Carl Von Linné est mort il y a 240 ans
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Humeur

Un naturaliste majeur tombe dans l’oubli

La mémoire est cruelle. Pas une ligne, cette semaine, dans la presse sur le bon Carl Von Linné qui nous quittait, il y a tout juste 240 ans. Bon, je conviens que cet honorable suédois a surtout laissé trace dans les étagères poussiéreuses des Muséums d'Histoire Naturelle mais, en son temps, il révolutionna le classement des espèces animales et végétales.

Un apport majeur

C'est à lui que l’on doit la dénomination d'une grande partie du vivant, inspiré par l'état civil des humains. Ainsi, en lieu et place du nom et prénom, il indique un genre. Par exemple, canis pour les canidés (chiens, loups, coyotes...) puis précise avec l'espèce, « lupus » pour loup, « latrens » pour coyote, etc... A l'époque, Linné avait choisi le latin en considérant qu'il s’apparentait au langage universel. Cela reste vrai aujourd'hui.

Notre homme eut d'autant plus de mérite, pour initier sa classification, qu'il commença par les plantes, en analysant leur sexualité en fonction de la structure du pistil. Or, il fut contraint de dissimuler ses travaux face à la pudibonderie luthérienne de Sarah, sa femme. On imagine l'ambiance à la maison..

Une nature figée

Si admirable soit la démarche initiée par Linné, ce grand naturaliste n'avait pas préssenti la découverte de Darwin, un siècle plus tard. A ses yeux, la nature était figée, les êtres étaient créés pour l'éternité et l'idée d'une évolution n'effleurait guère son cerveau.

De même, voyant les hirondelles disparaître en automne, du côté des zones humides, il était convaincu qu'elles y passaient l'hiver, en boule au fond des étangs. Un voyage migratoire jusqu'en Afrique lui semblait inconcevable.

On pardonnera à ce laborieux naturaliste qui, grâce au sexe des fleurs et aux cachotteries à sa femme, inventa une nomenclature toujours en usage aujourd’hui.