L'ONG Générations futures a appelé mardi à l'interdiction dans toute l'Europe de l'acétamipride, insecticide au coeur d'une bataille sur sa réautorisation en France, dont de nombreuses études scientifiques ont, selon l'association, relevé la toxicité.
L'organisation "s'associe à Pesticide Action Network (PAN) Europe pour réclamer son interdiction pure et simple pour tous les usages en Europe", aussi bien en agriculture que dans certains produits domestiques comme les insecticides contre les fourmis.
"Son autorisation au niveau européen n'aurait jamais dû être accordée tout court, considérant les très nombreuses lacunes de l'évaluation des données réglementaires et les données accablantes disponibles dans la littérature académique", estime l'association, qui veut répondre aux "contre-vérités" circulant selon elle sur cette substance dans le contexte du débat sur la proposition de loi dite "Duplomb".
"Un tueur d'abeilles"
Ce texte réintroduit "à titre dérogatoire" ce produit de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018.
Autorisé ailleurs en Europe, l'acétamipride est réclamé par les filières de la betterave et de la noisette, quand a contrario les apiculteurs dénoncent "un tueur d'abeilles".
Cette substance, moins persistante que d'autres dans le sol, l'est fortement dans les milieux aquatiques (plus de 80 jours pour perdre la moitié de son action), indique l'ONG en citant des études. Sur la faune, des études ont montré ses effets sur les oiseaux (par exemple le moineau), et notamment leur capacité de reproduction, ajoute l'organisation.
Sur les abeilles, "l'acétamipride ne conduit pas à une mortalité directe mais modifie leur capacité d'apprentissage, leur mémoire, leur immunité, ce qui in fine conduit à la mortalité des colonies", selon Pauline Cervan, toxicologue pour l'ONG.
À ce jour "l'évaluation réglementaire est lacunaire" en Europe, estime la toxicologue, car elle omet notamment les effets apparaissant longtemps après exposition ou des types de pollinisateurs encore plus sensibles que l'abeille mellifère.
Pour la santé humaine, ajoute l'ONG, des alertes sont présentes dans la littérature académique sur un effet neurotoxique. L'autorité européenne de sécurité des aliments estime toutefois que la majorité d'entre elles ne sont pas fiables d'un point de vue méthodologique et a recommandé la réalisation d'une étude in vivo effectuée selon des normes OCDE afin de "lever les incertitudes". Mais cette étude n'a toujours pas été réalisée, et en attendant la substance a été réautorisée, déplore l'ONG.
Avec AFP.