Entre températures records et intensification des événements climatiques extrêmes, les effets des changements climatiques deviennent de plus en plus visibles. Alors que l'ONU annonce une trajectoire de réchauffement à +2,9°C d'ici 2100, il est impératif de réagir rapidement. Cependant, la capacité de la COP28 à fournir une réponse efficace à ce constat, fait l'objet de débats. Pourquoi ? ID vous propose de passer en revue cet événement controversé.
La COP28 : Où et quand ?
Depuis 1995, les COP (Conférences des Parties) réunissent, une fois par an, les membres de la communauté internationale pour faire le point sur l'application des engagements internationaux en faveur du climat et en prendre de nouveaux. Cette année, du 30 novembre au 12 décembre, la COP28 se tient à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis, un géant de la production de combustibles fossiles.
Qui est le sultan Ahmed Al-Jaber, le président de la COP28 ?
En janvier dernier, Ahmed Al-Jaber, ministre de l'Industrie des Émirats Arabes Unis, a été nommé président de la COP. Polyvalent, le sultan a plusieurs cordes à son arc. Au-delà d'être l'un des leaders politiques du pays, il est le dirigeant de la compagnie pétrolière nationale des Émirats, l'ADNOC, douzième sur le marché mondial des hydrocarbures. Une nomination source de débats depuis son annonce, soulevant des interrogations sur l'indépendance et la transparence des discussions annoncées sur les énergies fossiles.
Alors que les températures grimpent, quels sont les sujets chauds de la COP ?
Une COP qui dressera le premier bilan des engagements de Paris
En 2015, à l'occasion de la COP21 à Paris, les États s'étaient engagés à contenir le réchauffement climatique "nettement en dessous de 2°C" et idéalement sous les 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle. Or, pour le moment, les comptes ne sont pas bons. L'ONU a indiqué qu'avec les engagements actuels des États sur le climat, le monde se dirigeait vers un réchauffement de +2,9°C d'ici l'horizon 2100. À Dubaï, de nouveaux engagements politiques forts sont donc attendus.
La sortie des énergies fossiles
Les énergies fossiles sont responsables de plus de 75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre selon l'ONU. Rien qu'en 2022, le charbon, le gaz et le pétrole ont émis 36,8 milliards de tonnes de CO2, un record. Jusqu'à présent, aucune COP n'est parvenue à un accord demandant explicitement la réduction ou la sortie des énergies fossiles. Seule la COP26 à Glasgow a mentionné "une sortie progressive du charbon", sans afficher d'objectifs concrets. La COP28 sera donc l'occasion d'approfondir la question de la sortie des énergies fossiles. Négocier la diminution ou la sortie des énergies fossiles dans un pays exportateur de pétrole : impossible ? Pas forcément, mais une chose est sûre, le sujet ne pourra pas être contourné et est déjà brûlant.
La protection et l’aide aux populations et états les plus vulnérables
Lors de la COP27, les pays du Sud ont obtenu la création d'un fonds pertes et dommages pour financer la réponse aux impacts des catastrophes climatiques, auxquels ils sont les plus vulnérables, alors qu'ils ont le moins contribué au réchauffement de la planète. La COP28 sera l'occasion de revenir sur la mise en œuvre opérationnelle de ce dispositif : qui financera ce fonds ? Qui sera indemnisé ? Dans quelles mesures et sous quelles modalités ? À l'instar de GreenPeace, bon nombre d'ONG proposent de financer ce fonds grâce à la taxation des entreprises des énergies fossiles et aux contributions des États pollueurs historiques.
Pourquoi la COP faisait-elle polémique avant même d’avoir débuté ?
La place privilégiée des acteurs de l’industrie fossile
Le président de la COP n’est pas le seul acteur affilié à l'industrie pétrolière présent à la COP ; les lobbys des énergies fossiles s'immiscent de manière croissante dans ce rendez-vous mondial pour le climat. Selon la coalition d'ONG "Kick big polluters out" ("Éjectez les gros pollueurs"), au moins 7 200 accréditations ont été octroyées par les Nations Unies à des individus ouvertement liés aux énergies fossiles depuis 2003. Leur nombre augmente constamment, passant de 500 à Glasgow en 2021 à 600 à Charm el-Cheick en 2022. Combien seront-ils à Dubaï ?
Le président de la COP aurait profité de sa position pour passer des contrats avec sa compagnie pétrolière
La BBC a révélé que le Sultan Ahmed Al-Jaber aurait exploité sa position de président de la COP pour négocier des contrats impliquant la compagnie pétrolière dont il est à la tête, Adnoc. Des documents établis dans le cadre de la préparation de l'événement indiquent des échanges avec au moins 27 pays, en vue du développement de partenariats pétroliers ou axés sur les énergies renouvelables. Une information que les Émirats Arabes Unis n'ont pas contestée, se contentant sobrement de déclarer que "les réunions privées sont privées".
Dans les coulisses de la COP, McKinsey organise un plaidoyer pour les énergies fossiles
Le 7 novembre, une enquête de l’AFP révélait que le cabinet de conseil McKinsey défendait, en privé, les intérêts des énergies fossiles auprès des organisateurs de la COP28. Conseillant gratuitement les responsables de l'événement, McKinsey a présenté un "récit de la transition énergétique" aux Émirats Arabes Unis. Ce dernier prévoit une réduction de la consommation de pétrole de 50 % d’ici 2050 et un investissement massif dans le pétrole et le gaz d’ici là ; un chiffre deux fois plus élevé que celui préconisé par l’Agence Internationale de l’Énergie. Une source de l’AFP qui a assisté aux discussions confidentielles du cabinet avec les organisateurs du sommet a déclaré "McKinsey appelle vocalement et effrontément à des niveaux d'ambition plus bas en matière d'élimination du pétrole aux plus hauts niveaux de la présidence de la COP28".
Le calvaire des ouvriers sur le chantier de l'évènement
C’est le comble. Pour achever les infrastructures accueillant le plus grand événement mondial de l'année dédié à la gestion et à l'atténuation du réchauffement climatique, des travailleurs, majoritairement des migrants d'Asie et d'Afrique, ont dû œuvrer sous des températures harassantes. Une enquête de FairSquare a révélé qu'en septembre dernier, pour respecter les délais, ces ouvriers ont travaillé en extérieur sous des chaleurs extrêmes pouvant atteindre 42°C, un environnement potentiellement dangereux, voire fatal, pour leur santé. Des conditions qui contreviennent aux normes internationales du travail et aux lois des Émirats Arabes Unis.
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