Mercredi, Shein et la Société des grands magasins (SGM) ont dévoilé une alliance pour l'ouverture progressive de six magasins physiques et pérennes aux couleurs de la marque de mode asiatique à prix discount, dont l'un se situera au sein du BHV Marais, en plein coeur du Paris touristique.
Problème, Shein, qui ne vendait jusqu'alors ses produits qu'en ligne ou via des boutiques éphémères, est accusé de nombreux maux, notamment de tuer le prêt-à-porter français. Et le projet, une première mondiale, a aussitôt suscité une levée de boucliers chez les commerçants et certains politiques.
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"On ne cautionne pas ce type de partenariat", a réagi pour sa part la Caisse des dépôts (CDC), sollicitée jeudi par l'AFP.
Le groupe a ensuite ajouté dans un communiqué qu'il "n'a jamais été informé des projets commerciaux de la SGM avec l'entreprise Shein", et que "toute décision d'investissement de la Caisse des dépôts et de ses filiales est strictement conditionnée au respect des valeurs", notamment "de soutenir une économie responsable et de proximité" et "favoriser la transition écologique".
Une position qui pourrait mettre la SGM dans l'embarras.
Cette foncière commerciale, créée en 2021 par deux trentenaires frère et soeur, Frédéric et Maryline Merlin, a racheté en 2023 aux Galeries Lafayette le fonds de commerce du BHV, en difficulté.
En juin 2025, la SGM et la Banque des territoires, une entité de la Caisse des dépôts, sont entrées en négociations exclusives pour acquérir les murs de l'emblématique Bazar de l'Hôtel de Ville, toujours propriété des Galeries Lafayette.
Cette opération, à l'issue de laquelle la SGM "restera majoritaire", est "soumise à la mise en place d'un financement complémentaire", avaient précisé à l'époque les deux acheteurs.
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La participation de l'investisseur public doit toutefois aider la SGM à concrétiser un rachat qui patinait depuis plus de deux ans, évalué à 300 millions d'euros, selon le magazine Challenges.
Interrogée sur l'impact de l'accord SGM-Shein sur ces négociations, la Caisse des dépôts n'a pas commenté.
Vent debout contre l'implantation de magasins Shein en France, plusieurs élus ont demandé au gouvernement jeudi de se pencher sur l'actionnariat de la SGM. "Ils peuvent s'acheter une bonne réputation avec de l'argent privé, mais pas avec de l'argent public", a ainsi déclaré le député LR Antoine Vermorel-Marques.
"Nous maintenons le dialogue avec les élus, les partenaires et l'ensemble des acteurs du secteur pour expliquer la réalité et les enjeux positifs de ce partenariat", a réagi la SGM auprès de l'AFP, disant "comprendre" les "interrogations" qu'il suscite.
Avec AFP