Dans un contexte marqué par l’inflation et le conflit russo-ukrainien, les sujets liés à l’énergie occupent une place croissante dans les préoccupations des Français et Françaises. Malgré cet intérêt grandissant, une grande part d’entre eux font preuve d’un niveau de connaissances limité, notamment sur les énergies renouvelables (ENR), et plus particulièrement les éoliennes, comme le démontre une étude Ifop, réalisée en 2022 pour Iberdrola auprès d’un échantillon de 2019 personnes.
D'après les résultats de cette enquête, "77 % des répondants se sentent mal ou plutôt mal informés concernant la façon dont les éoliennes sont démantelées et recyclées", "72 % sur la façon dont elles sont produites" ou encore "68 % sur l’impact de la filière éolienne sur l’économie nationale". De quoi alimenter plusieurs idées reçues. ID passe au crible quelques-unes d’entre elles.
"Les énergies renouvelables produisent de l’énergie de manière variable"
Tout dépend de quelle énergie renouvelable on parle. S’il est vrai que le solaire, l’éolien ou encore l’hydrolien produisent de l’énergie de façon intermittente – selon le cycle jour/nuit, les conditions météorologiques et les marées, l’énergie biomasse (bois de chauffage) et l’hydraulique peuvent être programmés et fournir continuellement de l’électricité.
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"Les énergies renouvelables ne polluent pas"
Certes, les énergies renouvelables, comme le solaire ou l’éolien, n’émettent pas de CO2 quand elles fonctionnent. En revanche, leur fabrication nécessite l’extraction d’une grande quantité de matériaux (acier, cuivre, silicium) ce qui entraîne des émissions de gaz à effet de serre. Tout comme la phase de transformation.
Par ailleurs, ces énergies, pour la plupart intermittentes, sont souvent compensées par des sources carbonées, telles que les centrales à gaz ou au charbon. Se pose alors la question du stockage d’énergies renouvelables pour éviter d’y avoir recours.
"Les éoliennes menacent la biodiversité"
Selon la LPO (Ligue de Protection des oiseaux), les éoliennes peuvent en effet "provoquer des collisions avec des individus en vol, des pertes et fragmentations d’habitats ou des perturbations comportementales, toutes liées à la présence d’aérogénérateurs et à leurs lieux d’implantation". L’association de défense animale précise que "les groupes les plus vulnérables semblent être les oiseaux et chiroptères migrateurs, les rapaces ainsi que les chauves-souris de haut vol."
Les panneaux solaires pourraient aussi avoir un impact sur la faune et la flore quand ceux-ci "sont développés au sol dans des zones naturels", ou qu’ils se substituent "à des espaces agricoles" contribuant à "l’artificialisation des sols sur des surfaces parfois importantes".
Un constat partagé par le Comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) qui, tout en soutenant le développement des énergies renouvelables, plaide pour une prise en compte systématique des enjeux de biodiversité.
Depuis quelques années, les lois françaises semblent bouger en ce sens. Adoptée en 2023, celle dédiée à l’accélération de la production d’ENR prévoit par exemple l’installation de nouveaux projets en priorité sur des milieux déjà artificialisés.
"Les énergies renouvelables ne se recyclent pas"
Si le recyclage des éoliennes et panneaux solaires tarde encore à advenir, principalement pour des raisons économiques, cette pratique reste cependant tout à fait possible pour ce type d’équipements, comme en témoigne par exemple l’ouverture de la première unité de recyclage de panneaux photovoltaïques, à Rousset, dans les Bouches-du-Rhône.
Par ailleurs, depuis juin 2020, la législation française "impose des objectifs de recyclage, à la fois pour les éoliennes déjà installées et pour les éoliennes futures", comme le souligne le ministère de la Transition écologique dans un document publié en 2021.
"Les énergies renouvelables vont détruire des emplois"
Dans les années à venir, la transition énergétique va certes impliquer des suppressions d’emplois dans les industries liées aux fossiles mais aussi la création de nouveaux dans les énergies renouvelables, aussi bien à l'échelle mondiale que nationale. En France, le secteur génèrerait déjà plus de 166 000 emplois, comme l'indique le Syndicat des énergies renouvelables (SER) indique dans un communiqué de presse publié en juin 2024. La filière des énergies marines progresse notamment particulièrement, avec 6 500 emplois fournis en 2021, et au moins 20 000 (directs et indirects) à pourvoir d'ici 2035 sur le territoire.
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