Guillaume Jouffre, cofondateur de GreenGo.
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"Des hébergements de qualité, respectueux de l'environnement": le pari de cette plateforme de location

Voyages en avion à l'autre bout du monde, flux de personnes concentrées dans des lieux fragiles ou protégés... Contre les excès du tourisme de masse, certains acteurs s'attachent à proposer des expériences plus locales et plus sensées, en mettant l'accent sur le durable et le lien social.  

Dans certains endroits de la planète, les plateformes de location de logements entre particuliers, dont la plus populaire, Airbnb, sont devenus symboles des excès du tourisme de masse. À Amsterdam, le géant de la location a été délogé du centre-ville, et à Barcelone, la maire Ada Colau a fait de la lutte contre Airbnb une de ses priorités depuis 2014. À chaque fois, le leader de la réservation est tenu pour responsable de la mort du marché traditionnel de la location et de la dégradation des conditions de vie des locaux, sans compter l’impact environnemental des flux touristiques. Guillaume Jouffre s’est confié à ID au sujet de GreenGo, une toute nouvelle plateforme de location française dont il est le directeur général, et qui se présente comme une alternative aux acteurs traditionnels.

Comment présenteriez-vous GreenGo ?

GreenGo est une alternative française et responsable à Booking.com et Airbnb. Nous sélectionnons en France des hébergements originaux, de qualité, respectueux de l’environnement, et globalement, chez des gens sympathiques. Nous développons donc un modèle plus équitable et responsable, avec une juste rémunération des hôtes et un juste prix du voyage pour le voyageur.

Que recouvre le terme "éco-responsable" dans votre initiative ?

Nous avons une approche plutôt bienveillante et inclusive à ce propos, à l’inverse d’une approche qui serait exclusive, avec beaucoup de critères à remplir. L’important pour nous est que les hôtes soient dans une démarche d’action concrète pour l’environnement et affichent une volonté de progrès individuel. Chaque hôte qui s’engage sur GreenGo signe donc une charte avec un certain nombre d’engagements. Pour ce qui est de l’évaluation, nous avons une méthodologie basée sur 80 critères, inspirés des labels environnementaux qui existent sur le marché. Nous sommes donc dans une démarche d’information optimale aux voyageurs, sur les critères remplis ou ceux qui ne le sont pas. Nous avons aussi développé une méthode d’évaluation carbone des hébergements, basée notamment sur les travaux de l’ADEME et de la recherche en la matière. C’est pour le moment optionnel, car nous n’avons pas encore la légitimité pour l’imposer à tous les hôtes.

Un vrai échange humain doit être au centre d’une démarche de développement durable et de transition écologique."

En tant qu’utilisateur de la plateforme, de quoi vais-je pouvoir bénéficier concrètement une fois dans l’hébergement ?

En termes d’expérience, nous retenons trois piliers principaux. Le premier est la qualité de l’expérience elle-même, notamment le rapport qualité/prix de la location. Le deuxième est la démarche du respect de l’environnement des personnes qui accueillent. Enfin, le troisième aspect retenu est le côté humain de l’expérience chez l’hôte, avec de l’échange. Par exemple, je suis récemment allé en week-end dans un gîte GreenGo dans le Finistère. La démarche environnementale des hôtes était visible au travers du logement éco-construit, de produits d’entretien éco-responsables, d'un jardin avec une biodiversité riche, de produits proposés qui sont locaux, etc. L’échange était également au centre de l’expérience, un vrai échange humain qui doit selon nous être vecteur d’une démarche de développement durable et de transition écologique.

À la vue de votre site, on constate qu’il y a souvent un fort rapport à la nature dans les logements que vous proposez…

Effectivement, c’est le cas pour le moment, puisque du fait de notre taille nous avons dû cibler une population restreinte d’hébergements. Nous n’avons pas envie que cela soit trop exclusif puisque nous aimerions aussi proposer des logements en ville, donc pas forcément proches de la nature mais toujours éco-responsables, avec une faible empreinte carbone. Mais il est vrai qu’un cadre sauvage et ressourçant est un plus pour l’expérience.  

Actuellement, l'enjeu est donc de trouver des hébergeurs ?

L’enjeu est double, lorsque l’on est une plateforme, puisque nous avons le côté offre d’une part et le côté demande de l’autre. Il faut donc avoir une offre d’hébergeurs suffisante pour le volume de voyageurs qu’on attire et inversement. C’est donc une recherche d’équilibre constante. Dernièrement, on constate qu’il y a beaucoup de trafic côté voyageurs sur notre site, il nous faut donc en effet trouver plus d’hébergeurs. Nous en avons pour le moment environ 120, et certaines régions restent insuffisamment couvertes par notre maillage, donc le facteur limitant se trouve plutôt du côté de l’offre pour le moment.

Nous avons vocation à proposer des hébergements au plus grand nombre."

Pour ce qui est du prix, est-ce que votre positionnement induit un budget plus important pour le voyageur ?

Le prix fait partie de nos critères de sélection. Dans la charte d’engagement, chaque hébergeur s’engage à respecter un rapport qualité/prix équitable. Lorsque l’on sélectionne un hôte, nous regardons de notre côté les prix proposés au regard de la qualité de l’hébergement. Vous ne trouverez pas de cabane dans les arbres à 400 euros la nuit sur GreenGo, parce que ce n’est pas ce qui nous semble juste. Nous avons vocation à proposer des hébergements au plus grand nombre, même s’il y a aujourd’hui des biais dans notre assortiment, puisque nous n’avons pas encore beaucoup d’hébergeurs et que l’offre dépend en partie de demandes que nous avons reçues. Il faudra un peu de temps pour que tout cela soit complètement en accord avec nos convictions.

Concernant votre modèle économique, vous vous fixez quel objectif pour que votre modèle soit viable ?

Nous sommes aujourd’hui à 20 000 euros de transactions au bout de deux mois d’activité. D’ici fin 2021, nous visons les 1 000 logements disponibles via GreenGo, avec un peu plus de 500 réservations, et 30 000 par an à horizon trois ans. Nous atteindrions alors une taille critique qui serait viable.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Pour écouter la chronique Social Lab, cliquez ici

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