Devant les volontaires, qui discutent avec les bénéficiaires de la Coupe du monde et de l'arrivée du froid dans la région, 90 sacs de nourriture préparés pour la maraude du dimanche, contre 70 il y a encore quelques temps.
Ils sont remplis de chips, compotes et boîtes de conserve. Mais ces dernières manquent. "Même les Banques alimentaires sont en rupture", explique Cécilia Fonseca, présidente de l'association qui doit désormais en acheter chaque semaine.
Les Banques alimentaires ont enregistré cette année une baisse de 10% lors de leur collecte nationale. En mai, l'institut Ipsos avait relevé une diminution de 30% des dons aux associations en 2021. Un chiffre expliqué par une générosité accrue en 2020, sur fond de crise sanitaire, mais aussi par les inquiétudes actuelles liées au pouvoir d'achat.
"Les gens ont peur, ils font plus attention pour eux-mêmes", estime Cécilia Fonseca, qui évoque aussi l'aide apportée aux "pompiers avec les incendies et à l'Ukraine" dans le département.
Grève
Ce dimanche soir, il y a suffisamment de nourriture pour l'ensemble des bénéficiaires.
Une grande majorité sont des hommes, de tous âges, qui vivent "dans la rue, dans des squats mais aussi des gens qui ont une habitation mais vivent dans la précarité", relève Nawal Fellah, bénévole de 48 ans, en poussant une carriole de boissons chaudes.
Certains viennent lui demander un café après avoir récupéré une couverture pour la nuit, à l'image de Benjamin, 23 ans. Le jeune homme, qui tient "un calepin avec toutes les maraudes" de Bordeaux, vit dans "un petit camp" depuis six mois en attendant d'obtenir, peut-être, des aides.
En octobre, le manque criant d'hébergements d'urgence, parmi d'autres griefs, a déclenché une grève des Gratuits et de quatre autres organisations bordelaises pendant quinze jours. Dix maires de grandes villes, dont Pierre Hurmic à Bordeaux, avaient également dénoncé la suppression de 14 000 places en 2023, avant que l'État n'y renonce.
Mi-décembre, la métropole bordelaise et quelques autres villes girondines comptaient 1 748 places, occupées à plus de 98%. Interrogée par l'AFP, la préfecture a annoncé l'ouverture de 73 places depuis le 1er novembre, 43 supplémentaires à la mi-décembre et 50 d'ici la fin d'année.
Nouveaux profils
Présent quelques jours plus tard lors d'une autre distribution alimentaire, Gary, 38 ans, explique avoir "beaucoup appelé le 115", numéro d'urgence sociale, sans succès. Il a finalement bénéficié d'un studio via le Diaconat de Bordeaux, une structure protestante d'entraide.
Cette solution intéresse Gabriel, à ses côtés. Après avoir dû quitter son travail dans une grande entreprise bordelaise pendant la crise sanitaire, il a laissé son appartement afin de dormir dans sa voiture.
"Je fais en sorte d'être toujours impeccable sur moi, pour ne pas sombrer", explique le quadragénaire qui envoie des CV depuis une bibliothèque et se douche dans les salles de sport en attendant de retrouver un travail et un logement.
Il a tapé "aides pour SDF" sur internet pour trouver une solution et déposé un dossier au Centre communal d'action sociale mais "ça s'est arrêté là, il y a trop de monde", constate-t-il. Depuis, il continue de venir auprès de l'association qui confirme voir arriver de nouveaux profils comme le sien, ou des réfugiés ukrainiens.
Et Cécilia Fonseca craint que la crise ne pousse de plus en plus de gens à la rue.
Après la grève, les Gratuits ont décidé de boycotter la deuxième édition bordelaise de la "Nuit de la solidarité", organisée par la municipalité le 26 janvier, pour protester contre le manque de moyens alloués aux associations.
Avec AFP.
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