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Le chiffre

Biodiversité : 60 % des animaux sauvages ont disparu en 44 ans

"Malgré les nombreuses études scientifiques internationales et les accords politiques confirmant que la conservation et l’utilisation responsable de la diversité biologique sont des priorités d’ordre mondial, la biodiversité continue de décliner", alerte le WWF dans son rapport Planète Vivante 2018. 

Entre 1970 et 2014, les populations d'animaux vertébrés sauvages ont chuté de 60 % au niveau mondial selon l'édition 2018 du rapport Planète Vivante du Fonds mondial pour la nature (WWF), dont les données se basent sur le suivi de 16 704 populations de 4 005 espèces.

Particulièrement exposée, la région néotropicale, qui comprend l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale accuse le plus gros déclin, avec une perte de 89 %, contre - 31 % pour la région paléartique couvrant l'Europe - dont la Russie-, l'Afrique du nord et le Moyen-orient. Les populations du Néarctique (Amérique du Nord et Groënland) quant à elle "s'en sortent mieux", avec une baisse estimée à - 23 %. 

"Les principaux moteurs du déclin de la biodiversité sont la surexploitation et l’agriculture, toutes deux étant le résultat de notre consommation effrénée", détaille le rapport, qui pointe également la menace liée aux espèces envahissantes, dont la propagation dépend là encore "fortement" d'activités humaines liées au commerce, telle que le transport maritime par exemple. "La pollution et les perturbations diverses, par le biais de l’agriculture, des barrages, des incendies et de l’exploitation minière, sont des sources supplémentaires de pression. Le changement climatique joue un rôle croissant et commence déjà à avoir un effet sur les écosystèmes, les espèces, et même au niveau génétique", complète le document. 

Une "chance inespérée"

Il n'est pas trop tard, veut pourtant croire le WWF, qui rappelle l'importance de la biodiversité, "essentielle à notre santé, notre bien-être, notre alimentation et notre sécurité, mais aussi à la stabilité des systèmes économiques et politiques mondiaux". "Les systèmes naturels et les cycles biochimiques que génère la diversité biologique permettent un fonctionnement stable de l’atmosphère, des océans, des forêts, des paysages et des cours d’eau. Ils sont, tout simplement, une condition préalable à l’existence de notre société humaine moderne et prospère et à la poursuite de son épanouissement".

A condition toutefois de sortir du "statu quo" et d'affirmer des ambitions fortes. "Malgré les nombreuses études scientifiques internationales et les accords politiques confirmant que la conservation et l’utilisation responsable de la diversité biologique sont des priorités d’ordre mondial, la biodiversité continue de décliner", note l'organisation, qui appelle à profiter des deux prochaines années pour "façonner une vision de l’avenir positive pour la nature et les hommes". "La Convention sur la diversité biologique est en train de fixer de nouveaux objectifs et cibles pour l’avenir. Ceux-ci, en plus des Objectifs de Développement Durable (ODD), deviendront les cadres internationaux principaux relatifs à la protection de la nature et l’amélioration de l’état de la biodiversité."

"Peu de personnes ont eu la chance de participer à de vraies transformations historiques. C'est notre chance", résume Marco Lambertini, directeur général de WWF à l'AFP.