En Charente, le coronavirus a vidé un centre de tri qui débordait de déchets.
©Christoph DE BARRY / Hans Lucas / AFP
Environnement

Le coronavirus a permis d'écouler les déchets recyclables d'un centre de tri

Trois mille tonnes de déchets recyclables écoulées grâce à la crise du coronavirus: près d'Angoulême, le centre de tri de Mornac (Charente) respire mieux alors qu'il était au bord de l'asphyxie avant le confinement.

Il y a quatre mois, Atrion, deuxième plus gros centre de ce type en Nouvelle-Aquitaine, ressemblait à une décharge: balles de papiers et cartons étaient stockées à l'intérieur et jusque sur les parkings du site. "Les engins et les camions de collecte avaient de plus en plus de mal à manoeuvrer à cause de l'encombrement, sans parler des risques d'incendie et de pollution", raconte François Filippi, directeur en charge de l'exploitation à Calitom, le service public des déchets de Charente dont dépend Atrion.

Le centre, comme d'autres collectivités, en était réduit à devoir payer les papeteries pour qu'elles récupèrent les balles de "gros de magasin" (GM), des cartons et papiers de piètre qualité. Un comble. La cause ? La décision fin 2019 de Pékin de ne plus importer des vieux papiers et cartons venus d'Europe. La Chine alimente désormais son circuit de recyclage uniquement grâce à son économie intérieure.

Mais la pandémie de Covid-19 et le début du confinement ont totalement inversé la donne. "Le 16 mars, l'économie s'arrête", rappelle François Filippi. "La population commence à faire des stocks. En France, en trois jours, on a acheté ce qu'on consomme normalement en paquets de pâtes en un an ! Les usines ont dû tourner à bloc. Elles avaient un besoin urgent de papiers et de cartons recyclés. Tout en sachant qu'avec les mesures sanitaires, les centres de tri allaient fermer. Les papeteries se sont ruées sur nos marchandises. Les prix sont remontés en flèche".

La tonne de GM passe ainsi d'une valeur négative à 5 euros en mars, 20 euros en avril et 55 euros en mai.

"Inondé d'appels"

"Comme nos problèmes de stockage avaient été énormément médiatisés (...), toutes les papeteries de France savaient qu'on ne manquait pas de papier à Mornac. On a été inondé d'appels", dit aujourd'hui le responsable de Calitom. Les 3.000 tonnes de surplus disparaissent en quatre semaines !

Ce répit est toutefois temporaire et le centre de tri charentais "sera à nouveau noyé sous les papiers dans trois mois", prédit M. Filippi. "Le problème est structurel: les papeteries chinoises n'ont plus besoin des déchets venus d'Europe pour tourner".

En juin, avec les mesures de déconfinement, le prix de la tonne de GM est d'ailleurs reparti à la baisse. "Les pays européens n'avaient pas prévu le coup. Il va falloir des années avant de constituer notre propre réseau de papeteries", explique aussi le responsable.

En attendant, les pouvoirs publics vont devoir décider quoi faire de ces futurs surplus. Puisque le Code de l'environnement interdit l'enfouissement des déchets recyclables, c'est désormais la question de leur incinération qui se pose. Et à plus long terme celle de possibles nouveaux débouchés, comme la fabrication de papier toilette ou la production de biomasse.

Mais la crise sanitaire a aussi eu son revers pour Atrion : le centre de tri est maintenant confronté à la chute drastique des prix du pétrole. A cause de la pandémie, la tonne de PET clair, la matière qui sert à fabriquer les bouteilles d'eau minérale, est passée de 350 à 220 euros, soit une baisse de 37%, remarque François Filippi. Résultat: "Il est devenu plus intéressant pour les sociétés comme Evian ou Vittel d'acheter de la résine vierge que notre PET même si réglementairement, elles sont encore obligées d'intégrer 25% de matière recyclée dans la fabrication des bouteilles".

Et pour les plastiques moins nobles, l'écroulement des prix est encore plus spectaculaire: quand Atrion vendait une tonne de polyéthylène haute densité (PEHD) 210 euros en 2018, il doit aujourd'hui débourser 48 euros pour s'en débarrasser.

Avec AFP.

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