Les pays du monde entier ont jusqu'au 10 février 2025 pour soumettre leurs nouvelles feuilles de routes climatiques.
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Climat

Quelles sont les obligations de l'accord de Paris sur le climat?

Les pays du monde entier ont jusqu'au 10 février 2025 pour soumettre leurs nouvelles feuilles de routes climatiques, selon les obligations de l'accord de Paris de 2015, duquel 195 pays sont membres, en incluant les Etats-Unis qui pourraient en sortir sous Donald Trump l'an prochain.

L'accord de Paris de 2015 vise à maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale "bien en dessous de 2°C" par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C. Le monde s'est déjà réchauffé de 1,2°C ou 1,3°C en moyenne, selon la période considérée.

L'originalité du texte onusien est qu'il ne fixe pas à chaque pays des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Chaque Etat fixe lui-même ses propres objectifs. Mais le texte prévoit de faire des bilans collectifs réguliers (le premier ayant eu lieu en 2023), et d'obliger les pays à mettre à jour tous les cinq ans leurs plans d'action climatique afin d'essayer de combler le retard.

Ces plans sont formalisés dans un document appelé "contribution déterminée au niveau national" (CDN - ou NDC en anglais). Actuellement, les pays ont des objectifs à 2030. Les nouveaux plans doivent fixer de nouveaux objectifs pour 2035.

Le chiffre le plus scruté est la réduction promise d'émissions de gaz à effet de serre, en général par rapport à 1990, mais cela peut être par rapport à 2005 comme dans le cas des Etats-Unis. Les Emirats Arabes Unis, hôtes de la COP28 l'an dernier, viennent de publier une feuille de route prévoyant une baisse de 47% de leurs émissions d'ici 2035 par rapport à 2019.

Que faire pour les tenir ?

A l'issue de la COP28 de Dubaï l'an dernier, les pays ont été encouragés à adopter une nouvelle mise à jour de leurs plans climatiques qui soit compatible avec une trajectoire de réchauffement limité à 1,5°C.

"Plus nous retardons l'action aujourd'hui, plus ce sera difficile de rester sous 1,5°C et plus importantes seront les conséquences", met en garde Sofia Gonzales-Zuniga, du groupe de recherche indépendant Climate Action Tracker (CAT). "C'est pourquoi nous demandons aux gouvernements de passer en mode urgence", a-t-elle dit à l'AFP.

Si le monde échoue à augmenter l'action climatique au cours de cette décennie, cela signifie que "limiter le pic de réchauffement mondial à 1,5°C ne sera pas possible", selon le CAT. La COP30 au Brésil l'an prochain sera l'occasion de mesurer les progrès pour tenir cette limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris.

Sommes-nous sur le bon chemin? Non. La mise en oeuvre intégrale des NDC inconditionnelles mettrait le monde sur la voie d'une hausse des températures de 2,8°C, selon les calculs du programme de l'ONU pour l'Environnement. La mise en oeuvre des promesses conditionnelles (par exemple conditionnées à l'obtention de financements ou à des efforts d'autres pays) ramènerait cette hausse à 2,6°C.

Les émissions devraient décliner de 4% à 10% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2019 selon les plans actuels, bien loin de la chute de 42% nécessaire selon les scientifiques pour garder le réchauffement à 1,5°C.

Et les énergies fossiles ?

Selon le chef de l'ONU-Climat, Simon Stiell, les nouveaux plans doivent refléter l'engagement des pays du monde entier à Dubaï de "transitionner hors" des énergies fossiles - charbon, pétrole et gaz.

"Les nouvelles NDC doivent concrétiser cette promesse", a-t-il pressé. L'Azerbaïdjan, nation productrice de gaz qui accueillera la COP29 en novembre cette année, a promis d'aligner sa feuille de route climatique avec la limite d'1,5°C.

Mais elle fait partie des pays producteurs d'hydrocarbures qui affirment que le monde a encore besoin de nouveaux projets pétroliers et gaziers - pourtant jugés incompatibles avec la limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Comment rendre les plans crédibles ?

"Le strict minimum est de retirer toute référence à l'expansion des énergies fossiles" dans les plans climatiques, estime Paola Yanguas Parra, du groupe de réflexion International institute for sustainable development.

Pour les pays qui n'en font déjà pas mention - comme les Etats-Unis, premier producteur mondial d'hydrocarbures - reconnaître la nécessité de s'éloigner de ces énergies sera "un pas en avant", selon elle.

Avec AFP.