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Environnement

Le Haut conseil pour le climat donne ses pistes pour une transition écologique réussie

Réussir la transition écologique pour être mieux préparés face aux crises sanitaires et climatiques : le Haut conseil pour le climat propose des pistes concrètes au gouvernement pour que les décisions prises aujourd'hui ne grèvent pas notre avenir.

Le HCC, instance indépendante créée par Emmanuel Macron pour évaluer les politiques publiques de lutte contre le réchauffement climatique, a élaboré un rapport spécial sur la crise du Covid-19 et ses conséquences, avec 18 recommandations, publiées mardi soir.

Il s'agit de "guider les actions afin que les décisions prises permettent de nous reconstruire de manière plus résiliente aux risques sanitaires et climatiques", a expliqué la présidente du HCC, Corinne Le Quéré, lors d'une conférence de presse via internet.

La crise du coronavirus" rappelle de façon brutale notre fragilité, (...) le peu d'attention que nous portons aux signaux d'alerte, les manques de préparation et de prévention", a souligné la climatologue. Pour les chercheurs et les économistes du HCC, il est indispensable de mettre la transition écologique et la réduction des gaz à effet de serre au coeur de la relance économique.

"Les risques climatiques sont extrêmement importants", rappelle la climatologue franco-canadienne, et "si on néglige encore les alertes comme on l'a fait pour les pandémies, on sera dans un monde (avec) des impacts effroyables", avertit-elle.

Conditionner les aides publiques

Le Parlement examine le projet de budget rectificatif, avec 110 milliards d'euros d'aides, dont 20 milliards pour recapitaliser des entreprises stratégiques en difficulté. Et de nombreuses voix ont appelé à ne pas reproduire la même erreur qu'en 2008, quand le plan de relance avait favorisé des activités polluantes. La reprise doit être "verte, pas grise", insiste le HCC.

La France compte réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% entre 1990 et 2030 et prévoit d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, mais elle n'est pas sur la bonne voie. Les aides budgétaires et incitations fiscales aux collectivités et entreprises doivent être "clairement subordonné(es) à l'adoption explicite de plans d'investissement et de perspectives compatibles avec la trajectoire bas-carbone", plaide le Haut conseil.

"Plus les contraintes sont claires dès le début, plus elles ont de chances de succès", a souligné Mme Le Quéré. Le HCC cite le secteur automobile, où toute aide devrait s'inscrire dans une reconversion vers des véhicules "propres", électrique ou hydrogène, et s'accompagner d'un renforcement des normes de pollution de l'air.

La climatologue met aussi en garde contre les velléités de "reconstruire comme avant, coûte que coûte, certains secteurs comme l'aérien, très polluant", au moment où le gouvernement s'apprête à soutenir massivement Air France.

Le HCC prône à l'inverse les transports "doux" - marche, vélo -, le télétravail, des "infrastructures plus résilientes", interrogeant le "sous-investissement massif dans la maintenance du réseau ferroviaire". Il faut aussi "dynamiser la rénovation énergétique des bâtiments", créatrice d'emplois, ou "préserver et accroître les écosystèmes terrestres et côtiers" pour stocker du carbone.

Plus d'Etat, de sobriété

L'effondrement des prix du pétrole est le bon moment pour "enlever les exonérations fiscales", dans les secteurs routier et aérien par exemple, car ces mesures auront peu d'impact, plaide Corinne Le Quéré. Il ne doit pas servir d'excuse en revanche pour se détourner des énergies renouvelables.

Pour Laurence Tubiana, architecte de l'Accord de Paris sur le climat de 2015, si les ressources budgétaires sont mal dirigées, ceci "fait courir un risque pour les politiques climat". Il est aussi "très important de protéger l'emploi" et d'avoir "un filet de sécurité social".

"La plupart des causes structurelles de la pandémie sont aussi à l'origine du changement climatique, en particulier la pression insoutenable que nous exerçons sur les milieux naturels", a rappelé Mme Le Quéré. Le HCC est favorable à la réduction des inégalités via les politiques publiques et "un retour de l'Etat et des solidarités", à "plus de sobriété" dans nos modes de vie et des "indicateurs de bien-être" en plus du PIB.

"L'engagement des citoyens (doit être) valorisé", plaident ses membres, citant l'exemple de la Convention citoyenne pour le climat. "On entend un souhait du président de la République de reconstruire un monde meilleur", a relevé Mme Le Quéré. "Mais est-ce que cela va se traduire effectivement en mesures qui vont nous emmener vers un monde meilleur, ou est-ce que les lobbies et la pression de temps sera trop grande?"

Avec AFP.

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