Un total de 4 500 touristes par jour, pas un de plus, pas un de moins. Du 28 juillet au 22 août 2025, l’Île-de-Bréhat (Côtes-d’Armor) appliquera des quotas à l’entrée du site pour limiter le nombre de visiteurs. Une mesure déjà mise en place les années précédentes et que la municipalité a renouvelée sans hésitation.
Cette année, un arrêté municipal limite la fréquentation à 4 500 personnes entre 8 h 30 et 14 h 30 du lundi au vendredi. Pour le maire de Bréhat, Olivier Carré (SE), cette jauge est nécessaire pour l’environnement. Au micro de Franceinfo, il affirme que l'érosion des roches de l'île est "le résultat des piétinements par milliers des gens qui vont au phare".
Protéger la nature sans la rendre inaccessible
Ce n’est pas le seul site touristique à avoir adopté cette mesure en France. Depuis quelques années, des jauges sont mises en place à l’entrée d’attractions touristiques naturelles dans une tentative d’endiguer la masse de visiteurs trop importante.
C’est le cas, par exemple, des Calanques de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, ou encore de l’île de Porquerolles dans le Var. Cette dernière accueillait entre 8 200 et 10 000 visiteurs par jour avant la crise du covid selon le parc national de Port-Cros, auquel elle appartient. Alors, en 2021, la métropole Toulon-Provence-Méditerranée a décidé de fixer une jauge quotidienne de 6 000 touristes.
D’après l’Organisation mondiale du tourisme (UNWTO), 95 % des touristes internationaux visiteraient moins de 5 % des terres émergées. À l’échelle de la France, il est estimé que 80 % de l’activité touristique se concentrent sur 20 % du territoire.
Certes, la fréquentation touristique participe favorablement au développement économique d’une région et, plus généralement, de la France. Depuis plusieurs années, l’Hexagone détient le titre du pays le plus visité au monde selon le baromètre de l’Organisation mondiale du tourisme. L’année dernière, selon les données de l’Organisation, environ 100 millions de touristes étrangers ont visité la France.
Cependant, les problèmes de surtourisme affectent fortement les populations locales et l’environnement. Pour faire face à ce problème, les municipalités adoptent donc des mesures restrictives pour endiguer le flux de voyageurs sur leur territoire et réduire l’impact environnemental du tourisme.
Des effets néfastes sur l’environnement
Surconsommation des ressources naturelles, pollution, destruction des écosystèmes et de la biodiversité… les conséquences sont nombreuses. L'association WWF estime dans un de ses rapports que 52 % des déchets trouvés dans la mer Méditerranée seraient liés au tourisme balnéaire.
Pour les sites touristiques le long du littoral français, ces conséquences sont bien visibles, notamment à cause de l’érosion. Toutefois, tous ne sont pas soumis à ces jauges de fréquentation, ce que déplore par exemple Shaï Mallet‑Bitton, co-présidente de l’association Étretat Demain. En 2022, elle demandait dans les colonnes du Figaro une jauge "autour de 5 000 visiteurs, au-delà de laquelle le village fermerait" lors des jours de forte affluence.
Le gouvernement a lancé en juin 2023 un plan national de régulation des flux touristiques. Il vise à encourager "le tourisme des ‘quatre saisons’", c’est-à-dire à répartir ses visites sur toute l’année plutôt que de les concentrer sur la période estivale, ainsi qu’à "promouvoir des sites moins connus". Les initiatives personnelles pour limiter ce phénomène sont également fortement encouragées.