Elle était présente dès le matin sur TF1 et BFMTV pour assurer son soutien à la proposition de loi Duplomb, examinée le jour même par une commission mixte paritaire. Quelques heures avant que celle-ci ne trouve un compromis, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, était l’invitée de Darius Rochebin sur LCI.
Au cours d’un débat centré sur les conséquences du changement climatique, avec pour toile de fond la canicule dans laquelle la France est plongée depuis plusieurs jours, la ministre a déclaré que "ce n’est pas le fait de manger de la viande qui va forcément dégrader l’empreinte thermique de chacun d’entre nous".
Mme Genevard répondait à une déclaration de M. Rochebin, qui citait la viande comme l’une des habitudes mises en place par les Français pour réduire leur empreinte carbone. Elle a justifié sa position en soulignant que "les prairies où paissent les animaux sont des capteurs de carbone puissants".
Les sols, puissants puits de carbone ?
Les prairies, et les sols en général, sont effectivement des puits de carbone naturels. Cela signifie qu’ils absorbent et stockent une partie du CO2 produit par les activités humaines, participant à réduire nos émissions. Toutefois, la superficie des sols naturels de la France est bien trop réduite pour compenser efficacement ses émissions de CO2. Entre 1980 et 2018, les espaces artificialisés ont augmenté de 72 %.
De plus, les sols français sont fortement dégradés, en particulier à cause de l’usage des pesticides et des intrants, qui les ont considérablement appauvris. Comme le rappelle le Réseau Action Climat, le "carbone entre dans les sols principalement par l’intermédiaire des végétaux, qui captent le CO2 de l’atmosphère par photosynthèse", l'appauvrissement des sols empêchant donc son absorption efficace.
L’empreinte carbone de la viande
Si la fonction de puits de carbone des sols ne fait pas une différence marquante dans notre bilan carbone, la consommation de viande est en revanche un levier puissant.
Selon un rapport publié en 2023 par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’élevage est responsable de 6,2 milliards de tonnes de CO2 chaque année. Cela correspond à 12 % des émissions anthropiques mondiales et à près de 40 % de celles générées par l’ensemble de la chaîne agroalimentaire. Si aucune mesure n’est prise, ce chiffre pourrait grimper jusqu’à 9,1 milliards de tonnes de CO2 à l’horizon 2050.
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L’étude souligne que la majeure partie de ces gaz à effet de serre proviennent d’émissions directes, notamment de méthane. 30 fois plus réchauffant que le dioxyde de carbone, ce gaz est émis lors de la digestion par les animaux ruminants, comme les bovins.
Pour l’élevage porcin et la volaille, les émissions proviennent principalement de l’importation de nourriture. Celle-ci provient souvent de fermes céréalières situées en Amérique du Sud, participant ainsi à la déforestation.
Réduire sa consommation de viande reste donc l’un des gestes les plus efficaces à adopter au quotidien pour diminuer son empreinte carbone, quitte à ce que des "prairies où paissent les animaux" ne servent plus à cet usage.