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©Ian LANGSDON/POOL/AFP
Politique

Dernier acte pour la Convention citoyenne pour le climat, à l'heure du bilan

Au terme d'un exercice inédit en France, les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat se prononcent en fin de semaine sur la traduction par le gouvernement de leurs propositions pour lutter contre le réchauffement climatique.

Réunis en visio - Covid oblige - ils vont passer au crible le plan de relance, le budget, divers décrets, les projets de loi "climat et résilience" ou l'introduction de la protection de l'environnement dans la Constitution. Les différents canaux par lesquels le gouvernement assure traduire la quasi-totalité de leurs 149 propositions. Une mise en oeuvre très critiquée par les écolos, qui accusent l'exécutif d'avoir ratiboisé les ambitions des "citoyens". Et Emmanuel Macron d'avoir renié sa promesse de transmettre leurs propositions "sans filtre".

De son côté, le gouvernement vante une "ambition" inédite pour faire entrer "l'écologie au quotidien". Et le président, défendant son bilan vert, martèle qu'"aucun gouvernement n'a fait autant pour l'écologie". Cette Convention, c'est lui qui l'a voulue, suite à la crise des Gilets jaunes, dont l'étincelle fut précisément l'instauration d'une "taxe carbone" sur le carburant, vécue comme injuste. Une assemblée délibérative inédite de 150 personnes tirées au sort puis sélectionnées (critères de sexe, âge, études, profession) pour constituer une "France en petit". Mission, proposer des mesures pour "réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 40 % d'ici 2030 (par rapport à 1990), dans un esprit de justice sociale".

Lancée début octobre 2019, initialement pour une durée prévue de quatre mois, la Convention a rapidement vu son calendrier bousculé, d'abord en raison du mouvement contre la réforme des retraites puis du Covid.

"Jokers"

C'est donc finalement fin juin que les 150 sont reçus dans les jardins de l'Elysée pour présenter à Emmanuel Macron 149 propositions. Les Verts viennent de faire un carton aux municipales et le président endosse leurs propositions, à l'exception de trois "jokers", dont la réduction de la vitesse sur autoroute et une taxe sur les dividendes. La lune de miel ne va pas durer, même si une ex-EELV, Barbara Pompili, devient ministre de l'Ecologie dans le nouveau gouvernement constitué peu après. Si l'exécutif se targue d'avoir fléché vers l'écologie 30 milliards d'euros du plan de relance, les réunions de préparation des mesures pour mettre en musique les propositions tournent souvent à la descente en flammes.

Aviation, automobile, publicité, Medef... les différents lobbies se mobilisent et Bercy semble gagner les arbitrages, alors que le pays est plongé dans une violente récession après de longs mois de cessation d'activité pour cause de pandémie. Le président lui-même en rajoute, raillant comme des "Amish" qui veulent "revenir à la lampe à huile" les partisans d'un moratoire sur le déploiement de la 5G... une demande de la CCC ! Au point qu'à la rentrée, les citoyens se fendent d'une lettre ouverte, regrettant de "manquer d'un soutien clair et défini de la part de l'exécutif". Les ONG pilonnent ses propositions et le réalisateur Cyril Dion, qui avait pourtant suggéré l'idée de Convention au président et en a été désigné "garant", lance une pétition en ligne pour "sauver la CCC".

"Le travail n'est pas fini"

En décembre dernier, Emmanuel Macron retourne devant les 150, avec plusieurs promesses, notamment un possible référendum sur l'inscription de la défense de l'environnement dans la Constitution. Mais l'exécutif ne convainc pas, alors que justice et instances indépendantes en rajoutent dans la critique. L'Etat est condamné pour manquements dans la mise en oeuvre des engagements de réduction des gaz à effet de serre et sommé de justifier ses actions. Et le Haut Conseil pour le climat critique le plan de relance, celui sur la rénovation énergétique des bâtiments et enfin la loi climat.

Ce week-end, c'est aux membres de la Convention de donner leur vision, en votant sur la traduction dans les faits de leurs objectifs par l'exécutif, mais aussi sur l'intérêt même de l'exercice. "On est un peu déçu, car on ne retrouve pas toutes nos propositions," résume Mélanie Cosnier, coprésidente de l'association "Les 150" qui rassemble la majorité des "citoyens". "Certains trouvent que c'est déjà bien, d'autres que ce n'est pas assez, d'autres qu'on s'est vraiment moqué de nous". Mais beaucoup n'entendent pas en rester là, malgré la fin officielle de la Convention, et veulent oeuvrer désormais auprès des parlementaires pour faire avancer leurs propositions. "Le travail n'est pas fini," insiste Mélanie Cosnier. "C'est comme Star Wars, on croit que c'est terminé, mais il y a toujours un nouvel épisode".

Avec AFP.

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