Bus électrique en France.
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Climat : des scientifiques identifient des "points de bascule positifs" pour accélérer la transition

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Des scientifiques ont établi une méthode permettant d'identifier des "points de bascule positifs" pour accélérer la lutte contre le dérèglement climatique.

Tout est parti d’un constat : les moyens mis en œuvre pour lutter contre le surplus d’émissions de gaz à effet de serre ne suffisent pas. "Pour respecter l’Accord de Paris et limiter le réchauffement climatique ‘bien en dessous de 2 °C’, les émissions nettes mondiales de gaz à effet de serre d’origine humaine doivent rapidement tomber à zéro, ce qui signifie que l’économie mondiale doit se décarboner au moins cinq fois plus vite qu’actuellement", constatent un groupe de chercheurs européens dans leur dernière étude.

À travers l’exposé de leur recherche, ils démontrent qu’il existe des "points de bascule climatique" qui permettraient d’atteindre l’objectif de "neutralité carbone" fixé lors de la COP 21. Cela désigne le seuil à partir duquel une modification minime peut entrainer une transformation majeure, potentiellement même irréversible.

Des points de bascule déjà atteints

Certains points de bascule sont déjà bien connus du grand public, comme l’énergie solaire ou les voitures électriques. Toutefois, l’étude indique que beaucoup d’autres de ces points sont nécessaires pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la transition vers un monde sans énergies fossiles.

Dans leur étude, les chercheurs proposent une méthode pour identifier ces points de bascule. Ils tentent d’abord de trouver des preuves "qu’un système, ou un système similaire, a déjà basculé par le passé". C’est le cas, entre autres, du Royaume-Uni qui a franchi un "point de bascule" en 2012 en éliminant la production d’électricité au charbon et en adoptant l’énergie éolienne comme ressource. Selon l’étude, les émissions de CO₂ auraient diminué de 10 % en un an.

D’autres facteurs sont à prendre en compte pour qu’une bascule ait lieu. L’étude met notamment en avant "l’adoption autonome" de comportements et de technologies à faibles émissions de carbone.

On peut citer, par exemple, les voitures électriques. Plus d’individus en achètent, plus les prix diminuent et les infrastructures se développent. Par effet dit "boule de neige", cela encourage d’autres personnes à investir dans ce type de véhicule, "accélérant ainsi la transition [environnementale]", rappellent les chercheurs.

Consommer moins de viande

Cette même dynamique peut s’appliquer à d’autres domaines tels que la consommation de viande. Les chercheurs sont optimistes : "Avec des politiques favorables, des options sans viande devenant moins chères et de meilleure qualité, ainsi qu’une influence sociale, nous pourrions observer un impact majeur sur la consommation de viande et potentiellement un point de bascule avec des bénéfices pour le climat et la santé".

"Une meilleure compréhension des points de bascule positifs et l’amélioration des méthodes pour les étudier sont importantes car elles fournissent des modèles validés empiriquement pour accélérer les transitions vers la neutralité carbone", estime Frank Geels, un des chercheurs ayant participé à l’étude.

Cependant, "nous ne devons pas nous attendre à ce que tous les secteurs et activités responsables des émissions de gaz à effet de serre puissent basculer vers une alternative à émissions nulles ou faibles", précisent les scientifiques. Ils s’appuient notamment sur le cas de l’énergie nucléaire qui n’atteint pas de point de bascule dans le monde. En effet, certains pays, comme l’Allemagne, refusent encore d’investir dans ce domaine.