Le collectif Naturalistes des terres soutient les luttes en faveur de la biodiversité, en leur apportant l'expertise de ces observateurs du vivant.
©Petr Student/Shutterstock
Société

Protection de la biodiversité : les naturalistes s'engagent pour le vivant

Se sentant impuissants face aux atteintes à la biodiversité, les naturalistes se regroupent dans un collectif, Naturalistes des terres, et se veulent de tous les mouvements de lutte en faveur du vivant.

"Nous sommes les témoins directs du silence qui progresse". C'est de cette façon que le collectif Naturalistes des terres explique sa raison d'être dans une tribune publiée dans la revue Terrestres le 9 février dernier. Amateurs comme professionnels y expriment leur frustration, témoins "au premier rang du triste spectacle" de l’appauvrissement de la biodiversité. Ils se regroupent alors pour participer aux luttes et aux initiatives de protection du vivant.

De l'éco-anxiété à la lutte

Les naturalistes sont des spécialistes des milieux naturels. Ils observent et inventorient les espèces, permettant de tirer la sonnette d’alarme sur les espèces en voie de disparition. Ils ont aussi pour mission de valoriser la biodiversité, en organisant des balades dans le bocage local, ou sensibiliser à la nécessaire protection de la faune et de la flore.

Des missions qui passionnent de plus en plus de Français en mal de grand air. Selon le Collectif national sciences participatives-biodiversité, plus de 121 000 amateurs ont participé à des programmes d’observation scientifique de la biodiversité en 2021. Les professionnels exercent quant à eux dans les musées d’histoire naturelle, les associations de défense de l’environnement, les cabinets d’expertise, ou à travers des documentaires.

Des postes qui ne permettent pas toujours de protéger efficacement la biodiversité. "Doucement, nous sombrons dans une forme d’éco-anxiété, de cynisme ou de désaffection. Nous alimentons notre propre angoisse par nos observations et par nos suivis. Sans parler de la détresse qui gagne certains et certaines de ceux qui se retrouvent à travailler en bureau d’étude et qui doivent, parfois malgré elles et eux, défendre des projets destructeurs", écrivent-t-ils dans leur tribune. Cette éco-anxiété, le collectif Naturalistes des terres compte bien la transformer en moyen d’action et de lutte.

"Opération de renaturation"

L’idée n’est pas nouvelle. En 2012, dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le collectif Naturalistes en lutte dépose un recours d'annulation du projet d'aéroport pour protéger le bocage nantais, y ayant détecté la présence de tritons crêtés, une espèce endémique, et non inventoriée par les offices gouvernementaux.

Un précédent qui inspire les Naturalistes des terres. Ils proposent "d’apporter un savoir naturaliste auprès de luttes locales qui en ont besoin, à des fins de contre-expertise, d’appropriation des enjeux écologiques du site pour les habitants et habitantes, de transmission de savoirs". Leur premier fait d’armes, la constitution d’un réseau cartographique des naturalistes engagés, qui compte actuellement 760 inscrits.

Le visage couvert par des masques d’animaux, le collectif a fait parler de lui le 12 avril. Non loin de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, plusieurs naturalistes ont revendiqué le rebouchage d’une canalisation, qui drainait l’eau d’une tourbière vers des champs de maïs. "Une opération de renaturation" selon eux. Ils seront également présents lors des protestations contre le projet d’autoroute Toulouse-Castres la semaine suivante. Début mai, le collectif coorganise avec Les Soulèvements de la terre et les mouvements locaux le festival "bâton dans les routes", contre le projet d’autoroute à l’est de Rouen. Les naturalistes, d’habitude observateurs, s’affirment désormais comme des acteurs au premier plan des combats pour la biodiversité.

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