Passagers montant à bord du train de nuit Paris-Berlin le jour de son inauguration, Berlin, le 11 décembre 2023
© Image AFP
Société

Inauguration du train Paris-Berlin : comparatif carbone des transports pour se rendre dans la capitale allemande

En avant toute ! Après neuf ans d’absence, la ligne de train de nuit Paris-Berlin a repris du service. L’occasion, pour ID, d'analyser concrètement l'impact environnemental de nos déplacements en comparant l'empreinte carbone des différents moyens de transport pour se rendre dans la capitale allemande. Décryptage.

Le lundi 11 décembre, la ligne de train de nuit Paris-Berlin reprenait du service. Fermée en 2014, cette réouverture marque une volonté politique d’investir plus largement dans les mobilités douces. Exploitée par la Deutsche Bahn, la SNCF et la compagnie autrichienne ÖBB, elle assure dès à présent trois allers-retours par semaine entre les deux capitales. L’offre devrait devenir quotidienne à l’automne 2024.

Une volonté politique de promouvoir les mobilités douces

L’inauguration de la ligne ferroviaire s'inscrit dans une volonté globale de promouvoir des modes de transport plus durables, moins émetteurs de CO2. Très fréquenté par le passé, le train de nuit est progressivement tombé en désuétude face à la concurrence croissante des TGV et des vols low cost. En 2016, seules deux lignes nocturnes subsistaient en France.

Pourtant, générant 30 % des émissions de CO2, le transport est le 1ᵉʳ secteur émetteur de Gaz à effet de serre (GES). Face aux enjeux d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques de plus en plus prégnants, le train de nuit a peu à peu retrouvé ses lettres de noblesse. En juillet 2020, Emmanuel Macron annonçait vouloir "redévelopper massivement" ce transport bas-carbone, une volonté concrétisée dès 2021 avec les réouvertures des lignes Paris-Nice et Paris-Vienne. La veille de l'inauguration du train Paris-Berlin, c’est le Paris-Aurillac qui reprenait du service après 20 ans d’absence. Une tendance qui n’est pas près de s’essouffler, si l'on en croit Clément Beaune, ministre des Transports, qui a déclaré à France Info : "On va continuer avec jusqu’à dix lignes de trains de nuit."

L’initiative est saluée et suivie par les adeptes du slow travel, qui semblent de plus en plus nombreux. En témoigne la SNCF qui a récemment rapporté que 215 000 voyageurs avaient dormi sur les rails au cours de l’été 2023, 15 % de plus que lors de la saison estivale précédente.

Dans quelle mesure le train est-il un moyen de transport écologique ? 

On nous le dit et on nous le répète : le train serait un moyen de transport écologique et durable. D’accord, mais concrètement, qu’est-ce que ça veut dire ? Dans quel ordre de grandeur prendre le train est-il plus écologique que l’avion ? Pourquoi le préférer alors qu’il est plus long et, bien souvent, plus cher ? 

Comparer l’empreinte carbone de nos différents moyens de transport, c’est ce que propose de faire ID en prenant le cas précis d’un voyage Paris-Berlin. Comment ? Grâce au calculateur d’émissions de carbone mis en place par l’ADEME. Ce dispositif permet de calculer de manière simple et ludique l’empreinte carbone de nos trajets en fonction du moyen de transport utilisé. Pour un Paris-Berlin, ça donne ça :

Empreinte carbone d'un trajet Paris - Berlin selon le moyen de transport utilisé
© Agir pour la transition - Ademe

Road trip en solo à Berlin : 1/4 de l’empreinte carbone annuelle recommandée

Surprise ! Contrairement à ce à quoi on pourrait s'attendre, le moyen de transport émettant le plus de gaz à effet de serre (GES) pour un trajet Paris-Berlin n'est pas l'avion, mais la voiture thermique ! Avec une empreinte carbone estimée à 229 kg de CO2, un road trip Paris-Berlin aller-retour représente un quart d’un bilan carbone individuel annuel de 2 tonnes, l’objectif recommandé pour maintenir le réchauffement climatique à un seuil tolérable. Bien que le score des voitures électriques soit plus louable – elles émettent deux fois moins de CO2 que les voitures thermiques pour le même trajet — il faut rappeler que l’indicateur ne prend pas en compte les émissions de fabrication, qui restent très élevées pour ce type d’automobile.

Pour rouler durable, optez pour le covoiturage

Pour continuer de rouler en limitant l’impact de ses déplacements, le covoiturage est une bonne option. Un constat qui apparaît très clairement sur cet exemple du Paris-Berlin : être accompagné de 3 covoitureurs permet de diviser par 4 son empreinte carbone. L'aller-retour représente alors « seulement » 6,7 % d'un budget carbone de 2 tonnes. En plus de son caractère écologique, le covoiturage est économique et permet de diviser les frais d’essence et de péage !

Un bilan carbone de l’avion pas si terrible ?

Comme nous l'avons constaté, l'empreinte carbone d’un Paris-Berlin en voiture thermique est plus importante que celle de l’avion. Mais ne nous y trompons pas, l’avion n’en est pas vertueux pour autant. Déjà, le trajet génère tout de même 202 kg de CO2. Ensuite, si l'impact carbone d'un Paris-Berlin est plus élevé en voiture qu'en avion, c'est parce que les facteurs d'émissions associés à l'avion décroissent en fonction de la distance, ce qui n’est pas le cas de la voiture thermique. En d'autres termes, plus vous parcourez de kilomètres en avion, moins les émissions par kilomètre seront élevées. Toutefois, cela ne signifie pas que voyager loin n'a pas d'impact, car dans tous les cas, plus on va loin, plus on émet de CO2. Par exemple, un Paris-Sydney en avion émet 2 895 kg de CO2, soit presque deux fois l'empreinte carbone annuelle par individu préconisée.

Train : Un bilan carbone 16 fois inférieur à celui de l’avion

En fin de compte, le train s'impose comme le champion incontesté des modes de transport à faible émission. Un voyage en TGV n'émet que 4,2 kg de CO2. Bien que la ligne TGV reliant Paris et Berlin ne soit pas encore opérationnelle, elle devrait être mise en service d'ici à la fin de l'année 2024. L'empreinte carbone d'un voyage en intercité est estimée à 13 kg de CO2, et le train de nuit Paris-Berlin devrait avoir un impact similaire. Un aller-retour représente donc 26 kg de CO2, soit à peine 1,3 % des 2 tonnes annuelles recommandées. L'impact carbone du train est ainsi 18 fois moins élevé qu'une voiture thermique, 16 fois moins qu'un avion, et toujours 4 fois moins qu'une voiture avec trois passagers. 

Le train s'affirme comme le choix de transport idéal pour continuer à voyager tout en adoptant une démarche durable. Cependant, il n'est pas certain que le retour progressif des trains de nuit réussisse à provoquer une transformation significative de nos habitudes de déplacement, notamment en raison de son prix. Un récent rapport de Greenpeace souligne à cet égard que, à trajet équivalent, le train est en moyenne deux fois plus cher en Europe que l'avion.

Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici ! 

Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre guide Idées Pratiques #13 : "Sport et écologie : mode d’emploi”. 

Au sommaire : enjeux, analyses, entretien décryptages... 68 pages pour faire du sport en étant écolo au quotidien ! 

Cliquez ici pour découvrir et commander votre guide Idées Pratiques. 

#TousActeurs