Le 15 mars 2019, à Paris, marche de la jeunesse pour le climat dans le cadre de la mobilisation mondiale "Fridays For Future".
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Pourquoi et comment redonner confiance à la jeunesse ?

Publiée en mai dernier et réalisée par le think tank la Fabrique Spinoza, l’étude "(Re)donner et faire confiance à la jeunesse" se penche sur la génération Z (15-24 ans) afin de mieux comprendre ses inquiétudes et ses aspirations, mais aussi esquisser des pistes pour lui redonner confiance. Interview avec Florence Clément, responsable de la mobilisation grand public et jeunes à l’ADEME, l’un des nombreux partenaires de cette riche étude scientifique. 

C’est un portrait tout en nuances de la jeunesse d’aujourd’hui que brosse la Fabrique Spinoza dans sa dernière étude, intitulée "(Re)donner et faire confiance à la jeunesse", et publiée en mai dernier. S’appuyant sur des entretiens qualitatifs ainsi que des interviews d’experts, cette vaste enquête dépeint les questionnements, les craintes et les attentes des 15-24 ans, ceux que l’on qualifie de "génération Z". De quoi faire voler en éclat certains préjugés mais aussi inviter à poser un nouveau regard sur cette "jeunesse plurielle". Bien plus qu’une simple analyse, cette foisonnante étude livre également de nombreuses propositions concrètes afin de "restaurer la confiance des jeunes et créer un environnement favorable à leur épanouissement". Zoom sur plusieurs d’entre elles avec Florence Clément, responsable de la mobilisation grand public et jeunes à l’ADEME. 

Quel est l’objectif de l’étude réalisée par la Fabrique Spinoza, et dont l’ADEME est partenaire ? 

Alors que l’on entend souvent parler de la jeunesse de manière stéréotypée, avec une inquiétude croissante pour leur avenir et avec des attentes et des façons de vivre très différentes des générations précédentes, plusieurs organisations dont l’ADEME ont soutenu La Fabrique Spinoza pour réaliser une étude approfondie sur tous les champs de la vie des jeunes. Cette étude leur donne largement la parole et permet de comprendre plus finement leurs besoins, leurs attentes, leurs inquiétudes. L’étude "(Re)donner et faire confiance à la jeunesse" révèle notamment que c’est une erreur de penser que la jeunesse est homogène. Elle est au contraire plurielle et même fractionnée avec 43 % des jeunes issus de classes "favorisées" qui se disent heureux alors qu’ils ne sont que 12-13 % pour les jeunes issus des classes populaires ou défavorisées. 

La génération Z est-elle plus inquiète par rapport à l’avenir que les précédentes ? 

Il est certain qu’un très grand nombre de jeunes parlent d’un vécu plus difficile que les générations précédentes. 86 % des jeunes ont le sentiment de faire partie d’une génération à part (ils étaient 19 % en 1957). 66 % des 18-24 ans se disent inquiets quand ils envisagent leur vie en 2050 et 31 % évoquent la fin du monde. Les jeunes semblent en effet largement en manque de confiance

C’est pour cela que nous avons tous un rôle à jouer pour leur tendre la main et leur montrer que construire un monde plus solidaire et plus écologique est possible. C’est ce que l’ADEME propose notamment sur son site mtaterre.fr qui offre plus de 120 actions écologiques adaptées aux 15-25 ans dans toutes les dimensions de leur quotidien. 

Pourquoi est-il essentiel de redonner une place au temps long dans le processus de réorientation ? 

Les jeunes cherchent avant tout à exercer un métier qui a du sens mais ils se sentent souvent perdus dans la diversité des formations et des métiers. Ils expriment un besoin d’accompagnement fort. Le site M ta Terre propose une rubrique sur l’orientation qui explique clairement la différence entre les métiers verts et verdissants et montre de nombreux témoignages de jeunes professionnels heureux de leur choix.  

C’est ce besoin de rencontre avec des professionnels qu’expriment les jeunes. Comme le montre l’étude, une rencontre ou un témoignage peuvent être déterminant dans le choix de l’orientation." 

Il est difficile de savoir dès le collège quel métier permettra de s’épanouir. Les jeunes ont besoin de temps pour mieux se connaître et de temps pour découvrir le monde qui les entourne. Là encore, c’est notre rôle à tous de les accompagner et, par exemple, d’accepter un moment de dialogue avec un jeune qui a besoin d’en savoir plus sur notre métier.  

Quel rapport la GenZ entretient-elle aujourd’hui avec le monde du travail ? 

Les jeunes restent très impliqués. Ils ont cependant des attentes plus nettes sur la qualité de vie au travail, le rapport avec leur manager et le besoin de sens. 42 % placent l’intérêt du travail avant le salaire. 89 % estiment que "réussir sa vie" passe par la possibilité d’exercer un métier passion. 82 % des 18-30 ans considèrent l’utilité comme un critère déterminant. 

La jeunesse se dit sensible aux enjeux écologiques mais peinent toutefois à s’engager sur le terrain. Comment lui donner envie d’agir ? 

Les jeunes sont en effet majoritairement conscients de l’urgence climatique, de la perte de biodiversité et de l’épuisement des ressources. Ils ont cependant, comme les générations précédentes, des difficultés à modifier profondément leur mode de vie. Là encore, il est difficile de considérer les jeunes comme une tranche d’âge aux comportements homogènes. Certains jeunes sont très impliqués et participent concrètement à des actions. Certains s’engagent par exemple dans une mission de service civique utile à toute la société. D’autres donnent leur énergie et leur temps pour des actions de bénévolat.  

Une grande proportion croit aux possibilités de bâtir un avenir plus désirable. 62 % des 13-23 ans estiment avoir le potentiel d’impacter le monde. Cependant, ils expriment un besoin de mieux comprendre l’intérêt de leurs actions. "

Rappelons que ce n’est pas à la jeunesse de porter seule la responsabilité de bâtir un nouveau monde. Nous pouvons tous être à leurs côtés ! 

En partenariat avec l’ADEME.