Les écoponts agissent comme un trait d’union pour rétablir les déplacements de la faune perturbés par l’infrastructure autoroutière.
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Les écoponts, comment fonctionnent ces voies réservées aux passages des animaux ?

Essentielles à la mobilité humaine, les autoroutes sont aussi des laboratoires pour la biodiversité. Si le bitume et le vivant ne font pas bon ménage, les écoponts agissent comme un trait d’union pour rétablir les déplacements de la faune perturbés par l’infrastructure autoroutière. C’est pour restaurer les continuités nécessaires au déplacement de la faune qu’APRR-AREA a lancé en 2023 un programme ambitieux de 19 nouveaux écoponts.

En 2023, la France comptait 11 752 kilomètres d’autoroutes selon les chiffres du ministère de la transition écologique. Ce réseau très développé est essentiel pour la mobilité des biens et des personnes. Or, ces autoroutes traversent parfois des zones naturelles riches en biodiversité et pour cela, nécessitent un aménagement spécifique pour faciliter les déplacements de la faune sauvage, qu’ils soient quotidiens (pour le nourrissage par exemple), saisonniers (pour la reproduction ou pour la dispersion des jeunes).  

Les écoponts offrent aux espèces animales les conditions favorables à leurs besoins vitaux. Ils recréent des passages sécurisés où la faune peut circuler librement comme si l’autoroute n’existait pas !  

De quoi parle-t-on ? 

Mais qu’est-ce qu’un écopont, au juste ? "D’une largeur de 25 mètres, les écoponts sont conçus pour être des voies de passage préférentielles pour une grande diversité d’espèces, des plus grandes aux plus petites. Les cerfs, les chevreuils, les hérissons, mais aussi les grenouilles ou les reptiles… tous peuvent ainsi franchir les infrastructures en toute sécurité", explique François Pich, responsable environnement chez APRR-AREA

Les écoponts agissent comme des traits d’union. Les animaux doivent pouvoir se déplacer. C’est un besoin vital pendant leur cycle de vie. Ces ouvrages permettent de rétablir des continuités écologiques coupées par l’autoroute.

Précurseur en la matière, APRR-AREA a construit dès les années 1960 le tout premier passage à faune de France, à hauteur de la forêt de Fontainebleau. Une première initiative suivie par la réalisation d’une centaine d’infrastructures similaires. Et la dynamique se poursuit : en 2024, APRR-AREA a finalisé la livraison de 19 écoponts au terme du plus important programme de ce type en France. Au total, ce sont à présent 119 ouvrages dédiés au passage de la faune sauvage qui ponctuent l’ensemble du réseau.  

Préserver la biodiversité 

Si ces ouvrages se développent, c’est parce qu’ils répondent à un enjeu essentiel : permettre aux animaux de circuler librement en présence d’infrastructures humaines. "Les écoponts agissent comme des traits d’union. Les animaux doivent pouvoir se déplacer. C’est un besoin vital pendant leur cycle de vie. Ces ouvrages permettent de rétablir des continuités écologiques coupées par l’autoroute", rappelle François Pich.  

Si certaines structures existantes (ponts, ouvrages hydrauliques) peuvent parfois être empruntées par la faune, elles ne suffisent pas à garantir la continuité écologique. "Pour faciliter les déplacements de la faune sauvage, il est nécessaire de renforcer et d’optimiser les possibilités de passage. C’est dans ce cadre qu’a été lancé notre programme de construction de passages dédiés." 

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Une construction en deux temps 

Mais comment construit-on un écopont, concrètement ? En moyenne, un an à un an et demi de travaux sont nécessaires. Deux grandes phases se succèdent. La première, consacrée au génie civil, consiste en un chantier classique pour créer un passage supérieur. 

Vient ensuite l’aménagement écologique pour recréer un milieu naturel entièrement végétalisé sur et aux abords de l’ouvrage et favoriser la traversée. "On sème des plantes herbacées, on plante des arbustes, notamment des plantes appétentes parfois des arbres sur et autour de l’ouvrage. On ajoute des andains (amas de roches et de bois) pour créer des micro-habitats qui permettent à la petite faune de se déplacer à l’abri des prédateurs. On installe aussi, quand c’est possible, des mares, très attractives pour la faune grâce à la présence d’eau." 

Un suivi écologique 

Pour mesurer l’efficacité de ces écoponts, un suivi écologique est systématiquement mis en place par APRR-AREA. Il s’étend sur au moins trois ans et concerne une large variété d’espèces, allant des grands mammifères tels que les cerfs et les lynx, aux amphibiens, reptiles et chauves-souris. "Selon les espèces et les contextes, la faune ne réagit pas de la même manière. Le suivi environnemental des ouvrages est primordial pour s’assurer que les objectifs sont bien atteints".  

Ce travail se fait en étroite collaboration avec des experts du vivant pour comprendre le milieu naturel. En fonction du milieu, du sol, du climat et de la végétation observée, les aménagements écologiques peuvent être personnalisés. "C’est du sur mesure. Des inventaires préalables ont d’ailleurs été réalisés sur un cycle biologique complet, à la fois sur la faune et les milieux naturels, afin de choisir son emplacement et d’orienter son aménagement."

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Une stratégie plus large en faveur de la biodiversité 

Les écoponts sont l’un des maillons d’une stratégie environnementale plus vaste engagée par APRR-AREA pour préserver la biodiversité. Deux grands axes la structurent. Le premier concerne la compensation écologique mise en œuvre lors des projets d’aménagement et contribue activement à la protection et l’enrichissement des écosystèmes. "On restaure et préserve des milieux naturels situés près de l’autoroute. Environ 1 000 hectares ont ainsi été restaurés, et bénéficient maintenant d’une gestion spécifique pour maintenir la plus-value écologique, et des suivis sont réalisés pour évaluer leur impact positif sur la biodiversité."

Les talus d’autoroute se transforment en refuges pour la biodiversité. Ils jouent alors un double rôle : abriter la biodiversité et favoriser son déplacement le long des infrastructures.

Le second volet concerne la gestion des espaces verts autour des autoroutes. Certains de ces sites contribuent à la continuité écologique, non pas en permettant à la faune de traverser, mais parce qu’ils constituent des zones refuges. Notamment lorsque les espaces autour sont artificialisés ou d’agriculture intensive ils facilitent les déplacements en créant des continuités le long des autoroutes. "Les talus d’autoroute se transforment ainsi en refuges pour la biodiversité. Ils jouent alors un double rôle : abriter la biodiversité et favoriser son déplacement le long des infrastructures."

En partenariat avec APRR-AREA.