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Bio lointain, production conventionnelle en circuit court... Comment s'y retrouver ?

Dans l’Hexagone, ailleurs au sein de l’UE ou sur d’autres continents, les normes de l'agriculture biologique diffèrent. Quid de la distribution des produits, qui représente une part non-négligeable de l'impact carbone global de ceux-ci ? Faut-il privilégier le bio venu de loin, ou le conventionnel local ?

Bio, de saison, local, en circuit court... Telles seraient les formules gagnantes d'une alimentation respectueuse de sa santé et de la planète. Si l'agriculture biologique est prisée comme un type de production plus respectueux de l’environnement, selon son mode de distribution, elle entraîne aussi d'autres types de pollution. Entre circuits courts en conventionnel et produits bio importés, quelle est la meilleure alternative ? 

Les circuits courts, parfois plus polluants ? 

Bananes de Martinique ou encore avocats d’Amérique du Sud sont monnaie courante sur nos étals de supermarchés français. Tous ces produits, bien qu'estampillés bio, parcourent des milliers de kilomètres en avion, en bateau ou en camion, générant ainsi une grande quantité d’émissions de gaz à effet de serre. D'un bout à l'autre de sa chaîne de valeur, le bio n’est donc pas sans conséquence sur l'environnement. D’autant que, si l’étiquette mentionne le pays d’origine du produit en question, elle ne fait pas état du mode de transport utilisé pour l’importer.

Faut-il alors privilégier l’approvisionnement en circuit court ? Malgré leurs atouts indéniables, ceux-ci n'ont pas toujours tout bon. Notamment lorsque l'on parle de ces filières, plus "petites", et donc parfois avec une logistique moins bien organisée que les autres. Dans un avis paru en 2017, l'Ademe faisait par exemple état de ce constat : les circuits courts peuvent s'avérer plus polluants que les plus longs. Si le mode de production reste le premier point à prendre en considération, d'autres facteurs entrent en ligne de compte, à commencer par le mode de transport utilisé. "Si dans le cadre des circuits de proximité, les produits parcourent une distance plus faible, les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas, pour autant, systématiquement plus faibles. Ramenées au kilogramme de produit transporté, elles peuvent parfois même être plus élevées", note l'Agence. Exemple : "Les émissions par kilomètre parcouru et par tonne transportée sont environ 10 fois plus faibles pour un poids lourd de 32 tonnes et 100 fois plus faibles pour un cargo transocéanique que pour une camionnette de moins de 3,5 tonnes : ils permettent de parcourir de plus grandes distances avec un impact gaz à effet de serre équivalent".

Toutefois, les circuits courts pratiquent une agriculture plus souvent de saison et bio. L'Ademe estime encore que près de 10 % des exploitations en circuits courts pratiquent l’agriculture biologique, contre 2 % en circuits longs. 

Autre dimension, selon le journal spécialisé LSA Conso, les distributeurs investissent davantage dans le local, mais tous n’ont pas la même définition. Certains choisissent ainsi de travailler directement avec les producteurs tandis que d’autres préfèrent passer par l’intermédiaire des plateformes logistiques. Par ailleurs, les circuits courts n’ont pas de définition officielle délimitant la proximité en question. 

Les importations de produits bio en Europe : réglementation renforcée

En France, les importations représentent 31,9 % des produits alimentaires biologiques vendus sur le territoire national, selon les chiffres de l’Agence bio. En 2020, celles-ci représentaient alors plus de 33 %. Outre le mode de transport qui peut poser question, les normes européennes en matière d'agriculture biologique ne sont quoi qu'il soit, pas universelles.

En 2018, l’UE a adopté un nouveau règlement relatif à la production biologique et à l’étiquetage des produits. Entré en vigueur le 1er janvier 2022, il renforce également la réglementation existante quant à l’importation de produits en provenance de l’étranger. Avant lui, les produits bio en provenance de certains pays pouvaient être importés s’ils respectaient le cahier des charges imposé par l’Union européenne. Ils devaient alors être munis d’un certificat d’inspection électronique qui était délivré par des organismes indépendants. Deux types pouvaient être délivrés : le premier à destination des pays dont les normes étaient jugées équivalents à celles de l’Union - tels que le Chili ou la Tunisie par exemple -, le second pour les autres, dont les produits étaient ainsi contrôlés par des organismes indépendants nommés par la Commission. 

Mais cette réglementation donnait lieu à certaines irrégularités, les organismes de contrôle ayant tendance à baisser leurs standards afin de laisser davantage de produits passer la frontière - et donc, renflouer les caisses. La nouvelle réglementation vise à combler cette faille. Les produits bio exportés depuis des pays tiers, sans accord d’équivalence avec l’UE, devront désormais respecter le même cahier des charges que les produits européens, non plus celui du pays exportateur.  Autrement dit, si l’on trouve sur nos étals une bananes produites dans un pays sans accord avec l’Europe, leur production aura respecté le même cahier des charges que celui imposé à une banane européenne.

Des labels en gage de qualité

Enfin, si la réglementation européenne fixe les normes de production en agriculture biologique pour l’ensemble des Etats membres, la France dispose en outre de cahiers des charges annexes. Ceux-ci concernent certains produits non pris en charge par ledit règlement. L’un, adopté en décembre 2021, aborde le mode de production des animaux d’élevage, tels que les escargots, lamas, alpagas, autruches... L’autre, adopté en 2019, traite de la restauration collective. Lorsque les établissements sont labellisés bio, le pourcentage de produits issus de l’agriculture biologique est mentionné dans leur menu.  

Depuis 2010, le label Eurofeuille est obligatoire sur les produits à 100 % issus de l’agriculture biologique, ou, pour les produits dits transformés contenant au moins 95 % d’aliments issus de l’agriculture biologique et dont la part restante ne peut être cultivée en bio. Ce logo, valable dans tous les Etats européens, atteste donc du respect du cahier des charges de l'UE. Quant au label Agriculture biologique - "AB" -, il reste facultatif depuis l’entrée en vigueur du label européen. Mais, globalement bien identifié par les Français, il est souvent apposé à côté de l’Eurofeuille. 

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