Et... action ! Ce n’est pas nouveau, le cinéma fait rêver. Mais l’impact de cette industrie sur l’environnement n’est pas neutre : selon l’association Ecoprod, un an de production cinématographique pollue autant que 700 000 vols Paris-New York. Avec le secteur de l'audiovisuel, cela représente 1,7 millions de tonnes de CO2 émises chaque année en France. Sans compter les nombreux déchets.
Face à ce constat, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) a élaboré en 2021 le Plan Action ! pour accompagner la filière dans sa transition. Mais si les sociétés de production doivent désormais fournir leur bilan carbone et que de nouveaux métiers, comme celui d’éco-référent, se développent, il existe encore trop peu de solutions concrètes.
C’est là que Maud Charquet entre en scène. Après plus de 20 ans dans l’audiovisuel et le cinéma – d’abord comme scripte, puis en tant qu’administratrice de production – elle a été l’une des premières techniciennes à se former à l’éco-responsabilité des tournages. En 2024, elle se lance dans l’aventure entrepreneuriale avec Clap de Vie.
"J’ai eu l’idée de créer une structure pour apporter une solution concrète aux équipes de tournage. J’étais particulièrement attirée par le département déco, alors je me suis plongée dans ce milieu en rencontrant des techniciens et des éco-référents pour mieux cerner les besoins", explique-t-elle. "C’est ainsi qu’est née Clap de Vie, une société spécialisée dans la revalorisation et la revente d’accessoires de décoration et de petit mobilier issus de tournages".
"Un supplément d’âme"
Petits fauteuils, lampes, chandeliers, mais aussi vêtements et accessoires, Maud dispose d’un stock éclectique qu’elle chine directement auprès des sociétés de production. "L’idée initiale était de répondre aux besoins urgents des productions : lorsqu’un tournage s’arrête, l’équipe ne dispose que de 48h pour libérer le stock, il faut donc trouver une solution rapide. Jusqu’ici, des structures comme Emmaüs ou Neptune pouvaient être sollicitées, mais désormais elles commencent à trier et refuser certains objets par manque de place. C’est là que j’interviens !".
Et le public est au rendez-vous. La cheffe d’entreprise a organisé plusieurs ventes éphémères en région parisienne qui ont confirmé l’intérêt des particuliers pour sa démarche. Mais le concept en est encore à ses balbutiements, comparé à ce qui est proposé depuis de nombreuses années outre-Atlantique. "Aux États-Unis, les objets issus de tournages peuvent atteindre des prix fous, les gens peuvent s’arracher un simple verre à 2000 dollars".
"Mais ce n’est pas mon objectif", poursuit-elle. "Moi, ce que je veux, c’est proposer de la seconde main originale, qui peut servir au quotidien et qui a un supplément d’âme. Imaginez servir vos invités avec des assiettes vues dans Stranger Things : c’est ce petit clin d’œil que j’ai envie d’offrir".
Pour aller plus loin : "Ecologie : gagner plus, dépenser moins"
Pour le moment, Maud gère seule son entreprise et elle sélectionne ses objets au coup de cœur. "J’ai vite appris à limiter les pièces volumineuses : avoir quatre canapés dans un salon, c’est vite ingérable", plaisante-t-elle. Son rêve : pouvoir se développer suffisamment pour louer un local polyvalent, sur le modèle associatif, qui serve à la fois d’espace de stockage et de travail, mais aussi de showroom pour, dans l’idéal, permettre au public de venir y chiner "trois ou quatre fois par mois".
Si la plupart des objets qu’elle vend proviennent de tournages tout juste terminés, Maud a néanmoins eu l’occasion d’acquérir des pièces emblématiques, notamment lors de ventes aux enchères américaines. "J’ai par exemple le maillot de Drew Barrymore dans Charlie’s Angels et la montre de poche de Jamie Foxx dans Django Unchained", détaille-t-elle. Mais aussi une photo dédicacée de Shelley Duvall, l’actrice principale du film Shining, décédée l’année dernière.
En revanche, le mythique canapé de la série Friends ne fait pas partie de sa collection, "même si tout le monde me le demande", s’amuse-t-elle.