L'observatoire du pic de Château-Renard, le plus haut de France à 2.930m d'altitude, accueille autant amateurs d'astronomie que randonneurs.
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Environnement

Au plus haut observatoire de France, des étoiles plein les yeux

"C'est magique": blottie dans une coupole astronomique perchée sur une montagne isolée à 3.000 mètres d'altitude, Colette, 12 ans, regarde émerveillée étoiles, galaxies et planètes dans le téléscope pointé vers un des ciels les plus purs d'Europe.

En cette nuit d'août propice à l'observation des astres et des Perséides, l'observatoire du pic de Château-Renard, le plus haut de France à 2.930m d'altitude, accueille autant amateurs d'astronomie que randonneurs.

Perchés sur un pic rocheux surplombant Saint-Véran, village des Hautes-Alpes de 165 âmes "où le coq picore les étoiles" selon une formule consacrée, ce refuge intimiste et ses trois coupoles blanches offrent une "parenthèse dans le temps", philosophe le père de l'adolescente Thibault Gravier, 41 ans.

Un "moment poétique" mérité : cette famille venue de Marseille essaie depuis trois ans d'obtenir les rares tickets d'entrée et a d'abord dû grimper 900m de dénivelé pour voir de "beaucoup plus près" le ciel et ses nombreux objets.

Pour Colette, le spectacle est "magnifique". Loin des grands axes, au coeur du parc naturel régional du Queyras, la montagne est préservée de la pollution lumineuse et souvent des nuages qui restent accrochés sur les sommets voisins.

Elle bénéficie aussi d'une turbulence atmosphérique particulière, tout en restant accessible : ces conditions rares et idéales pour observer le ciel ont poussé à la construction de l'observatoire en 1974.

Finalement abandonné par la recherche française, le site passe aux mains d'une association d'amateurs pendant 25 ans, puis est rénové en 2015 pour ouvrir ses portes au grand public.

"Vie à part"

L'observatoire a vu sa fréquentation doubler en deux ans: 2.200 visiteurs sont attendus en 2025, contre 1.600 en 2024 et 1.100 en 2023. L'été, il affiche complet. Avec une capacité restreinte de 16 personnes par nuitée, les tickets, à 120EUR par personne, s'écoulent en quelques minutes. Mais pas question de transformer ce site privilégié en "usine", souligne Sébastien Brouillard, responsable de l'observatoire depuis 2021. On est déjà "aux limites de l'exercice", juge-t-il.

A 46 ans, il assure seul toute l'année le ravitaillement du site, accessible par piste caillouteuse, mais aussi la gestion des visites et l'accueil d'une vingtaine d'animateurs qui l'épaulent à tour de rôle. Si ce passionné d'astronomie peut avaler le kilomètre de dénivelé quasi quotidien en 4x4 l'été, la montée se fait en ski de randonnée l'hiver.

"C'est une vie un peu à part, un peu particulière", avec des conditions climatiques, neige, froid, altitude, parfois "rudes", souligne le maître des lieux, confiant avec un sourire : "vivre à 3.000, ça tape un peu sur le système". Ce cadre isolé est justement ce que viennent chercher certains visiteurs, comme Muriel Fabre et René Dubois, plus férus de montagne que d'astronomie, sans s'imaginer "voir des étoiles comme ça, des planètes".

Astronomie accessible

Au milieu de la nuit, ils découvrent emmitouflés, à l'oeil d'un puissant télescope, nébuleuses, galaxies, cratères lunaires et amas d'étoiles avec les explications passionnées des animateurs. Admirer ces objets du ciel "qu'on est pas habitués à voir" avec du matériel professionnel, "c'est impressionnant", souffle leur fils Tanguy, 17 ans.

La montagne était plus tôt plongée dans les nuages, mais les animateurs, principalement des étudiants l'été, ont veillé à l'éclaircie. "On veut rendre l'astronomie accessible" et transmettre la "passion", souligne Kristen Ray, étudiant de 21 ans en physique-chimie.

Aux premières lueurs de l'aube, il pointe le téléscope vers les planètes découvrant l'anneau nettement découpé de Saturne, la brillante Vénus et les striures orangées de Jupiter. Puis ce mordu d'astronomie emmène le groupe observer le lever du soleil, avant d'animer une dernière observation de l'astre, au pic de son activité cette année.

Il se languit déjà de l'été prochain, où il sera cette fois en Espagne pour admirer l'éclipse solaire totale, prévue le 12 août 2026.

Avec AFP.