La climatisation est un appareil efficace pour abaisser la température de l'air mais à quel prix ?
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Environnement

Comment la climatisation participe au réchauffement climatique

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Utilisée dans les logements, les entreprises, les écoles ou encore les hôpitaux, la climatisation apparaît comme l’outil le plus efficace pour lutter contre la chaleur. Pourtant, sa participation au réchauffement climatique n’est plus à prouver. 

Depuis quinze jours, une vague de chaleur intense traverse la France. Météo France a placé jusqu’à 16 départements en vigilance rouge canicule mardi et deux personnes sont décédées suite à des coups de chaud. Face à cette situation, particuliers et professionnels se prémunissent en installant un système de climatisation. Dans le monde, dix climatiseurs sont vendus chaque seconde et, selon les derniers chiffres de l’Agence de la transition écologique (ADEME), le taux d’équipement en France est passé de 14 % en 2016 à 25 % en 2020.

Cependant, cette solution n’est efficace qu’à court terme en raison des conséquences néfastes qu’elle a sur l’environnement. 

Un composant "fortement" polluant

Pour comprendre ces conséquences, il faut d’abord savoir comment fonctionne une climatisation. Grâce aux lois de la physique, elle absorbe l’air ambiant dans une pièce et rejette la chaleur vers l’extérieur. Ce processus est rendu possible grâce à un produit que l’on appelle le fluide frigorigène qui appartient à la famille des fluides fluorés.

Or, ceux-ci "contribuent encore plus fortement aux émissions de gaz à effet de serre", précise l’ADEME. Normalement, ce fluide est enfermé dans le système de climatisation et n’est pas supposé s’en échapper mais "des émissions de gaz frigorigène sont possibles à diverses occasions : en fabrication, en maintenance, sous forme de fuites pendant la durée d’utilisation et en fin de vie", rappelle l’organisme. 

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De son côté, le fournisseur d’électricité et de gaz Engie invite les propriétaires de climatiseurs à respecter le protocole d’entretien : "ll faut confier la maintenance des appareils à un professionnel. L’entretien régulier de votre climatiseur permet de maintenir ses performances et d’éviter les risques de surconsommation". 

Dans un rapport datant de 2021, l’ADEME estime que "les émissions de gaz à effet de serre relatifs aux fluides sont plus de deux fois plus importantes que les émissions liées à la consommation d’électricité". En effet, sa consommation électrique est aussi à prendre en compte pour comprendre ses effets sur la planète.

Des appareils énergivores 

Les systèmes de climatisation ont besoin de beaucoup d’électricité pour fonctionner, entre 300 à 500 kWh par an en moyenne selon l’ADEME, soit autant qu'un frigidaire. Selon la loi de l’offre et la demande, il faudra ainsi produire plus d’électricité pour alimenter ces appareils. 

Cependant, selon le Réseau de transport de l'électricité (RTE), les sources de production d’électricité verte ou à faible empreinte carbone ne sont pas aussi productives l’été que le reste de l’année. Les vents faibles qui accompagnent les périodes caniculaires ralentissent la production éolienne et les panneaux solaires fonctionnent moins bien lorsqu’ils sont soumis à de fortes températures. Pour le nucléaire, qui apparait souvent comme une alternative à faibles émissions de CO₂, les centrales tournent souvent au ralenti car elles peinent à être alimentée en eaux de refroidissement (eaux trop chaudes ou pénuries). Souvent, l’été est aussi dédié à la maintenance pour préparer la saison hivernale. 

Un cercle vicieux 

Dans une étude, plusieurs scientifiques dont la climatologue Valérie Masson-Delmotte démontrent que "les climatisations peuvent déclencher une consommation d’énergie importante et aggraver le stress thermique extérieur". De plus, les climatiseurs rejettent toujours l’air chaud à l’extérieur du bâtiment, ce qui participe à l’augmentation générale des températures. "Le risque de canicule est un exemple typique", ajoutent les scientifiques. Ce phénomène est particulièrement vrai dans les zones urbaines où on parle dès lors "d’îlots de chaleur". On entre ainsi dans un cercle vicieux : la climatisation est utilisée parce qu’il fait chaud, ce qui entraine une augmentation des températures donc on augmente la puissance de la climatisation. 

Lors de ses dernières recommandations, la Convention citoyenne pour le climat appelait à "interdire l’utilisation de la climatisation en dessous de 30°C" pour tous les lieux publics et privés, hormis les commerces de bouche, les hôpitaux ou encore les lieux accueillant des personnes fragiles.

Toutefois, la climatisation reste aujourd’hui le moyen le plus efficace pour refroidir la température de l’air. Des alternatives peuvent être envisagées ou encore une adaptation de nos usages. Par exemple, l’ADEME encourage à "limiter le recours à la climatisation avec un ensemble de solutions et de bons gestes pour rafraichir les villes, mieux concevoir les habitations et ne pas faire entrer la chaleur dans son logement". La climatisation n’est donc pas complètement à bannir mais à utiliser… avec précaution et modération.