Après avoir séduit l'Amérique du Nord et l'Asie, le doggy bag arrive en France. Depuis le 1er juillet 2021, les restaurants doivent proposer ces contenants lorsque leurs clients en font la demande. Cette mesure a été adoptée dans le cadre de la loi Egalim de 2018, qui visait notamment à lutter contre le gaspillage alimentaire dans la restauration collective, publique comme privée.
Du côté des professionnels de la restauration, l'arrivée du doggy bag a été bien accueillie, même si elle avait été anticipée avant son obligation. "Les restaurateurs avaient déjà adapté leur cuisine durant les confinements avec les click and collect", assure Jean Terlon, vice-Président de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (UMIH). "C'est globalement positif. Les quantités, tout comme les recettes, ont été adaptées pour être réchauffées par les clients", poursuit-il.
Une prise de conscience chez les restaurateurs
Ce professionnel salue également l'obligation de proposer les restes de plats dans des emballages recyclables, ce qui permet aux restaurateurs d'entrer dans "un monde de l'emballage vertueux". L'interdiction récente des emballages en polystyrène pour les kebabs s'inscrit dans cette même dynamique.
Si l'obligation du doggy bag dans les restaurants est considérée comme "dans l'air du temps", les restaurateurs estiment toutefois que la lutte contre le gaspillage alimentaire doit être prise en compte bien en amont. "Nous devons penser à ça lors des achats et de la cuisine", précise Jean Terlon, avant d'ajouter : "Nous avons été trop habitués à tout consommer immédiatement et à jeter. Le cuisinier doit avoir le réflexe de cuisiner tous les aliments, comme par exemple les épluchures de fruits et légumes. Plusieurs restaurants ont notamment pensé à réduire leurs cartes, pour diminuer le gaspillage et respecter la saisonnalité des aliments."
10 millions de tonnes de nourriture gaspillées chaque année en France
Les consommateurs pourront aussi mettre la main à la patte. Avec cette nouvelle mesure, ils sont notamment autorisés à apporter leurs propres contenants réutilisables pour ramener leurs restes de repas.
Alors que l'alimentation compose un quart de l'empreinte carbone des Français, le sujet du gaspillage représente un enjeu écologique majeur. Selon une étude de l’ADEME en 2016, les Français jettent 10 millions de tonnes de nourriture, pour une valeur théorique estimée à 16 milliards d’euros. Cette étude montre également que le gaspillage alimentaire dans la restauration collective et commerciale est quatre fois plus important que celui dans les foyers des Français, avec 130 grammes de nourriture jetés par convive et par repas, contre 32 grammes par personne dans un ménage.
Statistiquement, le gaspillage alimentaire en restauration commerciale représente 42 % de la consommation finale gaspillée, alors qu’elle ne constitue que 15 % des repas. En matière d’empreinte carbone, ces pertes et gaspillages sont évalués à 15,3 millions de tonnes équivalent CO2, soit 3 % de l’ensemble des émissions de l’activité nationale, ou encore cinq fois les émissions liées au trafic aérien intérieur.
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