Entre défiance envers les réseaux sociaux et attachement aux médias traditionnels, les 15-20 ans portent un regard attentif sur le paysage médiatique.
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Société

Pour 77 % des jeunes, la lutte contre la désinformation passe d’abord par l’école

Entre défiance envers les réseaux sociaux et attachement aux médias traditionnels, les 15-20 ans portent un regard attentif sur le paysage médiatique. Un nouveau baromètre publié par L’Étudiant révèle une génération consciente des dérives de l’information, mais soucieuse d’en préserver la fiabilité. On fait le point.

Alors que la confiance dans l’information n’a jamais été autant remise en question, les jeunes apparaissent à la fois connectés et lucides face aux médias. À l’occasion de son Salon du journalisme, du marketing et de la communication, organisé le 8 novembre, le groupe L’Étudiant a dévoilé un baromètre sur la perception des métiers de l’information par les 15-20 ans.

Réalisée en ligne du 17 au 24 octobre 2025 auprès de 731 jeunes issus d’un panel représentatif, l’enquête offre un regard éclairant sur la manière dont cette génération s’informe et perçoit celles et ceux qui fabriquent l’information.

Des pratiques d’information en mutation

Premier enseignement : les habitudes d’information des jeunes évoluent rapidement. Près de la moitié des 15-19 ans déclarent s’informer via les réseaux sociaux, devenus un réflexe quotidien pour cette génération. Pourtant, cette source reste loin de faire l’unanimité : seuls 8 % des répondants la considèrent comme fiable. À l’inverse, 83 % affirment faire confiance aux médias traditionnels, jugés plus rigoureux et transparents.

Cette confiance repose sur des critères bien précis : la vérification des faits (77 %) et la transparence des sources (69 %) apparaissent comme les deux piliers de la crédibilité journalistique.

Un métier jugé utile mais en perte d’influence

Si 85 % des jeunes interrogés estiment que le journalisme joue un rôle d’utilité sociale, notamment en sensibilisant et en informant, beaucoup regrettent le manque de reconnaissance accordé à cette profession. "Le journalisme est utile, mais peu valorisé", déplorent 23 % des sondés.

Par ailleurs, 32 % des jeunes considèrent que le journaliste reste indispensable pour structurer l’information. Mais la moitié d’entre eux (58 %) souligne aussi la perte d’influence du métier, concurrencé par la vitesse de diffusion des contenus et la montée en puissance des plateformes numériques.

Réseaux sociaux et IA : la désinformation en ligne de mire

Autre point marquant du baromètre : la désinformation est devenue une préoccupation centrale. 75 % des jeunes identifient les réseaux sociaux comme le principal vecteur de fake news, loin devant les créateurs de contenu (67 %) et les plateformes d’intelligence artificielle (59 %).

L’usage croissant de l’IA dans la production d’information nourrit d’ailleurs une forte inquiétude. 75 % redoutent la propagation accrue de fausses nouvelles, 68 % craignent la déshumanisation du métier, 67 % pointent une perte de sens critique, 60 % évoquent le risque de disparition d’emplois, et 38 % s’alarment d’une uniformisation des contenus.

Ce baromètre révèle une jeunesse qui ne se contente pas de consommer l’information : elle l’interroge, la hiérarchise et en redéfinit les contours.

Une jeunesse en quête de solutions collectives

Pour autant, les jeunes ne se résignent pas à ce constat. Face à ces dérives, ils appellent à une mobilisation collective autour de la fiabilité de l’information. 77 % plébiscitent la sensibilisation à l’école, estimant que l’éducation aux médias doit être au cœur de la réponse. Dans le même temps, 63 % demandent une responsabilisation accrue des médias et des plateformes, et 51 % souhaitent des sanctions renforcées contre la désinformation. 

Pour Ariane Despierres-Féry, Directrice de la rédaction chez l’Etudiant : "ce baromètre révèle une jeunesse qui ne se contente pas de consommer l’information : elle l’interroge, la hiérarchise et en redéfinit les contours. Le journalisme reste une boussole, mais il doit se réinventer face aux nouveaux usages."