La cérémonie d’investiture de Donald Trump s’est tenue ce lundi 20 janvier à l'intérieur du Capitole.
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Climat

Climat : qu’est-ce qui va changer avec l’arrivée de Donald Trump ?

La cérémonie d’investiture de Donald Trump s’est tenue ce lundi 20 janvier à l'intérieur du Capitole, en raison du froid polaire qui balaie Washington. Quel impact la politique du 47e président des États-Unis aura-t-elle sur le climat ? Décryptage. 

"Drill, baby, drill !" Il faisait partie des slogans marquants de la campagne présidentielle de Donald Trump, qui a pris fin avec l'annonce de son élection le 6 novembre dernier. Véritable débat de société cristallisant les tensions entre Républicains et Démocrates, le forage massif est devenu l’un de ses fers de lance.  

Avec une production atteignant les 17,8 millions de barils par jour, les États-Unis sont de loin le premier pays producteur de pétrole dans le monde. Cette place a été atteinte en 2017 lorsque le pays a commencé l’exploitation de pétrole et de gaz de schiste. Il s’agit de ressources dites "non-conventionnelles", c’est-à-dire qu’elles nécessitent des techniques de pointe pour être extraites des roches dans lesquelles elles sont emprisonnées. 

Parmi ces techniques, la plus répandue est la fracturation hydraulique (ou "fracking"). Elle consiste à briser la roche en envoyant de l’eau à très forte pression contenant des additifs. La roche est colmatée avec du sable après extraction. Cette technologie révolutionnaire apporte avec elle son lot de misère : des paysages dévastés, des habitants malades, de l’eau non-potable. À Dimok, en Pennsylvanie, l’eau du robinet est même devenue inflammable et un puits a explosé. 

Mais ce n’est pas cela qui va arrêter les ambitions de Donald Trump. En 2020, il avait déjà mis en place une autorisation définitive de forage pétrolier dans l’Arctic National Wildlife Refuge, une zone naturelle protégée du nord de l’Alaska. En janvier 2021, la création d’un moratoire sur cette autorisation a fait partie des premières actions entreprises par Joe Biden à son arrivée au pouvoir. Il finira par l’annuler définitivement en septembre 2023. 

Quitter l’Accord de Paris plus rapidement que la dernière fois 

Ce jeu de ping-pong entre application et annulation des lois aura peut-être également lieu à propos de l’Accord de Paris. Signé par Barack Obama et 194 autres chefs d’Etat en 2015 lors de la Cop 21 à Paris, cet accord fixe comme objectif la limite de +2°C de réchauffement global par rapport à l’ère industrielle.

Ouvertement climatosceptique, Donald Trump n’avait pas hésité à quitter l’accord lors de son premier mandat. Cette décision très controversée avait été l’aboutissement d’une longue attente. Il est en effet prévu dans l’accord que celui-ci ne peut être révoqué dans les trois ans qui suivent sa mise en vigueur. Le président des États-Unis n’avait donc pu notifier à l’ONU son souhait de le quitter qu’à partir de novembre 2019. Il faut ensuite compter un an supplémentaire pour que le retrait soit acté. 

La réintégration de l’accord faisait aussi partie des premiers décrets signés par Joe Biden lors de sa prise de fonction en 2021. Aujourd'hui, si Donald Trump décide de réitérer sa décision, seul le délai d'un an sera pris en compte. La première puissance mondiale et deuxième plus gros pollueur de la planète resterait donc en dehors de l’accord pendant plusieurs années avant une potentielle réintégration. 

De la désinformation climatosceptique

Novembre 2024. Alors que l’ouragan Helene venait de ravager la Floride, faisant une centaine de victimes, Donald Trump déclarait lors d’un meeting en Pennsylvanie que le réchauffement climatique était "l’un des plus gros canulars" qu’il ait entendus. Cette désinformation scientifique, profondément ancrée dans sa communication, a depuis longtemps des conséquences directes : non seulement elle façonne l’opinion publique, mais elle réduit aussi au silence une partie de la communauté scientifique.

Et les effets concrets de cette politique étaient déjà visibles à la fin de son premier mandat, avec des décisions environnementales alarmantes : suppression du Clean Power Plan, adopté par Barack Obama pour inciter les centrales à charbon à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ; affaiblissement du National Environmental Policy Act, qui imposait une évaluation environnementale pour tout projet fédéral ; allègement des normes d’émissions pour les véhicules polluants... Mais alors, à quoi faut-il s’attendre pour ce nouveau chapitre de sa présidence ? Une chose est certaine : tous les signaux d’alerte sont au rouge.