Entre 2019 et 2023, les sinistres dus à des catastrophes naturelles ont couté entre 4 et 4,5 milliards d’euros, rapporte le Haut-Commissariat à la stratégie et au plan (HCSP). Conséquences directes du réchauffement climatique, ces événements sont amenés à devenir de plus en plus fréquents et intenses au fil du temps.
Parmi les solutions d’adaptation qu’il propose, le HCSP suggère la création d’une "Sécurité sociale climatique". L'idée serait d’offrir à la population un tout nouveau service public qui s’adapterait à ses besoins spécifiques, sur le modèle de la Sécurité sociale.
"Un grand service public du XXIe siècle"
Le think tank Terra Nova, dont le but est de produire et diffuser des solutions à des problématiques politiques et sociétales, expose dans une note rédigée par Marine Braud, consultante et ancienne conseillère en écologie à l’Élysée, la direction que pourrait prendre cette nouvelle "Sécu verte".
Elle présente cette initiative comme "un grand service public du XXIe siècle", qui doit s’adapter aux enjeux de notre époque comme la Sécurité sociale, qui s’est elle-même adaptée à ceux de la société française d’après-guerre. Cette "structure publique stable, lisible, protectrice et accessible" devrait s’opposer aux "risques inédits, diffus, systémiques, appelés à s’aggraver dans les années à venir" engendrés par le changement climatique.
La Sécurité sociale climatique devrait doter chaque Français d’une sorte de "carte vitale verte", qui permettrait de rassembler en un seul lieu, dans un "grand guichet unique", l’ensemble de leurs informations personnelles utiles lors de démarches liées à l’adaptation au réchauffement climatique.
L’objectif est de limiter les longues démarches administratives nécessaires aujourd'hui pour être indemnisé après un sinistre, toucher des aides à la rénovation ou au remplacement d’un véhicule ancien. La "Sécu verte" pourrait par la même occasion proposer des "diagnostics personnalisés, gratuits et hiérarchisés" afin de s’adapter à chaque cas spécifique.
Un objectif préventif
À la différence de la Sécurité sociale, "structurée autour de la réparation et de l’indemnisation", Terra Nova défend un système tourné vers la prévention. La crise écologique exige des anticipations, d’une part pour atténuer les impacts des moments de crise, comme les catastrophes météorologiques ou les vagues de chaleur, et d’autre part pour minimiser "les effets potentiellement négatifs liés aux transitions nécessaires vers une économie et des modes de vie plus durables".
En effet, la Sécurité sociale climatique est vouée à garantir une justice sociale, selon l’autrice. "Cela permettrait d’éviter que la transition écologique ne devienne un facteur supplémentaire de fracture sociale", explique-t-elle.
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Dans cette logique, la Sécu verte pourrait être financée par les modes de consommation les plus polluants, souvent à portée de main des plus riches : "cela pourra passer par une fiscalité écologique renforcée sur les produits et comportements de luxe ayant une empreinte carbone démesurée : yachts, jets privés, voitures de très grosse cylindrée, produits de consommation de luxe très carbonés".
Quant à son coût pour la société, il pourrait dans un premier temps être limité grâce au rassemblement et à la rationalisation des dispositifs déjà en place et fonctionnant chacun de leur côté. "Plutôt que de créer d’emblée une superstructure lourde, il s’agirait d’abord de mieux coordonner leurs actions, de clarifier leurs missions respectives et de favoriser leur coopération à travers des conventions d’objectifs communs, une gouvernance partagée et des outils informatiques interopérables."