Auxiliaires de vie ou aides à domicile, indispensables pour combattre la crise, sont en quête de reconnaissance.
©Nicolas Guyonnet/Hans Lucas/AFP
Social

Auxiliaires de vie, aides à domiciles : les "invisibles" qui luttent contre la pandémie

"Oubliées", "invisibles" et pourtant maillon essentiel de la "première ligne" face au coronavirus, les auxiliaires de vie attendent que cette crise sanitaire débouche sur une reconnaissance sociale et financière.

"Je suis celle qu'on oublie, et aujourd'hui encore plus. (...) Parce que oui, je suis tellement oubliée que mon salaire l'est aussi", s'est alarmée Alexandra Caratini, une aide à domicile dont le témoignage poignant a été publié le 1er avril sur le blog de Médiapart.

Elles sont aides à domicile ou auxiliaires de vie et accompagnent les personnes âgées en perte d'autonomie dans leur quotidien. Sur 226 500 salariés, 97 % sont des femmes, beaucoup à temps partiel, pour un salaire médian de 960 euros. "Dans cette crise sanitaire sans précédent, ces personnels ont été considérés comme les derniers de cordée du parcours de soin" et "cette situation nous oblige à un devoir de reconnaissance", écrivaient samedi des élus socialistes dans une tribune au jdd.fr dénonçant le rejet d'un amendement qui prévoyait une prime de 1000 euros par auxiliaire de vie, versée par l'Etat sur le modèle de celle prévue pour les soignants dans le budget de crise adopté le 23 avril.

Lors de la discussion de cette loi de finances rectificative, le rapporteur général du budget Laurent Saint-Martin (LREM) avait expliqué que la "prime Macron" versée par l'employeur et exonérée de charges et d'impôts était "bel et bien applicable" aux auxiliaires de vie.

"Ehpad à domicile"

"C'est mal connaître la réalité du terrain" où les structures d'aide à domicile, souvent associatives, "n'en ont pas les moyens budgétaires", ont répliqué les élus PS dans leur tribune. "C'est bien l'Etat qui doit abonder cette prime sur un périmètre identique à celui des personnels des hôpitaux publics", insiste auprès de l'AFP Thierry d'Aboville, secrétaire général de l'ADMR, premier réseau associatif de services à la personne en France.

L'ADMR fait partie du GR31, un réseau de 31 associations du secteur pour qui "le sujet de la prime ne doit pas masquer celui, majeur, de la revalorisation des métiers et de l'amélioration des conditions de travail", selon un communiqué diffusé jeudi. Estelle Pin, de la CGT organismes sociaux, pointe la "grave sinistralité" d'un "métier de service public". "Nos aides à domicile sont les invisibles de la société qui reconnaît le cure (le soin en anglais) et pas le care (l'accompagnement)", explique Frédéric Brun, président de l'association Entr'aide à domicile, qui emploie 25 salariés intervenant auprès de 190 personnes âgées, principalement dans le XVe arrondissement de Paris. Depuis le début de l'épidémie, l'association a réduit les prestations non essentielles comme le repassage ou l'entretien du logement. "Chaque salarié travaille actuellement 50 heures par semaine, visite quatre à cinq personnes par jour pour l'aide à la toilette, les repas, le ménage, les courses, le lever, le coucher. On est un Ehpad à domicile", résume M. Brun qui regrette qu'"aujourd'hui, les applaudissements (soient) réservés aux soignants".

"Chair à canon"

Au début de la pandémie, de la "guerre" contre le virus déclarée par le président Emmanuel Macron, Laetitia Maure a eu "le sentiment d'être de la chair à canon". Cette auxiliaire de vie avec 23 ans d'expérience, qui exerce dans les Pyrénées-Orientales, confie que "les quinze premiers jours, ça a été le système D. Nos directions ont dû traverser la frontière pour aller s'approvisionner en masques en Espagne". La situation s'est arrangée ensuite : les pouvoirs publics se sont "aperçus qu'on existait et qu'on était indispensable pour maintenir les gens à domicile". Mais "pour 900 euros nets par mois, on n'a pas envie de risquer sa vie. Au sortir de la pandémie, s'ils ne revalorisent pas les salaires, ils se tireront une balle dans le pied", prévient Mme Maure qui confie avoir pensé à une reconversion.

Avec AFP.

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