Cette baisse s'expliquerait surtout par la mauvaise conjoncture des industries les plus émettrices.
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Economie

Émissions de CO2 : la baisse en 2025 sera plus liée à la crise qu'à la décarbonation, selon l'Insee

Non seulement la baisse des émissions de gaz à effet de serre a fortement ralenti en France, mais celle attendue en 2025 sera "essentiellement" liée au recul de la production industrielle plutôt qu'à la décarbonation de l'économie, indiquent mercredi des prévisions de l'Insee.

Selon l'Institut national de la statistique, les émissions en 2025 pourraient baisser "d'environ 1 %", soit loin du rythme de - 5 % par an nécessaire pour que la France tienne ses objectifs climatiques.

De plus, "cette baisse s'expliquerait essentiellement par la conjoncture dégradée des industries émettrices (chimie, métallurgie, fabrication de ciment, etc.)", les plus gourmandes en énergie, écrit l'Insee.

"Le climat des affaires dans ces branches d'activité demeure très dégradé (...) notamment parce que les industries énergo-intensives européennes continuent de pâtir d'un prix relatif de l'énergie toujours défavorable", explique l'institut, qui a par ailleurs annoncé une prévision de croissance ralentie en 2025 à 0,6 %.

Dans le même temps, le secteur de l'énergie "ne pourrait plus contribuer à la baisse des émissions", car "la production fossile d'électricité, déjà fortement en recul sur les deux dernières années (- 40 % en 2023 puis - 46 % en 2024)" grâce aux relances des réacteurs nucléaires et l'expansion des renouvelables, "se stabiliserait à un plus bas historique".

Des émissions liées à l'activité économique

Les émissions des transports "marqueraient le pas en 2025", entre l'augmentation de celles produites par l'aérien et le recul du reste du secteur, en particulier les marchandises, "dans le sillage d'une activité morose".

Pour les ménages, "la tendance à la baisse de la consommation de carburant serait temporairement contrecarrée par la stimulation liée à la baisse des prix" à la pompe en avril et en mai.

"Même si une nette tendance au découplage (c'est-à-dire une baisse des émissions à niveau d'activité économique donné) apparaît en France et dans l'ensemble des économies avancées depuis 20 ans, les variations des émissions demeurent pour partie liées aux fluctuations économiques", rappelle l'Insee.

Selon l'Insee, la pollution carbone de la France a représenté en 2024 "environ 400 millions de tonne en équivalent CO2 (MtCO2e), en diminution de 0,9 % par rapport à 2023".

C'est plus que l'estimation de 366 MtCO2e faite par le Citepa, l'organisme chargé du bilan carbone officiel de la France. Ce dernier ne prend toutefois en compte que les émissions territoriales alors que la méthode de l'Insee comptabilise les émissions internationales, importantes, des compagnies aériennes et maritimes françaises.

Avec AFP.