrire leurs interventions sous le signe de la pédagogie".

"C'est la base de notre métier. Quand on fait un contrôle, c'est à 70% de la pédagogie et de la discussion", explique Eric Gourdin, secrétaire général UNSA-Ecologie et membre du conseil d'administration de l'OFB, interrogé par l'AFP.

"Il y a déjà de la pédagogie", abonde M. Vauclin, citant l'exemple d'un remblai en zone inondable, ce qui est interdit. Les agents "vont voir si la personne est d'accord pour retirer la terre et la mettre à un autre endroit" et "si le gars fait les travaux rectificatifs sous quinzaine, il n'aura pas son PV", illustre-t-il.

L'OFB compte 3.000 agents, dont 2.000 sur le terrain. On dénombre parmi eux 1.700 inspecteurs de l'environnement, qui disposent de pouvoirs de police administrative et judiciaire. A ce titre, ils font respecter les règles en matière d'usage des pesticides, d'arrachage de haies ou encore de respect des arrêtés sécheresse.

"Est-ce qu'il faut vraiment être armé quand on vient contrôler une haie ? ", s'est interrogé Gabriel Attal en annonçant des mesures pour tenter de calmer la colère agricole.

"Pourquoi on est armé ? Parce qu'on a affaire à toutes sortes de gens qui peuvent être menaçants et qui nous menacent régulièrement", lui répond Eric Gourdin. Un monument aux morts au centre de formation du Bouchet (Loiret) en témoigne: il porte les noms de "peut-être une trentaine de collègues qui ont été tués" dans l'exercice de leurs fonctions.

Pour le monde agricole, "c'est plus facile de désigner des coupables extérieurs, sur des choses un peu périphériques, symptomatiques mais qui ne sont pas le coeur du problème", estime Vincent Vauclin.

"Leur vrai problème, c'est le système agricole intensif, qui n'est ni humain ni naturel", estime-t-il.

Les contraintes environnementales sont issues des lois votées par le Parlement et des règlements décidés par le gouvernement, rappelle pour sa part Eric Gourdin: "nous sommes simplement chargés d'appliquer sur le terrain, ce n'est pas nous qui les faisons".

"On est entre le marteau et l'enclume comme tous les services de contrôle", regrette-t-il.

Le directeur général de l'OFB Olivier Thibault a lui dénoncé, dans une lettre interne dont l'AFP a obtenu copie, "une stigmatisation infondée de notre établissement", en apportant "son plein soutien à tous les agents qui ont subi et subissent encore des attaques et des dégradations ces derniers jours".

Avec AFP.

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