Le CCUS permet de capturer le CO2 directement à la sortie des cheminées d'usine pour pouvoir le stocker par la suite dans des cavités géologiques terrestres ou sous-marines.
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Comment le CO2 peut-il être stocké dans les fonds marins ?

Les députés français viennent d’approuver un projet de loi visant à autoriser la captation de CO2 et son stockage dans les fonds marins, à l’étranger. Mais comment cela fonctionne-t-il concrètement ? Décryptage. 

"Une nouvelle fuite en avant technologique." C’est avec ces mots que la députée LFI Nathalie Oziol a décrit l’adoption du projet de loi permettant l’envoi de carbone émis en France à l’étranger pour l’enfouir dans les fonds marins. 

Cette technique, appelée CCUS, pour "Carbon Capture, Utilisation and Storage" fait partie des solutions de décarbonation déployées en France dans le but d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. 

Pour le GIEC, cette technique fait "partie intégrante" des modèles de neutralité carbone permettant de lutter contre le réchauffement climatique, à condition qu’elle ne soit utilisée que dans des cas spécifiques. Ainsi, elle ne doit pas servir à se détourner des objectifs de réduction des émissions de CO2 mais bien d’empêcher que des gaz à effet de serre qui doivent être émis ne participent au dérèglement du climat. 

Dans le cas de la France, le ministère de l’Économie s'est engagé en juillet à utiliser le CCUS pour capturer le CO2 "au niveau des hubs industriels portuaires" du Havre, de Dunkerque, de Saint-Nazaire et de l’axe de la vallée du Rhône. Il espère pouvoir capter 4 à 8 millions de tonnes de CO2 chaque année d’ici 2030, dans des sites industriels qui émettent forcément du carbone et qui ne peuvent pas être fermés. 

Stockés dans d'anciens gisements

Mais comment être sûr que le carbone récupéré est bien celui de l’industrie ? En vérité, le CO2 peut être capturé directement à sa sortie des cheminées d’usines grâce à des produits chimiques, les amines, qui captent le CO2 présent dans les fumées. Il peut ensuite être transporté, soit sous forme de gaz par gazoduc, soit sous forme liquide par camion ou bateau. 

Le carbone est ensuite directement injecté dans le lieu de stockage, une cavité imperméable située en sous-sol à au moins 800 mètres de profondeur. Il s’agit la plupart du temps d’anciens gisements de pétrole ou de gaz, ou encore d’espaces creusés dans des roches poreuses. Ces lieux de stockage peuvent se trouver sur terre ou en mer. 

Le CCUS permet également de réutiliser dans l’industrie le CO2 capturé, plutôt que de le stocker. Dans ce cas, le carbone finira bien par être émis dans l’atmosphère. 

Le CCUS permet de stocker le carbone dans le sous-sol ou de le réutiliser dans l'industrie.
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450 projets en cours

Le Global CCS Institute estime qu’en 2024, 43 installations de captage du carbone étaient opérationnelles dans le monde, dont un tiers aux États-Unis. À cela s’ajoutent 450 projets en cours de développement, dont les initiatives françaises. 

La France ne possède toutefois pas d’espaces de stockage sur son sol ou dans ses eaux territoriales. Elle doit donc s’assurer que le CO2 capturé dans l’industrie pourra être stocké à l’étranger.

Cette pratique était pourtant interdite jusqu’alors par le Protocole de Londres, adopté en 1996 et entré en vigueur en 2006. Traité international sur la prévention de la pollution, il interdit l’exportation de déchets voués à être éliminés en mer. L’adoption du projet de loi cette semaine permet à la France de ratifier un amendement à ce texte et d’outrepasser cette interdiction. 

La France ne fait toutefois pas exception. Au niveau européen, le règlement Net-Zero Industry Act (NZIA) "fera du CCUS une option stratégique clé pour l’atteinte de la neutralité carbone à horizon 2050, au même titre que l’hydrogène, les énergies renouvelables électriques et le nucléaire", explique le ministère de l’Economie. Son objectif est de parvenir à stocker 50 millions de tonnes de CO2 émis dans l’UE chaque année grâce à cette technique d’ici 2030.