Le chantier de l'autoroute A69.
© Lionel Bonaventure/AFP
Environnement

La nouvelle mobilisation prévue pour "enterrer" l'A69 interdite par la préfecture

Plusieurs milliers de personnes sont attendues en fin de semaine dans le Tarn pour "enterrer" l'autoroute A69, un nouveau week-end de mobilisation contre ce projet qu'un arrêté préfectoral a interdit mardi soir en raison "des risques manifestes de troubles graves à l'ordre public".

"De par tous les messages de soutien qu'on reçoit et toutes les personnes qui ont envie de venir (...) on s'attend à être nombreux", a affirmé à l'AFP par téléphone Martin, l'un des organisateurs, souhaitant rester anonyme.

Mais le préfet du Tarn a interdit mardi, par arrêté, tout rassemblement d'opposants à l'A69, invoquant les "violences graves et répétées" auxquelles les précédentes manifestations contre l'A69 avaient donné lieu.

Dans leurs précédents arrêtés annonçant des mesures de police renforcées, les préfectures locales ont évoqué "au minimum 2.000 participants selon les services de renseignement".

Depuis le printemps 2023 et les premiers coups de pioche de ce chantier visant à créer 53 km de voie rapide entre Castres et Toulouse, la contestation est montée en intensité, prenant différentes formes: manifestations, grèves de la faim, occupations d'arbres au coeur de zones à défendre, ou encore recours juridiques.

A partir de vendredi après-midi et jusqu'à dimanche, les anti-A69 sont appelés par des collectifs écologistes, parmi lesquels les Soulèvements de la Terre, à participer à une "Turboteuf" pour dire: "l'A69, c'est toujours non", dans un lieu encore inconnu "aux abords du tracé de l'autoroute".

Or, à ce jour, "aucune organisation ni association n'a déclaré assumer la responsabilité juridique de cet événement" et des messages circulant sur les réseaux sociaux "appellent explicitement à des actes violents et à des actions de destruction", a dénoncé la préfecture du Tarn, dans un communiqué, expliquant son arrêté d'interdiction.

"Contexte assez tendu" 

Fin février, le tribunal administratif de Toulouse a ordonné une interruption des travaux de l'autoroute, estimant qu'il n'y avait pas de raison impérative d'intérêt public majeur (RIIPM) pour justifier les dégâts causés à l'environnement.

Cette décision, saluée comme une victoire par les opposants, a donné lieu à plusieurs recours des pro-autoroute: d'un côté devant la justice administrative, de l'autre, par le biais d'une proposition de loi visant à valider rétroactivement les autorisations environnementales du chantier.

Celle-ci devrait faire l'objet d'une adoption dans les prochains jours, après un ultime vote dans les deux chambres du parlement.

"A notre connaissance, c'est la première fois que des élus essaient de contourner une décision de justice (en passant par la voie parlementaire, NDLR) c'est quand même un tournant autoritaire sans précédent que l'on constate autour de cette lutte", a dénoncé Martin.

Parallèlement, avant l'examen du dossier au fond prévu à la fin de l'année, la cour administrative d'appel de Toulouse a autorisé fin mai une reprise du chantier, que l'AFP a pu observer timide sur le terrain depuis peu.

Cette bataille juridico-politique entre pro et anti se traduit par de fortes tensions locales.

Quatrième mobilisation 

Ces derniers jours, des enquêtes ont ainsi été ouvertes par le parquet de Castres, notamment pour "dégradations", alors que des propriétés d'opposants à l'A69 ont été ciblées par des tags, des pancartes nominatives ou des actes de malveillance.

La Turboteuf est la quatrième mobilisation d'ampleur, après des rassemblements en avril et octobre 2023 puis juin 2024, les deux derniers étant marqués par des affrontements avec les forces de l'ordre.

Estimant que la manifestation présente "des risques manifestes de troubles graves à l'ordre public", la préfecture du Tarn a interdit tout rassemblement dans les 17 communes tarnaises du tracé autoroutier de l'A69 du jeudi 3 juillet 08H00 jusqu'au lundi 7 juillet à 20H00", indique le texte publié mardi soir.

Avec sa voisine de Haute-Garonne, elle avait d'abord pris des mesures de police spécifiques sur 24 communes, interdisant par exemple le transport de carburant, de produits chimiques, de peinture en aérosol, de pneus usagés ou d'autres matériaux combustibles, éléments susceptibles d'être utilisés par les manifestants.

"La préfecture (...) fait monter la sauce de manière à faire peur à l'opposition, à impressionner les gens (...) parce qu'ils n'ont pas envie qu'on se rassemble et qu'on manifeste notre désaccord, mais cela ne pas va nous en empêcher", a déclaré Martin, au sujet de ces premières mesures.

Avec AFP.